L’Europe de et à Strasbourg (10) : la Fondation européenne de la Science

Depuis près de 50 ans, la Fondation européenne de la Science (ESF – European Science Foundation) œuvre au service de la recherche scientifique en Europe. Basé à Strasbourg, l’organisme ambitionne d’en être le facilitateur.

L'ESF à Strasbourg - pas connu du grand public et pourtant, très importante pour l'Europe ! Foto: Emma Kuhn / EJ / CC-BY 2.0

(Emma Kuhn) – Non loin de la Place de la République à Strasbourg, le long des quais, siège l’ESF depuis sa création en 1974. Dès lors, cette association à but non-lucratif s’est spécialisée dans les services et le support aux activités scientifiques. Au fil des années, le paysage s’est restructuré : en 2017, la fondation a quelque peu revu ses missions. Celles-ci se découpent en trois activités différentes.

Première activité – Tout d’abord, l’ESF coordonne des projets de recherche financés par la Commission européenne, le premier organisme financeur de la recherche en Europe. Ces projets sont montés par des consortiums de plusieurs partenaires européens (des universités ou des centres de recherche la plupart du temps). La fondation participe également à la communication des projets afin de faire part des résultats des recherches. L’une de ses dernières missions, par exemple, concernait les sciences sociales : le projet visait à éradiquer les violences sexistes et sexuelles en milieu universitaire. « Pour ce faire, on a d’abord mené des études qualitatives et quantitatives auprès de 45 universités et centres de recherche pour mesurer le problème car on ne l’avait pas encore mesuré en Europe dans le milieu universitaire. On sait que la violence existe, on commence enfin à en parler, mais on n’avait pas de données solides. C’est seulement maintenant que les universités commencent à prendre conscience que les violences sexistes et sexuelles sont un problème organisationnel et non individuel », explique Colette Schrodi, responsable de communication à l’ESF.

Un autre projet cherche à remplacer les composants que l’on peut trouver dans les aimants permanents (qui servent à l’électromobilité) par de la matière trouvable en Europe. Aujourd’hui, ces aimants permanents sont entièrement importés d’Asie, et plus particulièrement de Chine. Le projet consiste alors à réunir un consortium de 20 partenaires : l’un va extraire la matière nécessaire (en Europe il s’agit de la ferrite), l’autre va la réduire en poudre, le suivant va l’analyser pour essayer d’en tirer les meilleures propriétés magnétiques possibles et ainsi de suite pour parvenir, finalement, à l’intégration de la production industrielle dans des usines pilotes. « L’objectif est qu’on puisse aller voir les industriels en Europe en leur disant qu’on a le même produit que celui importé d’Asie, sauf qu’il est fait en Europe », s‘enthousiasme Colette Schrodi. C’est le genre de projet européen coordonné par l’ESF. Dans ce cas précis, l’association gère la communication.
Vous pouvez découvrir le projet en cliquant ici.

Deuxième et troisième activités – Les organismes qui financent la recherche reçoivent un grand nombre de demandes : il faut ainsi déterminer le meilleur projet à financer. Pour ce faire, la Fondation européenne de la Science évalue ces projets pour eux, via son réseau de 10 000 chercheurs internationaux dans toutes les disciplines scientifiques. Chacun maîtrise son propre domaine. L’ESF va alors être la passerelle entre l’organisme financeur et les recommandations du chercheur spécialisé dans le domaine concerné. De cette manière, les meilleurs projets de recherche sont identifiés puis financés. Il s‘agit de l’évaluation de la qualité de la recherche de l’évaluation des subventions. En trois ans, la fondation a évalué plus de 12 000 propositions de projets.

La troisième activité de l’association à but non-lucratif est l’hébergement de structures et de réseaux scientifiques. L’ESF leur fournit notamment des services de secrétariat sur mesure leur permettant de se concentrer sur leurs activités. Six plateformes scientifiques sont actuellement hébergées, comme Europlanet Society, le Comité sur les fréquences de radioastronomie (CRAF) ou encore le Comité européen de collaboration en physique nucléaire (NuPECC). « On héberge aussi “ cOALition S “, un groupement d’organismes qui lutte pour que la science soit ouverte, que les recherches soient libres d’accès et accessibles à tous », précise Colette Schrodi.

Des informations supplémentaires – L’ESF est un organisme à vocation européenne et financé en partie par la Commission, mais n’est pas totalement dépendant de l’Union européenne pour autant. Seuls 24% de ses sources de revenus sont représentés par les contrats européens, la Commission ne finance donc (indirectement) qu’un quart des activités de l’ESF environ. Néanmoins, l’enjeu est de taille : les missions fixées doivent être accomplies pour bénéficier d’un financement. « Si l’objectif n’est pas atteint, si on échoue, la Commission européenne ne nous finance plus forcément. C’est une contrainte, saine certes, qu’on a constamment », déclare la responsable de communication. 45% des activités de la Fondation européenne de la Science sont financées par les plateformes et comités scientifiques.

Généralement, ce sont les organismes qui sollicitent l’association, de par son caractère assez unique en Europe. Le nombre de ses membres et partenaires n’est jamais fixe, il varie en fonction des projets. « On est au service finalement de n’importe quel partenaire ayant besoin d’être soutenu dans sa recherche scientifique », ajoute Colette Schrodi. En résumé, l’ESF – Science Connect (son nom officiel) se veut être « un facilitateur et un soutien à la conduite de la recherche scientifique au niveau européen. On vise à aider les chercheurs et les acteurs associés à délivrer des résultats de recherche scientifique de grande qualité dans toutes les disciplines. Notre société a besoin de la recherche », conclut-elle.

La Fondation européenne de la Science fêtera ses 50 ans en 2024.

La Fondation européenne de la Science

Adresse : 1 quai Lezay Marnesia, 67000 Strasbourg

Création : 1974

Effectif : 45 employés de 15 nationalités différentes (anglais comme langue de travail)

Budget : 7,4 millions d’euros (pour l’année 2021)

 

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