L’Europe se calfeutre dans ses quatre murs
Le Parlement européen, lors de sa séance à Bruxelles, a voté en faveur d'une réforme du droit de l'asile et se met à plat ventre devant l'extrême-droite qui a le vent en poupe.

(KL) – La riche Europe ne veut plus des réfugiés. La réforme du droit d’asile transforme les requérants d’asile en une sorte de criminels qui seront désormais internés à leur arrivée dans la « terre promise » où ils espèrent trouver protection contre guerres, guerres civiles, famines, catastrophes naturelles et régimes brutaux. Le vote à Bruxelles qui intervient à quelques semaines des élections européennes, n’est rien d’autre qu’une révérence à l’extrême-droite qui s’apprête à gagner ces élections. Histoire de montrer que les autres partis peuvent parfaitement se comporter comme l’extrême-droite, lorsque les circonstances le nécessitent pour se maintenir au pouvoir.
Concrètement, les nouvelles règles prévoient que les états-membre appliquent une procédure identique aux frontières extérieures, qu’on y interne les réfugiés et migrants pendant jusqu’à 12 semaines, le temps de décider de leurs demandes d’asile et que l’on puisse les renvoyer immédiatement après avoir refusé l’asile. Ainsi, on espère surtout contourner le fait que plusieurs états européens, comme la Pologne ou la Hongrie, refusent systématiquement d’accueillir des réfugiés.
« On ne peut pas accueillir toute la misère du monde », est l’argument principal avec lequel la politique européenne abonde dans le sens de l’extrême-droite européenne. Mais déjà cette phrase relève du pur populisme. L’Europe n’accueille pas « toute la misère du monde ». Sur les environ 110 millions de personnes qui sont actuellement déplacées (et donc, réfugiés ou migrants) dans le monde, 601 600 ont fait une demande d’asile en 2023 en Europe. Cela représente légèrement plus que 0,5% des réfugiés et migrants dans le monde. Donc, difficile de parler « d’accueillir toute la misère du monde ».
Mais en vue des sondages qui voient dans de nombreux pays européens une percée de l’extrême-droite et ultra-nationaliste, les eurodéputés ont trouvé une majorité pour ce durcissement des règles de l’asile parmi les partis traditionnels qui aujourd’hui, ont tous peur de se faire écraser par ce « vent brun » qui souffle sur l’Europe. Mais est-ce que l’on peut être crédible dans son opposition à cette montée de l’extrême-droite, en votant comme elle ?
L’Europe connaîtra d’autres vagues de réfugiés, y compris intra-européennes et ce, non seulement à cause des guerres. Lorsque le changement climatique aura submergé une bonne partie des Pays-Bas, de la Belgique, du littoral français, danois et allemand, de millions d’Européens seront déplacés. Et à ce moment-là (que les scientifiques situent aux alentours de l’an 2050), on s’en souviendra peut-être de l’année 2024, lorsque les institutions européennes auront mis en œuvre des camps d’internement pour réfugiés. Décidément, le monde est en train de perdre ce qui restait encore de ces « valeurs ».
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