L’Europe d’Angela Merkel : «Zusammen, ensemble…»

Lors de son discours devant le Parlement Européen, la chancelière a appelé à la cohésion européenne pour surmonter les crises actuelles. En l'absence de propositions concrètes.

"Ensemble" était le maître-mot du discours d'Angela Merkel. Ensemble dans le franco-allemand, ensemble en Europe. Bien. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(KL) – L’ancien eurodéputée Catherine Trautmann commentait après les deux discours de François Hollande et d’Angela Merkel hier devant le Parlement Européen qu’il soit «honteux qu’il faille attendre des millions de réfugiés avant de se pencher de la sorte sur le problème». Pourtant, les deux discours prononcés hier dans un format résolument franco-allemand, comptent sans doute parmi les «grands discours», à l’instar de l’apparition de François Mitterand et de Helmut Kohl devant l’assemblée européenne, il y a 26 ans.

Le terme le plus utilisé par Angela Merkel était effectivement «gemeinsam», «zusammen», ensemble. Elle a rappelé aux eurodéputés leur devoir de respecter et de faire respecter la Charte des Droits de l’Homme, tout en construisant son discours autour de la crise des réfugiés. «Personne ne quitte son pays le cœur léger», disait-elle en réclamant de la solidarité et de la tolérance – le fameux «plus d’Europe» que François Hollande avait déjà évoqué avant elle.

La chancelière a également souligné qu’il faille résoudre le problème à sa racine, en Syrie, en Moyen Orient et en Afrique, donc, d’intervenir dans les pays à crise. Dommage qu’elle n’ait pas dévoilé des plans concrets, sauf qu’elle a demandé à ce que l’Europe soutienne la Turquie ayant déjà accueilli 2 millions de réfugiés syriens – affichant ainsi une grande proximité avec François Hollande qui avait demandé la même chose quelques instants plus tôt.

Lorsque Angela Merkel, en demandant une démarche «courageuse», s’adressait autant aux eurodéputés qu’aux téléspectateurs allemands – actuellement, la chancelière est fortement critiqué en Allemagne et même au sein de son propre parti, la CDU, pour son attitude humaniste et solidaire. Lorsqu’elle parle de «courage» et d’une «démarche commune», Angela Merkel parlait autant aux élus des pays de l’est de l’Europe, mais aussi aux faucons allemands qui aimeraient fermer les frontières. Des solutions, il faut les trouver et appliquer ensemble. Une surprise se cachait quand même dans le discours d’Angela Merkel, lorsqu’elle estimait que les accords de Dublin étaient dépassés, même s’ils avaient été conclus avec de bonnes intentions. «Reconduire des réfugiés aux frontières intérieures de l’Europe, cela ne sert à rien», disait-elle.

Si le discours d’Angela Merkel manquait de projets, de propositions, d’annonces, il s’agissait quand même d’un grand discours d’orientation de l’Europe. En martelant le terme «ensemble», elle prêchait pour la cohésion européenne, une cohésion qui n’a pas été évidente, comme elle a rappelé en fin de son intervention, lorsqu’elle parlait des siècles de guerres en Europe, tout en se disant heureuse de pouvoir aujourd’hui intervenir aux côtés de François Hollande. Et bien sûr, Angela Merkel avait raison – l’avenir de l’Europe ne peut se trouver que sur une seule voie – celle de «ensemble».

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