L’Europe dont je rêve pour nous ?

Lycéens et collégiens à la Librairie Kléber

L'Europe dont JE rêve pour NOUS à la Librairie Kléber Foto: Kai Littmann/Wikimédia Commons/CC-BY-SA Eurojournalist(e)

(Marc Chaudeur) – Voici un an et demi, Angelita Mendes-Martins et Jacqueline Lion-Nizard ont mis en œuvre un projet européen en direction des collégiens et des lycéens : il s’agissait pour l’essentiel de leur demander des réponses aux questions : Qu’est-ce que l’Europe pour moi ? Quelle est l’Europe dont je rêve ? Les réponses ont été commentées à la libraire Kléber vendredi dernier.

En présence de Chantal Cutajar, adjointe au maire de Strasbourg qui a soutenu le projet tout au long de sa réalisation dans le cadre du Pacte pour la démocratie à Strasbourg, les élèves de quatre établissements ont présenté l’ opuscule qu’ils ont rédigé ensemble et qui s’intitule L’Europe dont je rêve pour nous, publié par Un bout de chemin. Quatre établissements strasbourgeois seulement sur les 12 sollicités… Il est vrai que le temps est compté dans les collèges et lycées, et rempli comme un œuf.

L’association Un bout de chemin, fondée par Angelita Martins, se donne pour tâche d’inciter le public à s’engager dans la vie sociale, sur le plan local et européen. Elle a de belles réalisations à son actif, notamment pour ce qui est de l’aide aux jeunes et la facilitation de leur prise de parole.

Pour ce projet européen, il s’agissait pour les lycéens et collégiens de répondre au moins à l’une des questions suivantes : «Qu’est-ce que l’Europe pour moi ? Que représente le Parlement européen pour moi ? Que puis-je faire, à mon niveau, pour contribuer à créer un sentiment d’identité européenne ? Quelle est l’Europe dont je rêve ? »

De façon significative, la réponse à la dernière de ces questions a été fréquemment choisie – et en même temps, ce n’est pas tant des rêves qui sont décrits que des souhaits pour l’avenir proche, et parfois, plus lointains. A notre sens, contrairement à ce que beaucoup prétendraient, cette attitude est extrêmement positive, à plusieurs titres. D’une part, l’Europe semble n’être pas l’objet d’une utopie chez ces jeunes personnes, et c’est tant mieux : car les utopies ont fait bien assez de mal comme cela. Mais d’autre part, le contenu « utopique » de l’idée d’Europe est lui-même comme absorbé dans son caractère de projet, surtout dans la partie qui y concerne l’absence de discriminations, et plus largement, son humanisme consubstantiel. Une Europe inégalitaire, une Europe réjective et discriminatoire, ce ne peut, par définition, tout simplement pas être l’Europe.

Une telle compilation de perspectives de jeunes de 10 à 18 ans présente beaucoup d’intérêt, en somme, puisqu’elle exprime sans ambages l’Europe que nous avons à construire pour les jeunes et pour la postérité, et en même temps… ce qu’elle n’est pas, devrait être, et n’est pas encore ! En somme, un lieu concret de réalisation de l’universalisme humaniste. Un texte comme celui de Shirine Satour Lebriki (élève de 6e au Lycée Geiler) l’exprime presque exhaustivement : « L’Europe dont je rêve, c’est une Europe unie, soudée, qu’on puisse voyager dans d’autres pays afin de découvrir fr nouvelles cultures, s’entraider quand on rencontre un problème. Qu’on puisse offrir une meilleure vie aux migrants qui quittent leur pays à cause de la guerre ou de la misère. » Quoi d’autre ! Tout y est : l’unité, la diversité, la fraternité, l’aide aux êtres humains qui en ont besoin.

Certains lycéens comme Semion Tchetovsky (Terminale, Marie Curie) vont jusqu’à ébaucher des solutions de principe aux grands problèmes que rencontrent les institutions européennes : la domination des intérêts privés au premier chef. On aime à lire des propos comme : «  Je rêve d’une Europe qui tiendrait tête aux Etats-Unis politiquement en remettant l’intérêt public au centre des préoccupations et qui, pour ce faire, instaure une limite à la possession de capital pour mettre fin aux dérives d’un pouvoir cancérisant tous les autres. » (S.T.). Oui oui oui ! Nous aussi !

Lors de la restitution à la Librairie Kléber, on a remarqué cependant que bien peu d’élèves se sentaient déjà réellement européens : ils se sentent français, alsaciens, etc, mais guère européens. D’où l’importance de la construction de l’identité européenne, que ces jeunes gens n’ont pas esquivée, malgré sa difficulté.

Enfin, on déplore souvent le manque de sensibilité historique des djeuns, leur implication exclusive dans un seul aspect temporel : le présent. Et pourtant, lors de cette rencontre, les élèves ont applaudi avec chaleur et longuement une personne beaucoup plus âgée qu’eux, qui rappelait les évidences qui n’en sont plus forcément : l’importance essentielle de la PAIX, de l’entente entre les peuples, et de l’effacement des frontières.

Très encourageant,tout cela.Malgré tout.

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