L’Europe ne pourra pas gagner la guerre économique contre la Russie
A un moment où l’économie russe souffre de la dévaluation de sa monnaie, l’Europe ne veut pas revoir sa politique des sanctions. Elle payera plus tard.

(KL) – Le conflit autour de l’Ukraine démontre le grand malaise qui règne entre la Russie et l’Europe. Les sanctions prononcées par l’UE n’ont rien changé dans l’est de l’Ukraine, où chaque jour qui passe cimente le statut quo. Il s’agit d’une crise politique, d’un bras de fer entre Vladimir Poutine et l’Ouest, mais force est de constater que les sanctions économiques n’avaient pas la moindre incidence sur la politique du Kremlin. Maintenant que le rouble se trouve en chute libre, ces sanctions n’affectent pas vraiment le président russe, mais la population russe. Qui elle, n’ira certainement pas renverser Poutine, au contraire. Les sanctions ne font que renforcer le sentiment en Russie de se trouver au milieu d’une grande guerre contre les fascistes de l’Ouest – le soutien pour Poutine ne s’effondera pas, mais deviendra tous les jours un peu plus fort.
En Allemagne, des représentants de la Grande Coalition se frottent les mains, indiquant que la crise actuelle en Russie démontre l’efficacité de ces sanctions. Erreur. Ces sanctions ne font que pousser la Russie vers d’autres partenaires géostratégiques et si les politiques allemands regarderaient un peu plus attentivement, ils comprendraient que ce processus est déjà enclenché depuis un bon moment.
Ce n’est pas pour rien que Poutine ait invité le numéro un chinois à Moscou. La Chine sera non seulement le plus important partenaire économique de la Russie, mais également le partenaire stratégique le plus fort. Il suffit de regarder les faits. Le nouveau gazoduc entre la Russie et l’Europe ne sera pas construit. A la place, la Russie a conclu le plus grand contrat commercial jamais conclu avec la Chine, portant sur des fournitures de gaz naturel d’une valeur de 400 milliards de dollars – le gazoduc entre la Russie et la Chine coûtera à lui seul, plus de 70 milliards de dollars. Poutine cherche aussi le rapprochement géostratégique avec la Turquie, avec un Erdogan qui vient juste de déclarer qu’il n’a plus envie que son pays entre dans l’Union Européenne et qui est actuellement en train d’abolir des droits citoyens fondamentaux en Turquie – un signal clair en direction des patrons des états BRICS.
Comment peut-on se frotter les mains en constatant que la population russe souffre de ces sanctions qui se traduisent pour les Russes par une hausse soudaine des prix, qui pour certains produits peut atteindre les 100%, sans parler de la pénurie d’autres produits. Est-ce que l’Ouest pense réellement pouvoir semer le mécontentement dans la population russe, dans l’espoir que celle-ci se révolte contre son Président ? Cela ne ressemble pas à la mentalité russe – en Russie, lorsque les temps deviennent rudes, la population serre les coude et défend solidairement la «mère patrie», comme elle l’a toujours fait.
Par contre, ceux qui jubilent aujourd’hui en pensant mettre à mal le président russe, se tairont probablement lors du retour de la manivelle. Qui arrivera inévitablement. Même si la Russie doit d’abord traverser la vallée de la crise actuelle – il ne faut pas oublier que celui qui tire les ficelles dans l’organisation BRICS, est Vladimir Poutine. Et les états BRICS, il n’y a aucun doute, seront la grande puissance mondiale de demain. Qui se souviendront de ces sanctions le moment venu.
Après la Ière Guerre Mondiale, les Alliés avaient songé à transformer l’Allemagne vaincue en une sorte de grande exploitation agricole, dépourvue de toute industrie, armée et puissance. Au lieu de réduire l’Allemagne à un état produisant des patates, les Alliés avaint décidé de ne pas pousser l’humiliation jusqu’au bout et de permettre à l’Allemagne de revenir dans la communauté des états. S’il fallait encore une guerre aux Allemands pour comprendre les règles de la communauté internationale, l’Ouest jubile actuellement devant le fait que Poutine soit en difficulté. C’est une attitude bête. Bête et méchante.
Dans un monde globalisé, c’est la dernière des choses à faire – couper les ponts. Il n’y a qu’une seule voie pour tenter de résoudre les crises actuelles – la diplomacie. Car la confrontation à venir, entre les états BRICS et l’Ouest, l’Ouest ne pourra pas la gagner. Ni économiquement, ni militairement. L’avenir de l’humanité ne passera pas par les conflits, mais par les ententes. Pour lesquelles il faut trouver des solutions. Si jusqu’alors, ni le conflit au Moyen Orient, ni en Ukraine, ni dans le monde n’a pu être résolu, c’est qu’on a pas encore trouvé les bonnes approches. Auxquelles il convient de songer. Faire souffrir les population des pays, ce n’est pas la voie qui mène à l’entente. Cette approche crée de la haine et ce, pour longtemps. Et force est de constater que nos pays sont gérés par des responsables qui ne méritent pas cette appellation. Le monde brûle et nos dirigeants ne pensent qu’à la prochaine échéance électorale. Inquiétant.
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