L’Europe, c’est ça aussi : la Transnistrie (6)

Au début de cette série d’Alexandre Binder, presque personne ne connaissait la Transnistrie. Mais la guerre en Ukraine l’a placé sur la carte du monde. Quelle sera la suite pour ce petit bout de terre ?

Les Russes ont stationné aussi des chars opérationnels en Transnistrie. Foto: Guttorm Flatabø from Sogndal, Norway / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Alexandre Binder / Réd) – Que se passe-t-il en Transnistrie ?, se demandent beaucoup de gens. Dans ce petit bout de terre, coincé entre l’Ukraine et la Moldavie, sous domination russe, pourrait devenir la prochaine scène de guerre. Dans les premiers articles parus au sujet de la Transnistrie, il apparaissait clairement que la Transnistrie, gérée par des oligarques proches du pouvoir de Moscou, est considérée par la Russie comme un territoire « indépendant », mais implicitement sous contrôle russe. La Moldavie, elle, considère la Transnistrie comme faisant partie de son territoire. Alors, que se passera-t-il ?

Il est évident que le « blitzkrieg » russe en Ukraine a, du moins, en ce qui concerne le nord du pays et la capitale Kiev, échoué militairement. Depuis quelques jours, les services des états occidentaux font état d’une réorganisation de l’Armée Rouge qui semble se focaliser sur le Donbass, la région de Marioupol et d’Odessa. Et du coup, la Transnistrie se trouve très proche des scènes de guerre. Mais est-ce que Poutine attaquera la Moldavie depuis la Transnistrie ? En Transnistrie, la Russie a laissé de nombreuses armes et des soldats. Mais quel serait l’intérêt d’y déclencher des hostilités ? La Transnistrie, où la Russie organise bon nombre de trafics, apporte de l’argent à la Russie et il n’est donc pas évident que Poutine y déclenche des « opérations militaires » qui risqueraient d’impacter la bonne marche des affaires. De l’autre côté, la Moldavie se gardera de déclencher une opération militaire en Transnistrie, sachant que la petite Moldavie ne s’aventurera pas à attaquer l’ours russe.

De plus, la Transnistrie subit depuis des années un exode massif de sa population, ce qui appauvrit encore davantage l’économie de ce territoire. Les réfugiés ukrainiens seraient un moyen de repeupler une partie du territoire, en stimulant l’économie, ce qui serait dans l’intérêt financier de la Russie. Attirés par un coût de vie très bas, dans un territoire proche de leur pays, on pourrait comprendre que beaucoup souhaitent poser leurs bagages en Transnistrie.

Toutefois, il est envisageable que la Russie adopte en Transnistrie, la même stratégie qu’ailleurs, à savoir d’organiser un « référendum » et d’intervenir ensuite en tant que « grand frère », sachant qu’actuellement, personne ne viendrait en aide aux Moldaves.

Mais qui peut prévoir les plans de Vladimir Poutine ? Dans le Caucase, la Russie verse de l’huile sur le feu en Abchasie et en Ossétie du Sud, créant ainsi le prochain foyer de conflit. Après, il se pose aussi la question de la puissance de l’armée russe qui vient d’essuyer une défaite presque historique et qui doit maintenant se réorganiser et revoir ses objectifs militaires à la baisse. La Transnistrie sera peut-être la base arrière de la Russie, pour attaquer la Moldavie, la Roumanie ou le reste de l’Ukraine.

Toute la région est aujourd’hui menacée par la Russie, mais tant que personne ne comprend les réels objectifs de Poutine, il est impossible de prévoir autre chose que des scenarii potentiels. Mais une chose est certaine, aujourd’hui, la Transnistrie n’est plus un bout d’Europe oublié, mais potentiellement l’une des prochaines scènes d’un conflit mondial. A suivre.

Déjà parus dans cette série :

Transnistrie 1

Transnistrie 2

Transnistrie 3

Transnistrie 4

Transnistrie 5

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