L’Espagne commence à se déplastifier

Le gouvernement espagnol s'engage dans la lutte contre les déchets plastiques.

Il est déjà tard, mais pas trop, et l'Espagne réagit enfin. Foto: Boyce Dupre / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Dévoilé le 2 juin 2020 par la Ministre de la Transition Écologique Teresa Ribera (PSOE), le projet de loi sur les déchets et les sols contaminés fait figure de révolution dans un pays connu pour certaines lacunes en matière de taxes environnementales. Car c’est bien d’une taxe dont il est d’abord question, mais pas seulement, comme nous allons le voir.

La Commission Européenne, l’OCDE et le FMI (Fonds Monétaire International) poussent à la roue depuis de nombreuses années pour que l’Espagne revoie sa fiscalité environnementale et pénalise les activités polluantes. Fiscalité verte représentant 1,8% du PIB du pays, contre une moyenne européenne de 2,4%, la Grèce étant à quasiment 4%. Si le Gouvernement Sánchez pouvait entendre cela, il n’allait pas pour autant agir sans concertation préalable ; d’où l’ouverture d’une consultation publique en février.

A terme, le Ministère de la Transition Écologique prévoit une rentrée fiscale annuelle de 724 millions d’€, avec une taxe sur « la fabrication, l’importation ou l’acquisition intracommunautaire d’emballages non-réutilisables en plastique pour leur usage en Espagne ». S’élevant à 0,45€ le kilo, elle est approuvée non seulement par Greenpeace, comme le rapporte El País, mais aussi l’association espagnole des plastiques industriels (ANAIP) dont le président affirme : « Nous ne pouvons plus être contre la taxe. ». A ceci près que, fort de ses 93.000 emplois directs, ce secteur défend plus la récupération des plastiques et leur recyclage que la réduction de leur production.

Or, si pour le Gouvernement Sánchez, la collecte et le recyclage ont leur importance, la limitation de la consommation des produits en plastique fait partie intégrante du projet. Ce qui, du reste, doit moins plaire aux industriels. Aussi la fin des objets à usage unique tels que pailles et couverts en plastique est-elle programmée pour juillet 2021. Les microplastiques ajoutés à certains produits cosmétiques ou détergents vont enfin être interdits. Les bars seront tenus de mettre gracieusement à la disposition des clients de l’eau du robinet en carafes. Les administrations devront installer des fontaines accessibles autant au public qu’aux employés.

Jusqu’il y a peu grande absente des campagnes électorales en Espagne, la protection de l’environnement s’est, avec l’accentuation du réchauffement climatique, invitée dans le débat des élections de de 2019. Les partis écologistes sont assez fantomatiques dans le  paysage politique. Los Verdes, nés en 1984, ont fait partie d’une coalition lors des européennes de 2009. Créé en 2011 entre autre sous l’impulsion de Juan López de Uralde, quittant alors son poste de directeur de Greepeace-Espagne, Equo associé à Unidas Podemos de 2015 à 2019 puis Mas País, est tombé de trois à un seul député au Congrès qui compte 350 sièges.

Il s’avère ainsi, eu égard aux forces actuellement en présence sur l’échiquier politique espagnol, que la transition écologique est portée par des partis de gauche s’inscrivant dans une plus large perspective.

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