L’Europe parle à elle-même
Certes, les leaders européens et les médias mainstream célèbrent le sommet de Londres, comme un point de départ vers un processus de paix. En attendant, on augmente le financement de la boucherie en Ukraine.

(KL) – Ils sont contents d’eux-mêmes. Très contents, même. Sans avoir les moyens de mettre en œuvre leurs annonces, les leaders européens discutent de la meilleure façon de prolonger la guerre en Ukraine de manière illimitée, ils se racontent à eux-mêmes qu’ils aient la puissance de forcer les USA à sauver les meubles pour l’Ukraine et l’Europe et pour le reste, on veut entrer dans une course effrénée de l’armement et – on se trompe dans tous les domaines d’interlocuteur.
Non seulement, les Européens déclarent de manière arrogante qu’ils seraient en mesure de convaincre Donald Trump que ce serait dans son intérêt de continuer à verser des milliards à l’Ukraine, faisant fi des voix comme celle d’Elon Musk qui préconise aujourd’hui la sortie des USA de l’ONU et de l’OTAN. Et visiblement, les Européens n’ont pas écouté quand Trump avait dit « l’Europe a été fondée pour bai… la gueule aux États-Unis ». Trump a déjà fait ses adieux à l’Ukraine et à l’Europe, et nos leaders pensent toujours pouvoir le convaincre de résoudre le conflit en Ukraine.
Mais pourquoi convaincre les USA ? Ce ne sont pas les Américains qui ont envahi l’Ukraine, mais les Russes. Mais on ne discute pas avec les Russes. On discute entre nous, en nous persuadant de notre puissance. La France dispose de 300 têtes nucléaires, la Grande Bretagne de 225 têtes nucléaires d’un modèle ancien, les USA ont 3600 têtes nucléaires et la Russie – 6000. Et toutes nos « stratégies » sont basées sur l’étrange idée que quoi qu’il arrive, Poutine n’utilisera jamais ses armes nucléaires. Et nous continuons à nous auto-convaincre que cette Europe des 27 soit en mesure de battre la Russie militairement et de pouvoir faire tellement peur à Poutine et maintenant aussi à Trump, pour que ces personnes fassent ce que les Macron, Starmer et Zelenskyi veulent leur dicter.
La réponse européenne a été donnée par Ursula von der Leyen, qui demande à ce que « l’Europe se réarme le plus rapidement possible ». Espérons qu’elle s’y prendra autrement que lors de son mandat de ministre de la défense allemande, lorsqu’elle avait ruiné la Bundeswehr, l’armée allemande, dilapidé des sommes énormes et essuyé son scandale McKinsey (à l’époque, Angela Merkel l’avait sauvé d’une procédure juridique en la plaçant au poste le plus important en Europe, à la tête de la Commission européenne). Donc, l’Europe prévoit de devenir partie prenante de cette guerre, mais à vrai dire, en finançant cette guerre depuis trois ans, autant pour l’Ukraine que pour la Russie, l’Europe est déjà partie prenante de cette guerre depuis un bon moment.
Tous les plans grandiloques des Européens sont basés sur l’idée que Poutine ne réagira pas. Qu’il reste assis sur le plus grand arsenal nucléaire, les bras croisés, en regardant l’Europe s’organiser pour « le mettre à genoux ». Mais puisque l’Europe refuse de parler et de négocier avec la Russie, rien ne changera, sauf qu’on assistera à l’escalade incontrôlée de cette guerre.
Si ce n’était pas triste, on pourrait presque rire quand un Emmanuel Macron parle de Donald Trump, estimant qu’il suffit qu’il se rend à Washington avec Keir Starmer et Volodomyr Zelenskyi pour convaincre « son bon ami » d’intervenir auprès de Vladimir Poutine.
En attendant, l’Europe est retombée dans les narratifs zelenskyiiens, selon lesquels il faut que l’Ukraine puisse imposer, « depuis une position de force », une « juste paix » à Poutine. La « position de force » est aujourd’hui une défense ukrainienne en train de collapser, une « juste paix » n’a jamais existé comme issue d’une guerre. Mais c’est tellement commode de répéter ces slogans, puisque cela évite aux Européens, comme pendant les trois dernières années, de réfléchir et d’évaluer la situation de manière réaliste.
Donc, les Européens parlent aux Européens, ne comprennent pas les changements intervenus aux USA, refusent de parler avec Poutine, pensent toujours que la Russie ne soit pas portée par les états BRICS (qui représentent seulement la moitié de la population mondiale et un PIB supérieur à celui des G7) et se surestiment de manière dramatique.
Les plans discutés à Londres, à savoir l’envoi de soldats européens, une fois un cessez-le-feu signé, font fi du fait que personne n’est en train de discuter d’un cessez-le-feu. Pourtant, un cessez-le-feu ne peut pas être décidé entre Européens, il ne peut pas non plus être décidé entre l’Europe et les USA, mais uniquement avec la Russie, que ça plaît ou pas.
Puisque l’Ukraine ne peut pas gagner militairement cette guerre, il faut que ce soit l’Occident qui le fasse. Et puisque les USA sont sortis du dossier, ce sera donc aux Européens de le faire. Donc, des soldats européens devraient mourir pour l’Ukraine, tandis que Zelenskyi refuse toujours d’appeler les hommes ukrainiens en-dessous de 27 ans sous les drapeaux. Mais tout est normal. Et ceux qui ne participent pas à cette béatification de Zelenskyi, ceux qui parlent en faveur de la paix, sont traités de « pro-Poutine ». La folie se généralise et devient la nouvelle norme et tout un chacun qui refuse cette course folle vers la IIIe Guerre Mondiale, est considéré comme un traître et soutien de la Russie. Espérons qu’une attitude pro-paix redevienne un jour la normalité sur un continent qui avait été distingué par le Prix Nobel de la Paix il n’y a pas longtemps. Mais il faudra probablement attendre la fin de la IIIe Guerre Mondiale avant que l’Europe se souvienne que la paix est meilleure que la guerre.
Oui c’est vrai, Zelensky a commis des erreurs, indéniablement mais peut-il en être autrement chez un chef d’Etat soumis depuis 3 ans au stress terrible de l’agression de son pays par son voisin et exposé aux atrocités quotidiennes subies par son peuple ? C’est un peu facile – et parfaitement indécent – de tirer à boulet rouge sur celui à qui, rappelons-le, il a été proposé au début de la guerre de quitter son pays pour se mettre en sécurité à l’Ouest. Il ne l’a pas fait et c’est tout à son honneur. Quant à l’Europe, il est plus que temps qu’elle prenne enfin les bonnes décisions pour pallier à sa vulnérabilité militaire. Non, Poutine ne va pas attaquer de front l’ensemble des pays de l’Otan, mais comment réagirons-nous s’il décidait juste de s’en prendre à Narva, une ville estonienne à majorité russophone ? Ce n’est pas le désir de paix qui anime l’esprit des autocrates mais le désir de victoire et l’Europe ne sera rien si elle ne pourra s’appuyer sur une puissance militaire respectée. C’est basique car souvenons nous des mots de Staline : “Le Vatican, combien de divisions ?”