L’Europe, c’est ça aussi : la Transnistrie (7)

Au début de cette série, presque personne ne connaissait la Transnistrie. Depuis, les événements en Ukraine, ont changé la donne. La Transnistrie se trouve aujourd’hui au centre du conflit.

Est-ce que les timbres transnistriens auront encore cours demain... Foto: scan / Wikimedia Commons / PD

(Alexandre Binder / KL) – Il y a trois mois, la Transnistrie était un bout d’Europe coincé entre la Roumanie et l’Ukraine, discret, inconnu, l’endroit idéal pour bon nombre d’activités légales et illégales de la Russie. Cette région de la Moldavie, peuplée par une majorité de russophones, s’était déclarée « indépendante », sans pour autant être reconnue comme « état » par la communauté internationale. Mais aujourd’hui, dans le cadre de la guerre russe en Ukraine, la Transnistrie revêt d’une importance majeure, à cause de sa situation géographique et surtout, à cause d’une présence militaire russe importante. Cette présence russe sur le sol moldave risque de transformer cette région en nouvelle scène de guerre.

Depuis plusieurs jours, les médias russes font état d’attaques sur le territoire transnistrien, mais la communauté internationale y voit surtout la même stratégie russe qu’au Donbass. Le Kremlin applique la même communication que dans les régions ukrainiennes de Luhansk et de Donetzk. A Moscou, on parle de « discriminations » des russophones en Transnistrie, pointant du doigt l’Ukraine et menaçant ouvertement la présidente moldave Maia Sandu. Si la Moldavie ne participe pas aux sanctions contre la Russie, elle accueille toutefois bon nombre de réfugiés ukrainiens et Sandu avait interdit l’utilisation des signes de guerre « Z » et « V » utilisés par la Russie, ce qui avait provoqué les ires du Kremlin.

Mais qui est actuellement menacé par cette évolution ? La Transnistrie ? Probablement pas, car la Russie n’a aucune raison d’intervenir dans cette région, sachant que Moscou y dispose d’une base militaire et surtout, de nombreuses armes et munitions qui pourraient servir pour a) attaquer le sud de l’Ukraine pour soutenir l’objectif russe visant la ville portuaire d’Odessa et b) pour attaquer la Moldavie. Donc, ce n’est pas la Transnistrie qui est actuellement en danger, car elle se trouve déjà, d’une certaine façon, sous le contrôle de la Russie, mais ce sont la Moldavie et le sud de l’Ukraine qui sont menacés par cette évolution.

La Moldavie se retrouverait bien seule en cas d’une attaque russe. Ce petit pays qui compte 2,6 millions d’habitants, n’a pour voisins que la Roumanie et l’Ukraine, elle ne fait partie d’aucune organisation qui pourrait lui conférer un quelconque soutien, et en cas d’attaque, elle ne pourra compter sur aucune aide internationale. A un moment où la Russie essuie une série d’échecs militaires en Ukraine, la prise de la Moldavie pourrait se transformer en un « succès » exploitable par la propagande russe. Le « Blitzkrieg » échoué en Ukraine, pourrait avoir lieu en Moldavie.

De plus, un « opération spéciale » pour « libérer les frères russes en Transnistrie » permettrait à la Russie, d’encercler le sud de l’Ukraine et d’attaquer de tous les côtés. Le danger est donc bien réel.

De nombreux observateurs internationaux s’attendent à un « référendum » en Transnistrie qui aurait comme objet « l’indépendance » de ce petit bout de terre, ce qui servirait comme prétexte à la Russie, d’y envoyer des troupes pour « libérer les russophones ».

Poutine a besoin de « succès », car même en Russie où sa terrible guerre est soutenue par une majorité de la population, on commence à constater les pertes de soldats, les attaques sur des infrastructures sur le sol russe et le fait que l’Armée Rouge n’avance que très péniblement en Ukraine. Donc, une prise de la Transnistrie (où la Russie ne doit pas s’attendre à de la résistance) et/ou de la Moldavie, serait un élément de communication et stratégique plus que bienvenu pour le Kremlin. On verra déjà ces prochains jours comment la situation autour de la Transnistrie évoluera.

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