Une partie de poker à Bruxelles

Le sommet européen à Bruxelles s'est transformé à un marchandage digne du Grand Souk à Istanbul. La mise : le sort de centaines de milliers de réfugiés.

Comme ici à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, l'Europe se montre incapable de mener une politique solidaire et humaniste. Foto: Bundesministerium für Europa, Integration und Äusseres / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Il fallait s’y attendre. L’Union Européenne n’a une nouvelle fois pas réussi à parler d’une seule voix concernant le dossier des réfugiés. Les sommets se suivent et se ressemblent, mais puisqu’on n’arrive pas à avancer à 28, on ajoute encore la Turquie, certainement pour le côté folklorique des marchandages. Le manque de cohérence européenne se montre jusqu’aux détails – tendis que la majorité des états-membre voulait déclarer la «Route des Balkans» fermée, Angela Merkel s’y oppose. Et une nouvelle fois, elle se bat seule contre tous. La chancelière allemande souhaite garder cette route ouverte pour les réfugiés syriens qui autrement, n’ont pas d’autre solution que de confier leur vie à des passeurs d’hommes. Ce qui n’est pas exactement ce que l’Union Européenne veut.

Le cynisme des représentants européens devient insupportable. Peut être faudra-t-il leur rappeler qu’ils sont en train de parler des destins de centaines de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants qui eux, tentent uniquement de sauver leur vie. Dans cette situation, il est logique que la fermeture des itinéraires à travers les pays des Balkans n’arrêtera pas l’afflux des réfugiés, on les oblige tout simplement d’emprunter d’autres voies encore plus périlleuses. Garder l’itinéraire par les Balkans ouvert, ce serait un geste humanitaire pour éviter que la catastrophe humaine qui se passe à deux heures d’avion de chez nous, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, ne s’aggrave. Plus de 13000 réfugiés attendent devant cette frontière, encerclés par des forces de l’ordre et les réfugiés y vivent un deuxième traumatisme après celui qui les a conduit à quitter leurs maisons, villes et villages.

Il est honteux que l’Europe institutionnelle ferme les yeux devant cette tragédie en traitant ce dossier comme une équitation mathématique. Et il est tout aussi honteux que l’Europe institutionnelle n’arrive pas à faire comprendre aux états-membres de l’Europe Centrale, de la Hongrie à la République Tchèque, que la solidarité ne fasse pas partie des éléments optionnels en Europe. Les pays des Balkans se mettent en position de «hors-jeu» et si la Hongrie et les autres pays des Balkans préfèrent les barbelés à la solidarité et à l’humanisme européen, c’est leur droit, mais nous autres européens, nous sommes alors en droit de désormais refuser toute demande de soutien, de subvention et de coopération émanant de ces états qui en toute occurrence, ne partagent en rien les valeurs européennes.

A Bruxelles, c’est la délégation turque sous la direction du Premier Ministre Ahmet Davutoglu qui a passé une après-midi sympathique. La Turquie a présenté des postulats énormes, demandant plusieurs milliards de plus, une nouvelle règle concernant l’obtention de visas pour les ressortissants turcs dès le mois de juin (et non pas à partir d’octobre), et d’autres éléments. Et puisque les responsables européens ont désigné la Turquie comme le sauveur potentiel, on discute même les conditions les plus farfelues qu’émet la Turquie, mais là aussi, l’Europe produit une belle cacophonie. L’Autriche voudrait que l’Allemagne, la Suède et  elle-même touchent des fonds européens pour gérer l’accueil des réfugiés, les états de Visegrad (la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie) se braquent toujours à l’idée d’un accueil, la Grande Bretagne et le Danemark ne font, de toute manière, pas partie des états concernés par l’accueil des réfugiés et on est en droit de se demander à quoi sert cette Europe institutionnelle qui remet son avenir entre les mains d’un personnage aussi fantasque que Recep Tayyip Erdogan.

