L’Europe et le terrorisme

L’Europe souffre du terrorisme et des attaques à répétition. Mais l’Europe n’est pas seul dans cette souffrance – le terrorisme est un phénomène qui touche le monde entier. Donc, il faut trouver des solutions à l’échelle mondiale.

La carte mondiale du terrorisme 2016 montre que le monde entier est concerné par la lutte contre le terrorisme. Foto: PeaceTech Lab avec Esri

(KL) – Est-ce que le monde politique a vraiment compris toute l’étendue du problème du terrorisme ? Lorsque l’on regarde les réactions aux attaques terroristes, que ce soit en France, en Belgique ou en Allemagne, on peut en douter. Après chaque attaque terroriste, les états se précipitent à prendre des mesures qui veulent avant tout calmer les populations dans le pays concerné. Si c’est compréhensible, cela ne résout en rien le problème – qui touche non seulement des pays individuels, pas des continents, mais le monde entier.

1807 attaques terroristes ont été enregistrées en 2016, faisant 15937 victimes. La carte montre que ces attaques se sont globalisées – plus aucun endroit au monde ne peut être considéré comme « sûr ». On est donc en droit de se poser la question si les mesures prises ou à venir dans les différents pays (état d’urgence, renforcement du cadre législatif etc.) pourront réellement résoudre le problème du terrorisme.

En attendant que le monde politique prenne conscience que la solution ne peut pas consister à bombarder le Proche et Moyen Orient, la peur s’est installée en Europe et ailleurs. Cette peur est devenue une accompagnatrice quotidienne, dans les transports en commun, dans des manifestations publiques, dans les gares et aéroports. Mais cette peur est dangereuse – elle est le prélude à l’instauration d’une société anxiogène qui est basée sur l’assomption qu’on ne peut rien y changer de toute manière.

Pourtant, on pourrait. Mais le terrorisme, comme bon nombre d’autres activités illégales, a besoin de financements et de transactions financières. Des organisations comme « Daesh » disposent, tout comme d’autres organisations terroristes, de comptes bancaires dans des banques qui elles, sont reliées aux systèmes bancaires mondiaux. Pour priver ces organisations terroristes et criminelles des fonds opérationnels, il convient donc d’exercer une forte pression sur le monde bancaire pour que celui-ci isole les banques qui font des affaires avec ces organisations pour les obliger à geler, à fermer les comptes des terroristes.

Organiser des attaques terroristes, se procurer des armes, la logistique compliquée – tout cela nécessite des fonds difficiles à couvrir avec de l’argent liquide. De plus, obliger les terroristes à se déplacer avec de fortes sommes d’argent, rendrait leurs opérations plus difficiles – aux aéroports, dans les gares, aux frontières, il n’est pas facile de passer avec des liasses d’argent en numéraires. Pour gagner le contrôle sur les systèmes bancaires, une action concertée au niveau mondial serait nécessaire et une telle action ne dépend que de la volonté des états.

D’autres mesures seraient envisageables, mais seulement à condition qu’elles soient concertées à la plus grande échelle possible. Pour vaincre le terrorisme, les méthodes utilisées jusqu’alors ont échouées, pire, la « guerre contre le terrorisme » initiée par les Etats-Unis et suivie avec enthousiasme par les états qui excellent dans la production et la vente d’armes, n’a fait que stimuler le terrorisme, a déclenché la plus grande vague de migration (les réfugiés qui fuient les scènes de guerre) depuis une éternité et en somme, cette « guerre contre le terrorisme » n’aura servie qu’aux Halliburton, Dassault, Rheinmetall et les autres.

Dans un premier temps, c’est l’Europe qui doit prendre l’initiative de rassembler déjà les états-membres de l’Union Européenne pour une démarche commune en ce sens, prévoyant dès le départ d’y associer les autres régions du monde qui, en partie, souffrent encore beaucoup plus du phénomène du terrorisme que l’Europe.

Même si cela ne fait pas plaisir – mais les réactions nationales aux attaques terroristes ne font que favoriser un climat propice aux activités terroristes. Aucune des mesures prises actuellement n’augmente réellement la sécurité. Il serait donc temps de changer de stratégie et d’opter pour des approches qui pourront réellement affaiblir le terrorisme. Si 15937 victimes du terrorisme en 2016 ne constituent pas une raison suffisante pour changer de stratégie, cela voudrait dire que nous avons abandonné la lutte contre le terrorisme et que nous nous limitons à réagir tant bien que mal aux symptômes. Ce qui ne résout rien.

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