L’Europe reléguée en L2 de la politique ?
Les crises internationales et le courant néo-nationaliste un peu partout en Europe, font que l'importance de l'Union Européenne est en chute libre. Jusqu'où ?
(KL) – En ce début d’une nouvelle mandature des instances européennes, force est de constater qu’il n’y a plus grand monde qui s’y intéresse. Depuis l’élection européenne du 9 juin, transformée dans quasiment tous les pays en scrutin national, le sujet « Europe » a disparu des écrans. L’insignifiance politique de l’Union Européenne est inquiétante et n’annonce rien de bon.
Les états-membre de l’Union glissent, les uns après les autres, vers une extrême-droite néo-nationaliste, suivant le leitmotiv de Donald Trump « Make America great again ». Il suffit de remplacer « America » par Italie, Pays-Bas, France, Allemagne, Autriche, Suède ou d’autres, et on aura bien capté le vent qui souffle actuellement en Europe.
Cette évolution dessert les intérêts des 27 états-membre, car la gravité des crises actuelle nécessiterait que l’Union avance de manière solidaire, qu’elle développe de nouvelles idées, qu’elle gagne un nouveau profile, au lieu d’administrer les problèmes à coups de milliards qu’on verse soit à des banques, soit à des régimes douteux pour que ceux-ci empêchent, coûte que coûte, les réfugiés de se mettre en route vers l’Europe.
Mais l’Europe doit représenter bien plus qu’une tire-lire pour des banques qui ont misé sur les mauvaises valeurs. Pour que l’Europe puisse se réformer, ce qui constitue une nécessité absolue, il aurait fallu que nos eurodéputés aient le courage de renvoyer Ursula von der Leyen à la retraite. Mais celle qui représente actuellement le plus grand danger pour la cohésion européenne, a été élue par les votes d’une partie de l’extrême-droite, par une partie de l’extrême-gauche, par une partie des Verts et bien entendu, par le centre conservateur. Une erreur de casting qui risque de coûter très cher à l’Europe.
Aujourd’hui, le discours politique ne passe plus par Bruxelles, mais par Beijing, Moscou, Washington, Ankara et Ottawa. L’Europe est devenu davantage spectateur des grands mouvements mondiaux et en vu du nombrilisme national prôné par cette extrême-droite qui a le vent en poupe, cela n’a rien de surprenant. Aujourd’hui, le nationalisme a pris le dessus sur l’élan européen et donc, la perte de poids politique en est une conséquence logique.
Les 27 n’agissent et parlent plus comme une « Union », mais chacun tente de tirer son épingle du jeu, sans se soucier des options européennes. L’Union européenne manque terriblement d’union…
Le temps presse, le monde et ses évolutions n’attendent pas que l’Union européenne ait trouvé l’unanimité dans ses positions. En l’absence d’un vrai pouvoir d’action, l’Europe a perdu son standing sur l’échiquier international. Pourtant, cela n’empêche pas certains leaders européens de continuer à penser que l’Europe soit toujours le nombril du monde et à donner des leçons qui n’intéressent plus grand monde.
L’Union européenne a besoin de réformes et ce, d’urgence. Continuer comme aujourd’hui, mène l’UE droit dans le mur. Mais pour retrouver le chemin vers une plus grande unité, le néo-nationalisme constitue un vrai obstacle dont les promesses ne se réaliseront pas. Au contraire. Mais qui au sein des institutions européennes pourrait et voudrait déclencher un processus de réforme ? Qui au sein des institutions européennes combat sérieusement la corruption, l’espionnage, la trahison ? Qui au sein des institutions européennes travaille pour une Europe sociale, une Europe de la Santé, une Europe de la Sécurité, une Europe humaniste ?
Mais force est de constater que les institutions, à l’exception du Conseil d’Europe qui a toujours fonctionné autrement que le parlement, la commission et le conseil européen, n’ont ni la motivation, ni la force de se réformer de l’intérieur. Il faut espérer que les responsables politiques européens comprennent le danger de laisser les néo-nationalistes s’approcher du pouvoir. Si l’évolution continue comme actuellement, l’Europe se rétrécira de plus en plus.
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