L’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau cherche Superman. Ou Wonderwoman.

L'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau doit embaucher du personnel. Dont un secrétaire général dont la mission sera très exigente. Foto: www.eurodistrict.eu

(KL) – Ces jours-ci, on regrette que l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau soit actuellement dépourvu d’une structure réelle. Face aux ondes de choc qui secouent nos pays, il aurait été bien si cette structure transfrontalière avait pu donner l’exemple, d’abord en s’exprimant pour les habitants de la région autour de la capitale européenne Strasbourg et ensuite, pour lancer immédiatement des projets d’intégration en faveur des communautés actuellement sous pression, comme la communauté musulmane et la communauté juive. Il ne vous reste plus que quelques jours pour soumettre votre candidature. Toutefois, les exigences sont élevées. Même très élevées.

Etre secrétaire général de cet Eurodistrict (vous nous excuserez de nous limiter à la forme masculine, sous-entendant bien sûr que ce poste convient, comme dans le passé, aussi parfaitement à une femme, mais il est fastidieux d’écrire toujours les deux formes…), ce n’est pas donné à tout le monde. D’abord, il faut être tri-lingue. Mais non seulement au niveau scolaire ou pour commander une escalope dans le pays voisin, mais à un niveau permettant de mener des négociations dans les trois langues, sans passer pour un blaireau.

Ensuite, il faut connaître le fonctionnement des administrations impliquées, donc, de l’ancienne CUS devenue «Eurométropole», de la Ville de Strasbourg, du Ortenaukreis ainsi que des mairies de villes dans l’Ortenau. «Connaître», cela implique aussi la compréhension des relations entre ces administrations, ce qui est encore moins évident, sachant que ces relations ne sont pas toujours évidentes. Et ce, non seulement dans le mode transfrontalier, mais même entre les administrations françaises et allemandes, il faudra composer avec les tensions ou sensibilités de chacun. Pour pouvoir les gérer, mieux vaut les connaître…

Tout comme il est important pour cette mission, de disposer d’un carnet d’adresses bien garni – le poste ne convient en aucun cas à des personnes étrangères à la région n’ayant pas déjà une relation personnelle avec les responsables des deux côtés. Le nouveau (ou la nouvelle) n’aura pas le temps de faire tranquillement connaissance avec la région et ses responsables – il faut qu’il soit immédiatement opérationnel.

Les nouvelles orientations de cet Eurodistrict veulent que le secrétaire général devienne force de proposition pour des projets. C’est bien. Mais il faut aussi savoir que la mise en œuvre de projets propre à l’Eurodistrict n’est pas non plus évident considérant que cette structure ne disposera que de 4 collaborateurs, dont une est déléguée aux projets «micro-fonds» et que cette structure doit gérer aussi les exigences administratives de deux pays, ce qui est encore moins évident. Ajoutez à cela la gestion de projets soutenus par l’Eurodistrict, il apparaît qu’il restera peu de temps pour développer des projets propres à cette structure, projets qui doivent aussi être validés par les organes décisionnels de l’Eurodistrict qui ne se retrouvent que tous les quelques mois. Ajoutez à cela la gestion administrative des réunions du Conseil de l’Eurodistrict et du Bureau de l’Eurodistrict (invitations, protocoles, PVs, follow-up) ainsi que le travail quotidien (gestion du site Internet, organisation de manifestations, participation à des réunions des fédérations internationales, réponses aux questions des citoyens, réponses aux questions des élus), ajoutez à cela le travail de communication qui est extrêmement important aussi, et vous comprendrez l’ampleur de la mission.

Nous ne voulons pas vous décourager, bien au contraire. Nous souhaitons de tout cœur que cette structure puisse travailler efficacement, mais on se pose la question si 4 personnes, dont un secretaire général, suffisent vraiment pour mener à bien une telle mission. Ne faudrait-il pas plutôt repartir ce travail énorme sur les épaules d’une équipe ? Le risque de «brûler» aussi le troisième secrétaire général (après Marcus Obrecht et Cordula Riedel) est réel et concret. Et, pourquoi pas, on pourrait songer à une autre forme d’organisation de cette structure, en y associant, par exemple, des citoyens engagés et compétents en la matière. Les «rencontres élus-citoyens» des deux dernières années ont clairement montré que ces citoyens existent et qu’ils aimeraient bien être associés à une telle démarche. Ainsi, cet Eurodistrict pourrait aussi se développer en direction de ce que ses «pères fondateurs» Jacques Chirac et Gerhard Schröder avaient souhaité de leurs vœux – un laboratoire européen permettant d’expérimenter l’avenir transfrontalier et donc européen.

En tous cas, envoyez vos candidatures rapidement sur le site www.emploi.strasbourg.eu. N’oubliez pas d’envoyer votre lettre de motivation et votre CV autant en Allemand qu’en Français.