L’Europe annonce fièrement un «accord» avec la Grèce

L’UE, le FMI et la BCE ont gagné. La capitulation de la Grèce scelle la misère en Grèce, sans possibilité de s’en sortir. Un succès ? Oui, pour le capitalisme sauvage.

Wolfgang Schäuble est en train de devenir le visage d'une politique allemande inhumaine et impérialiste - "der hässliche Deutsche". Foto: ireas / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(KL) – «Un accord», disait un haut fonctionnaire grec sur un ton désabusé, «oui, avec le pistolet sur la tempe». La «solution» que le président du Conseil Européen Donald Tusk a présentée fièrement, n’en est pas une. Et il y a de fortes chances à ce que le parlement grec rejette le chantage des marchés financiers, car le paquet comprend des humiliations qui risquent de ne pas passer à la diète à Athènes. Le «succès» que les responsables européens ont fêté lundi après une longue nuit, risque de ne pas durer. De retour á Athènes, Tsipras doit faire voter ce paquet pour le transformer en lois et considérant que ce paquet comprend des mesures qui dépassent de loin celui que les Grecs avaient refusé lors du référendum du 5 juillet, il y a de fortes chances à ce que ce paquet ne passe pas.

Une large partie de la Syriza appelle à des élections anticipées, considérant que l’humiliation infligée par les «partenaires» européen va trop loin. Pour cause. Ce serait la première fois qu’un pays européen soit forcé d’accepter de céder les restes de son patrimoine à un organisme fiduciaire (une «Treuhand», en allemand dans le texte…) en acceptant ainsi de laisser la décision politique de son avenir à une bande de technocrates malveillants qui mettent tout en œuvre pour statuer un exemple. Le message aux peuples européens est clair – «si vous remettez la logique des marchés en question, nous vous anéantiront». De telles méthodes étaient, jusqu’alors, réservées aux règlements de compte de la pègre et les responsables européens se sont mis exactement à ce niveau.

Si le premier paquet de mesures (injustement appelées «réformes») était déjà insupportable pour le peuple grec, ce deuxième paquet dépasse toutes les bornes. Il est le résultat du «travail» de fonctionnaires ayant perdu tout contact avec les réalités de la vie des gens normaux. Mais il faudra s’attendre au retour de la manivelle.

Car le tour n’est pas encore joué, le «putsch» organisé par les Schäuble, Merkel, Dijsselbloem & Cie. n’a pas encore réussi. Car le parlement grec ne pourra pas accepter le chantage européen qui ne vise pas une amélioration des structures en Grèce, mais une soumission totale, une capitulation de la Grèce devant le diktat des «marchés». La Syriza ne suivra pas, il est peu probable que le parlement puisse accepter ce paquet dont la seule proposition constitue déjà une insulte du peuple grec.

Les responsables européens ont loupé une occasion énorme de changer l’orientation de cette Europe de Bruxelles, de cette Europe froide et corrompue qui a dépensé ces dernières années, des billions d’euros pour sauver des banques corrompues, mais qui refuse d’admettre les souffrances des peuples de l’Europe du sud.

Ce sont les amis des actuels responsables européens qui ont conduit la Grèce dans le gouffre et Alexis Tsipras et la Syriza servent comme bouc-émissaire. Mais en politique, il faut compter avec l’effet de résilience – cette «déclaration d’occupation économique» de la Grèce a le potentiel de radicaliser les grecs, de les conduire à adopter une attitude militante et hostile à l’égard de l’Europe, à l’instar du traitement que l’Europe fait subir au peuple grec. De là, il faudra s’attendre à un effet «feu de steppe» – la violence génère de la violence et ils seront de plus en plus nombreux à ne plus accepter de souffrir pour que «les marchés» puissent continuer à s’engraisser sur la misère des plus démunis.

Un nouveau «non» grec relèverait de la légitime défense contre une agression caractérisée. A aucun moment, les technocrates européens n’avaient envisagé de «sauver» la Grèce – si tel avait été l’objectif, ils auraient commencé bien plus tôt au lieu d’envoyer une Troïka dont l’unique but consistait à assurer le bon fonctionnement des «marchés». Les grecs, pendant les cinq ans du ravage occasionné par cette Troïka, ont fait des efforts énormes. Mais là, l’Europe dépasse toutes les limites – aucun des 27 autres pays de l’Union Européenne n’accepterait de telles mesures.

Et que ceux qui jubilent aujourd’hui, soient vigilants. Ce qui arrive aujourd’hui à la Grèce, arrivera demain à leurs propres pays. La machine d’austérité allemande est sans pitié et ne s’arrêtera à aucune frontière. L’Histoire européenne se répète et comme les fois précédentes, personne n’a le courage de dire «Stop» à l’Allemagne. Et après, on dira qu’on n’a pas vu venir le danger…

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