«L’Europe de la Paix n’est jamais acquise !»

Actuellement, on entend beaucoup parler des eurosceptiques et même des anti-européens. Mais il y a aussi d’autres perspectives sur l'Europe, beaucoup plus fédéralistes.

Christian d'Andlau-Hombourg et Norma Serpin luttent pour une Europe fédéraliste. Foto: © Kai Littmann

(KL) – Une semaine avant les élections européennes, les choses deviennent sérieuses. Sur toutes les chaînes, on entend Marine Le Pen qui pour une fois, ne pourra pas se plaindre d’être boudée par les médias. Mais on n’entend pas assez ceux qui se battent pour une autre Europe, une Europe plus proche des citoyens, une Europe solidaire et unie. Comme les deux têtes de liste du Parti Fédéraliste Européen dans le Grand Est, Christian d’Andlau-Hombourg et Norma Serpin. Entretien.

Norma Serpin, Christian d’Andlau-Hombourg, quelle est votre vision de l’Europe ?

Christian d’Andlau-Hombourg : Nous luttons pour un état européen qui n’existe pas aujourd’hui. Aujourd’hui, nous avons avant tout le Conseil Européen où on doit trouver l’unanimité parmi les 28 pays, et le Conseil Européen, ce sont les chefs des gouvernements et des états. Il n’y pas de consultation démocratique pour ce qui est des grands dossiers et le Parlement Européen n’a toujours pas le droit d’initiative pour la législation européenne. Actuellement, l’Europe est comme un état virtuel qui, en fin de compte, n’est toujours pas un état…

Et vous comptez changer cela comment ? Par les Etats-Unis d’Europe ou par un Etat Européen ?

CAH : Vous faites allusion aux Etats-Unis d’Amérique, mais cela n’est pas un bon exemple pour l’Europe. Il s’agit de fédérer les états-nations pour que l’Europe soit plus forte. Ce qui passe par la création d’un gouvernement unique pour les grandes lignes de la politique. Un tel gouvernement doit être dirigé par un président élu au suffrage universel. Il faudra séparer les pouvoirs, le gouvernement doit répondre à deux chambres, une chambre basse et une chambre haute, comme cela fonctionne très bien dans de nombreux états.

Norma Serpin : La mission d’un tel gouvernement européen serait de se pencher sur les thèmes clé, tout en déléguant d’autres dossiers au niveau national, en respectant la règle de la subsidiarité. Là, il s’agit de l’opposition entre la démocratie participative et la démocratie représentative.

CAH : En effet, il y a plusieurs modèles, le modèle où l’Europe est «primus inter pares» parmi les états-nations, il y a le modèle américain et il y a aussi le modèle helvétique. L’ancien terme désignant la Suisse étant «Confédération helvétique» où le terme «fédérer» se trouve déjà dans l’appellation. J’apprécie les votations sur les sujets de société qui méritent un référendum.

Comment vivez-vous l’engouement français pour un parti anti-européen comme le Front National ?

CAH : Si je partage certaines analyses du Front National, je suis diamétralement opposé aux solutions qu’il propose. D’autre part, je me rejouis de la présence du Front National et de ses thèses dans cette campagne européenne, car nous avons ainsi un vrai adversaire. Là, tout le monde doit se positionner. L’Europe, depuis 30 ou 40 ans, a trop de faux amis qui se trouvent dans les partis dits traditionnels. Aujourd’hui, l’Europe sert comme bouc-émissaire et le système des fonctionnaires européens qui agissent souvent en dehors de tout contrôle légal, rendent cette Europe anti-démocratique.

Alors, où puisez-vous l’envie et l’énergie pour mener une telle campagne, sachant que vous n’aurez que peu de chances d’être élu ?

CAH : J’avoue, je me fais du souci en ce qui concerne l’intérêt décroissant que les gens portent à l’Europe et par conséquent, un taux de participation catastrophique. Le 7 avril dernier, lors du référendum sur l’unification des administrations alsaciennes, ce référendum avait échoué à cause d’un taux de participation trop faible. Ou pensez au référendum en 2005 sur le Traité pour une Constitution Européenne – je crois qu’il est important de proposer une autre Europe et d’inciter les gens à aller voter. Autrement, nous ouvrons grand la voie aux ennemis de l’Europe – les démagogues pourraient passer. Je me suis donc engagé pour proposer une alternative.

Norma Serpin : Je me considère comme une enfant du Mur de Berlin. Ma mère est originaire de Leipzig et mon père vient de Mulhouse. La vie sur un mode transfrontalier et européen consitue donc une affaire de famille pour moi. L’Europe, c’est pour moi la force entre les nations qui a finalement permis à ma mère de revoir sa ville natale.

CAH : Le débat politique est important. Ainsi, cette campagne nous donne une plate-forme pour exprimer publiquement nos idées contre l’ultra-libéralisme bruxellois et contre la paupérisation de l’Europe.

Norma Serpin : Nous luttons pour une Europe qui permet aux Européens de vivre dignement. L’Europe est bien plus qu’un marché intérieur qu’il faut organiser. Il faut tenir compte des réalités européennes – la casse sociale, des crises à répétition, des politiques qui ne font pas leur boulot, tout cela est lié. Mais nous ne pouvons pas abandonner cette idée d’une Europe unie et solidaire – car la paix, que ce soit en Europe ou ailleurs, n’est jamais acquise !

Si vous n’obtenez pas de siège au nouveau Parlement Européen, entendez-vous jouer un «rôle d’opposition extra-parlementaire» ?

CAH : Dans tous les cas, je respecterai le choix des électeurs. Si je n’obtiens pas de siège, je recommencrai dans cinq ans. Mais après les élections européennes, nous allons aussi participer aux élections cantonales et régionales.

Comment vous positionnez-vous dans la question du siège du Parlement Européen ?

CAH : A 200% pour Strasbourg ! A 100%, on ne fait que défendre le statut quo de Strasbourg, mais je veux le siège unique du Parlement Européen à Strasbourg ! Strasbourg, c’est un symbole héroïque de la paix, de la réconciliation franco-allemande – Strasbourg a de quoi être un exemple pour le reste de l’Europe et toutes les conférences sur la paix devraient avoir lieu à Strasbourg. La deuxième raison qui parle pour Strasbourg et le fait que la séparation des pouvoirs, caractéristique de toute démocratie qui se respecte, n’est pas possible à Bruxelles. La bonne structure est celle qui avait été fixée par les pères-fondateurs de l’Europe : l’exécutif à Bruxelles, la jurisprudence au Luxembourg et le législatif à Strasbourg.

Madame Serpin, Monsieur d’Andlau-Hombourg, merci pour cet entretien.

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