L’Europe allemande anéantit la Grèce comme jadis la RDA

Les «négociations» de cette nuit à Bruxelles ont donné un résultat qui réduit la Grèce à l’état de la RDA en 1990 - la Grèce perd son statut d’un état indépendant.

Thessaloniki se réveille ce matin en se sentant une nouvelle fois occupée - une honte. Foto: Bundesarchiv, Bild 101I-175-1267-09 / Teschendorf / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – Le Prix Nobel de l’économie Paul Krugman a trouvé des mots durs envers l’Allemagne, suite aux «négociations» de cette nuit à Bruxelles. Dans le «New York Times», il écrit : «La capitulation totale ne suffit pas à l’Allemagne qui vise un changement de gouvernement [à Athènes] et l’humiliation totale». Que les autres pays européens se souviennent du 13 juillet 2015 – qui entrera dans l’histoire européenne comme le jour où l’Allemagne aura montré ce qui arrive aux pays qui élisent des gouvernements de gauche.

Il est évident qu’Alexis Tsipras et la Syriza ne survivront pas l’aventure européenne – l’Allemagne a réussi à imposer des mesures qui font penser à l’intégration de la RDA en 1990. Une «Treuhand» (établissement fiduciaire chargé de la gestion du patrimoine grec) sera créée, sous contrôle allemand, bien entendu, à laquelle la Grèce doit confier ses dernières valeurs (comme les ports, certains entreprises d’état etc.) et cette «Treuhand» vendra ces valeurs pour satisfaire les banques. La Grèce ne sera pas consultée lors de ces transactions, ce qui revient à dire que le pays a perdu toute liberté d’action.

De plus, le peuple grec payera le prix fort pour son audace d’avoir voté à gauche et d’avoir exprimé son rejet de l’austérité allemande à l’occasion du référendum du 5 juillet. Les coupures dans le domaine sociale réduiront les Grecs à des mendiants, faisant porter le fardeau de cette austérité aux plus démunis – il est logique que les Grecs se sentiront trahis, non seulement par l’Europe, mais également par la Syriza qui sera obligé de mettre en œuvre le diktat des Schäuble, Dijsselbloem & Cie.

Le rêve d’une autre Europe, d’une Europe démocratique, sociale et humaniste n’aura duré que six mois. Ce sont «les marchés», le FMI, la BCE et les ministres des finances, fidèles agents des banques et de la spéculation, qui auront eu le dernier mot. L’Union Européenne perd ainsi sa raison d’être. Angela Merkel et Wolfgang Schäuble entreront effectivement dans les livres d’histoire – comme les responsables de l’abolition des valeurs européennes au détriment d’une domination allemande qui impose son système à l’Europe entière. Les autres chefs d’état, la queue entre les jambes de peur d’être les prochains victimes, se sont tus et personne n’est venu défendre la Grèce. On s’en souviendra.

Ce matin, l’Europe n’est plus celle d’hier. Nous, en Allemagne, nous devrions un jour répondre à la question pourquoi nous n’avons rien fait pour empêcher cette politique menée en notre nom, une politique qui poussera l’Europe vers un extrémisme qui coûtera de nombreuses vies ces prochains temps. L’Histoire nous enseigne que dès lors la politique se dirige contre les peuples, les peuples entrent en résistance. C’est toujours la même histoire. Et l’être humain montre son incapacité d’apprendre. Au revoir, l’Europe – tu étais un joli concept, mais tu n’avais pas compté sur l’Allemagne de Wolfgang Schäuble et d’Angela Merkel. Le réveil est dur. Surtout pour le peuple grec.

2 Kommentare zu L’Europe allemande anéantit la Grèce comme jadis la RDA

  1. Pour avoir scandaleusement fait appel à la démocratie, la Grèce devait être crucifiée pour l’exemple afin d’éviter à l’avenir toute tentation de contestation par les urnes dans d’autres pays européens.

    L’Allemagne n’est malheureusement pas seule en cause, les “socialistes” français ont un rôle très actif et tout aussi important : celui du bon flic qui tente de faire croire que la curée de la Grèce est une aubaine historique pour celle-ci.

    Quand Papandréou a abandonné l’idée du referendum en 2012, c’est apparemment qu’il avait compris qu’un refus de la potion magique européenne se payerait très cher…

    • Kai Littmann // 15. Juli 2015 um 12:03 // Antworten

      Entièrement d’accord avec vous, Jean. Le rôle que jouent les “partenaires européens” équivaut à un dépôt de bilan de “l’Europe humaniste” – et cela ne concerne pas uniquement l’Allemagne (qui y a assumé le rôle de locomotive), mais également les autres pays européens ayant estimé bon d’enterrer la démocratie européenne. Désormais, il sera difficile de donner des leçons à d’autres continents sur la façon d’organiser leurs démocraties. Ils auront du mal à faire pire que nous…

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