L’Espagne, leader européen du congé de paternité

Avec un congé de paternité égal au congé de maternité, l’Espagne va à l’encontre des clichés machistes dont elle est souvent affublée.

Elle n’est pas belle la vie ? Foto: Avsar Aras / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Depuis le 1er janvier 2021, à l’issue d’une réforme lancée en mars 2019, le congé de paternité est maintenant dans toute l’Espagne d’une durée de seize semaines, la Communauté Autonome du Pays Basque ayant atteint ce but depuis déjà deux ans. Femmes et hommes disposent maintenant d’un congé de la même durée pour accueillir un enfant dans leurs foyers. Applicable tant à la naissance qu’à l’adoption, ce congé garantit le versement du salaire dans son intégralité pour toute sa durée. Il n’est pas transférable, évitant ainsi aux pères de se défausser de leurs responsabilités, en offrant « généreusement » leurs seize semaines aux mères.

Pour la sociologue Constanza Tobío, s’exprimant dans « El País », la non-cessibilité de ce congé signifie clairement, que les deux parents ont le droit et l’obligation de prendre soin de leur enfant, exactement aux mêmes conditions. La volonté de transformation de la société est ainsi clairement affichée par les législateurs. Il ne s’agit pas d’offrir des semaines de congés supplémentaires aux pères, mais de les inciter à remplir pleinement leurs fonctions dans une cellule familiale où l’autorité parentale est partagée. Nous ne sommes plus au temps de la dictature franquiste et du patriarcat de droit divin, n’en déplaise aux caudillo-nostalgiques ¡Basta la caudillo-nostalgia !

Cette loi sociale innovante et ambitieuse, constitue une réforme dans le sens originel du terme. C’est-à-dire, un changement qui apporte un plus à celles et ceux qu’il vise. Nous sommes en l’espèce, aux antipodes des « réformes des retraites » subies depuis des années par les salariés français, aboutissant invariablement à l’appauvrissement du plus grand nombre d’entre eux. Les Gouvernements Sánchez I et II, n’ont visiblement pas le même rapport à la Confederación Española de Organizaciones Empresariales (CEOE), que celui entretenu avec le MEDEF (Mouvement des entreprises de France) par les derniers gouvernements français…

Avec cette excellente loi sociale, le Royaume d’Espagne se hisse non seulement au sommet des pays européens en matière de congés de paternité, mais aussi en termes d’égalité femme/homme. Alors que pour l’Union Européenne, l’objectif est d’arriver à l’horizon de l’été 2022 à un congé de paternité d’au moins dix jours, il subsistera après cette date une grande disparité. Pour l’heure, les européens vivant au Luxembourg, en Slovaquie et en Slovénie, ne peuvent prétendre à des congés de paternité. L’Espagne passant à seize semaines, elle a dépassé la Finlande, jusqu’ici leader avec neuf semaines. La Grèce, avec seulement deux jours, semble bien installée dans une vision patriarcale de la cellule familiale.

Les états-membres de l’Union Européenne ont jusqu’au 2 août 2022 pour transposer dans leurs droits nationaux, la directive européenne des dix jours minimum. Ce qui va créer le congé de paternité dans les trois pays qui en sont dépourvus, et rallonger ceux de Malte, de la Grèce, des Pays-Bas, de la Roumanie, de la Hongrie, de la République Tchèque et de l’Italie. La directive mentionne que ce congé concerne « les pères ou, le cas échéant, les personnes reconnues comme seconds parents équivalents par la législation nationale ». Elle permet aussi de le prendre de façon discontinue ce qui selon, la situation de la cellule familiale, peut être particulièrement intéressant.

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