L’Europe s’arrête à Visegrad

Une enquête menée dans les 4 états dits de Visegrad (Pologne, Slovaquie, République Tchèque, Hongrie) plus en Autriche montre que les valeurs européennes ne sont pas partagés à l'est de l'Europe.

Les chefs des gouvernements des états de Visegrad ont déjà pourri une bonne partie de leur jeunesse. Foto: Chancellery of the Prime Minister of Poland / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Une enquête menée par la Fondation Bertelsmann a montré l’un des grands problèmes de l’Union Européenne – un clivage énorme entre l’Europe de l’Est et l’Europe occidentale. Interrogés sur différentes questions concernant l’Europe, les 15 à 24 ans dans le pays de l’Europe Centrale et l’Europe de l’Est ont fait preuve d’une mentalité peu européenne. Le leitmotiv : « Soyez solidaires avec nous, mais ne nous demandez pas d’être solidaires à notre niveau ». Déplorable.

Si, les jeunes dans les pays de Visegrad (Pologne, Slovaquie, République Tchèque, Hongrie) et en Autriche aiment bien l’Europe. Ainsi, dans ces pays, 78% des 15 à 24 ans estiment que l’Union Européenne joue un rôle important pour maintenir la paix entre les états-membres. 66% apprécient la possibilité de pouvoir s’installer et travailler dans un autre pays européen, et 62% estiment que pouvoir étudier dans un autre état-membre de l’UE constitue une plus-value. Ce qui est juste.

Et l’appréciation positive de l’UE ne s’arrête pas là. Pour 60% des sondés, l’UE et la seule autorité capable d’instaurer des standards environnementaux communs, 53% se réjouissent de la libre circulation dans l’espace Schengen et 45% soulignent l’importance du transfert de fonds européens vers les pays émergeants de l’Union, donc et surtout, vers les états de Visegrad.

Donc, on aime bien l’Europe, dans les états de Visegrad. Mais seulement lorsqu’il s’agit de profiter des bienfaits de cette Union Européenne – dès qu’il s’agit de se montrer soi-même solidaires, les jeunes dans ces 5 pays ne veulent plus entendre parler d’Europe.

Interrogés s’ils estiment que les états-membres de l’UE devraient être solidaires en accueillant des réfugiés de zones de conflits, seules les jeunes Autrichiens sont d’accord (61%) – plus à l’est, c’est le mur de l’égoisme. 73% des jeunes Polonais ne veulent pas accueillir des réfugiés, tout comme 75% des jeunes Slovaques, 70% des jeunes Tchèques et 72% des jeunes Hongrois. Décidemment, la propagande xénophobe des Orban, Zeman, Fico et Szydlo a fait de l’effet – dans les états de Visegrad, on craint rien, sauf les réfugiés, même si le nombre de réfugiés ayant trouvé asile dans ces pays, est ridiculement faible.

Cette enquête montre clairement que l’Union Européenne est considérée comme une sorte de supermarché à l’est de l’Europe. L’oncle bruxellois sert juste à envoyer des chèques, mais pour le reste, on s’en fiche des valeurs européennes. Mais l’Europe n’est pas ça, l’Europe ne peut avoir une pespective commune que si elle s’entend sur certaines valeurs de base.

Les 4 états de Visegrad profitent bien de l’UE et c’est bien ainsi. C’est l’un des objectifs de cette Union Européenne de pouvoir adapter les conditions de vie dans les pays moins fortunés à un niveau européen, de mener des projets d’infrastructure, de développement structurel et économique. Le rejet de ceux qui ont besoin du soutien et de la solidarité de l’Europe, est carrément honteux.

Les jeunes générations dans les états de Visegrad sont intoxiqués par la propagande nationaliste de leurs gouvernements et cette évolution est inquiétante. Comment construire une « Europe des Valeurs » si même des valeurs basiques ne sont pas partagés ?

Tout comme il n’est plus envisageable de continuer à verser des milliards à la Turquie pour financer les projets de promotion de l’état de droit et de la démocratie, il convient de remettre en question les relations avec les états de Visegrad. Il semblerait que seule une Europe Fédérale capable de délibérer à la majorité et non pas à l’unanimité puisse constituer un projet européen viable. Et il faudra aussi songer à attacher certaines subventions versées à ces états au respect des règles de base qui ne sont pas négociables.

Et si les états de Visegrad ne se retrouvent pas dans les valeurs européennes, ils peuvent actuellement suivre en direct leur alternative – s’ils ne sont pas contents, ils peuvent actionner l’article 50 des Traités Européens et quitter l’Union Européenne. Et, pourquoi pas, rallier la Russie qui elle, représente certainement une interprétation des Droits de l’Homme plus proche de ce que souhaitent ces états…

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