On négocie actuellement la reprise par la Turquie, de réfugiés auxquels l’UE a refusé l’asile, en échange de réfugiés syriens qui devraient être acheminés directement depuis la Turquie vers l’UE, on parle de centres d’accueil en Turquie, de centres d’enregistrement, de sommes énormes, mais on ne parle pas du sort des centaines de milliers de personnes qui devront encore quitter leur pays. Ou du sort des 200 000 syriens qui attendent actuellement un bateau en Libye. Ou des milliers de personnes qui continuent à se noyer en Méditerranée.

Force est de constater que la scission européenne que tout le monde dit vouloir éviter, vient d’avoir lieu. Les ultra-nationalistes de l’Europe Centrale ne peuvent plus être considérés comme «partenaires européens», la Turquie devient l’état qui peut dicter ses conditions à l’UE, l’unité européenne comme l’Espace Schengen font partie du passé.

Et puisque la politique européenne échoue aussi lamentablement dans ce dossier, il sera temps que la société civile s’organise pour envoyer un message aux états concernés – par exemple en boycottant le tourisme vers les pays qui refusent de se comporter de manière solidaire et européenne, en stoppant les importations, en suspendant tout commerce avec ces pays.

Le Conseil de l’Europe avait suspendu le droit de vote de la Russie suite à l’annexion de la Crimée. Qu’attend le CoE pour en faire pareil avec les états de Visegrad qui sont en train de violer des principes sacrés européens ? A quoi servent tous ces organismes diplomatiques s’ils n’interviennent pas au moment où on en a le plus besoin ?

Et un moment donné, il faudra se rendre à l’évidence. Les différentes extensions de l’Union Européenne ont été opérées trop vite, la règle de l’unanimité paralyse le développement européen et il sera impératif de refonder l’Union Européenne. Avec de nouvelles règles, avec moins d’administrations, avec plus d’unité et uniquement avec des états qui partagent certaines valeurs fondamentales. Et il faudra le faire rapidement, avant que les 500 millions européens et européennes ne se détournent définitivement de ce magnifique concept théorique qu’est l’Europe.

2 Kommentare zu Une partie de poker à Bruxelles

  1. sie HABEN CAHNCE SO EINEN Engel Angela haben IM NAMEN INES ElsÄSSER?'S // 13. März 2016 um 21:11 // Antworten

    Europa scheint mir ein VEREIN OHNE DYNAMIC Ohne GEIST MIT FRATERNITÄT OHNE MACHT OHNE RECHTE UN UBERWACHUNG und kein ERFINDUNG FUR DAS EUROPA europÄsch ZU MACHEN mAN MEINT ES FÄHLT DER Glaube UND OHNE KRIEG NICHTS ANDERES ZU TUN UM EUROPA BESSER RESPECKTIEREN UND EINE ZUSAMMENNHALTUNG ZU RECHTZUBRINGEN MIT MODERNITÄT UM DEN LAndern EINE Zusammenhaltung bei zu bringen EIN BEISPIEL das ELSASS SOLLTE WIE LUXEMBURG EINE ROLLE HABEN MITTEN DRIN EIN EXEMPLARITät DER ZUSAMMENHALTTUNG UN VERSTÄNDIGUNGMIT VERSTÄNDNIS ALS EXEMPARITÄT DER FREIHEIT UN BRUDERLICHKEIT ABER NULL SOGAR GEGENTAIL
    WENN SIE NOCH MEHR VORSCHLÄGE WOLLE UND ZUSAMMENHALT STEHE ICH IHNEN ZU VERFUGUNG

    • Kai Littmann // 13. März 2016 um 21:59 // Antworten

      Monsieur le Sénateur, je partage votre point de vue. Face à la montée des extrémistes partout en Europe, seule une Europe forte et solidaire, fédérale, pourrait apporter une réponse aux questions brûlantes de notre époque. Mais plus les choses avancent, plus je commence à avoir peur qu’il ne soit trop tard. Probablement, il faudra refonder l’UE avec moins de pays, mais des pays qui partageraient au moins des valeurs communes, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Et vos suggestions, Monsieur le Sénateur, sont toujours les bienvenues ! Très cordialement Kai Littmann

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste