L’Estufa Fria, îlot d’exotisme à Lisbonne

Apprécié par les Lisboètes, ce jardin botanique surplombant la ville est un incontournable.

La serre principale de l'Estufa Fria offre un dépaysement total à ses visiteurs. Foto: Vitor Oliveira / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Il est au centre de Lisbonne, un lieu particulièrement exotique où poussent des plantes de tous les continents, faisant fi des frontières et se jouant des cartes de géographie. Situé en lisière du Parque Eduardo VII, berceau du groupe « Resistência », ce jardin botanique inauguré en 1933, ouvert jusqu’ici toute l’année excepté les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre, avait pourtant fermé ses portes ce printemps, durant le premier confinement. Au grand dam de nombreux Lisboètes pour qui cet îlot de fraîcheur a un caractère quasi sacré.

Occupant 1,5 ha des 25 que constitue le Parque Eduardo VII, l’Estufa Fria réunit trois serres. L’Estufa Fria, serre dite froide de 8.100m² au climat tempéré, accueille des espèces venues des Amériques et d’Asie, dont de spectaculaires fou gères arborescentes. L’Estufa Doce, abrite dans ses 400m² des plantes grasses et cactées. Dans l’Estufa Quente, serre chaude, poussent sur 3.000m² manguiers, bananiers et caféiers. Dotée d’une pièce d’eau, la première est un refuge lors des épisodes de chaleurs que peut connaître la ville de juin à septembre, de même que l’étang se trouvant à proximité.

L’histoire de ce jardin botanique (la ville de Lisbonne en compte cinq !), est particulièrement mouvementée. Initialement une carrière de basalte rendue inexploitable par la découverte d’une source, ce site dominant la ville fut un temps délaissé. Mais la création de l’Avenida da Liberdade et, en hommage à la visite du souverain britannique de 1903, la réalisation du Parque Eduardo VII, en firent en 1912 un lieu de stockage pour les plantes destinées à ces grands projets. La survenue de la Première Guerre Mondiale mit la poursuite de ces réalisations en attente, et les plantes s’y développèrent à leur aise. C’est ainsi que ce jardin botanique, réaménagé en 1926 par l’architecte Raul Carapinha, fut ouvert au public en 1933.

Quand, dans les années 1940, l’ensemble du Parque Eduardo VII avait atteint sa forme définitive de jardin à la française, un étang s’ajouta alors devant la première serre qui fut complétée en 1975, année suivant la Révolution des Œillets, par l’Estufa Doce et l’Estufa Quente. Rénové en 2009 pour un budget initial d’un million d’Euros, ce complexe de serres a vu sa structure métallique restaurée durant neuf mois. Ces travaux étaient nécessaires car certaines parties menaçaient de s’effondrer. António (Luis Santos da) Costa (PS), actuel Premier Ministre du Portugal, était alors maire de la capitale (2007-2015), avant qu’il soit appelé aux plus hautes fonctions de l’État.

Sa réouverture sous conditions prophylactiques strictes, au décours du confinement, fut une fête pour les amoureux de cet endroit unique. Malgré la reprise de la gratuité de l’entrée le dimanche, la fréquentation a significativement baissée, les gens préférant les endroits plus aérés, dont le reste du Parque Eduardo VII. Pourtant, en regard des centres commerciaux, des transports en commun et autres lieux de rassemblements fortuits, l’Estufa Fria offre de meilleures garanties de sécurité sanitaire et certains ne s’y sont pas trompés.

Avec le reconfinement partiel qui a pris effet le 4 novembre pour 70% de la population du pays, la promenade à l’Estufa Fria fait figure d’intermède pour ceux qui y sont retournés entre le printemps et l’automne. Mais pour eux comme pour tous les autres, la visite de ce lieu exceptionnel reste aujourd’hui possible dans le silence en cliquant ICI. ou en musique en cliquant LA, ou en mode nature en cliquant ICI.

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