L’Europe se prépare au «Grexit» – au lieu de l’empêcher

L’Europe vivra une épreuve particulière qui risque d’avoir un effet domino - au lieu de sauver la Grèce des banques, on sacrifie l’idée d’une Europe solidaire sur l’autel des marchés.

En cas du "Grexit", même le tourisme s'écroulerait dans ce paradis qui est la Grèce, comme ici à Thira. Foto: Tzekaria / Wikimedia Commons / PD

(KL) – L’évolution en Grèce est actuellement suivie par le public comme un match de foot. Tous les jours, le match pourrait basculer et on regarde avec un certain intérêt comment le gouvernement grec se bat pour éviter le dépôt de bilan de son pays. Pourtant, ce gouvernement ne fait que tenter de résoudre un problème que d’autres lui ont laissé – à savoir les gouvernements conservateurs précédents qui eux, étaient les grands copains de l’Europe institutionnelle. Logique, car ils étaient nombreux à se remplir les proches sur le dos d’un pays qui se trouvent depuis de longues années en difficultés. Mais tant qu’on pouvait gagner de l’argent dans le contexte de la crise grecque, personne n’avait l’intention de laisser tomber le pays inventeur de la démocratie.

En bon Allemand, le ministre des finances Wolfgang Schäuble a demandé la mise en œuvre de «règles» pour les pays qui écroulent sous la politique d’austérité de sa chancelière – des «standards de la misère», en quelque sorte – pour éviter que d’autres pays européens puissent être entrainés dans la tourmente d’un dépôt de bilan. Mais au lieu d’organiser la catastrophe, il ferait mieux de s’employer à l’éviter.

Seul problème des managers du désespoir européen – on ne peut pas virer un pays de la zone euro. Les seuls qui puissent décider d’une sortie de la monnaie commune, ce sont les Grecs qui eux, savent pertinemment que le «Grexit» dont rêvent les Schäuble, Dijsselbloem & Cie. entrainerait la Grèce dans une crise encore beaucoup plus marquée.

Le «Grexit» ne servirait, comme toute la politique européenne en la matière, que les intérêt des banques. Le scénario est simple – la Grèce abandonnerait l’Euro et introduirait à nouveau la drachme. Une dévaluation immédiate réduirait la valeur de la monnaie grecque à rien, ce qui permettrait au pays de rembourser ses dettes. Ensuite, l’économie en Grèce ne pourra jamais plus repartir – inflation, perte des rares emplois, fin d’une véritable production industrielle – l’économie grecque ne pourra ni faire face au prix d’énergie, ni acheter des pièces ou de la matière premières à l’étranger, faute de devises pour les payer. Un scénario d’horreur.

Si les responsables européens estiment que la Grèce pourrait se relancer grâce au tourisme, il faut arrêter le cynisme. Comme tous les autres secteurs économiques, le tourisme s’écroulerait comme le reste et il est carrément indécent de songer à un tourisme dans un pays qui aura été sacrifié par l’Europe pour arranger les affaires des marchés financiers.

Qu’attendent-t-ils pour enfin éponger l’ardoise grecque ? Pourquoi l’Europe est incapable d’évaluer la cohésion européenne plus fort que le mic-mac des banques ? Soyons clairs – les négociations actuelles ne portent pas sur une éventuelle relance de la Grèce, mais sur des milliards que des banques et d’autres organismes devraient mettre à la disposition de la Grèce pour que celle-ci puisse utiliser cet argent pour rembourser – des banques et d’autres organismes comme le FMI. Cet argent, comme toujours, ne finira pas dans des programmes de relance de la Grèce, mais sur les comptes des grandes structures financières qui n’ont cure du peuple grec.

L’Europe institutionnelle célèbre cette mise à mort de la Grèce avec un plaisir malsain. Tout le monde sait que seul l’annulation de la dette grecque pourra sauver à la fois la Grèce et la cohésion européenne.

Le gouvernement grec, bouc-émissaire pour les gouvernements conservateurs en Europe, n’est pas responsable des anciennes dettes contractées par ses prédécesseurs. Mais la Syriza et Alex Tsipras ont commis un crime de lèse-majesté en voulant s’attaquer à une politique qui détruit les peuples, en enrichissant les spéculateurs financiers. Mais le vrai pouvoir n’est pas politique, comme Tsipras doit actuellement comprendre, le vrai pouvoir est celui de «marchés financiers» capables de faire exploser l’idée d’une Europe comme entité partageant des valeurs humanistes. Tout ceux qui contribuent à cette mise à mort de la Grèce se rendront coupables de la destruction d’une Europe solidaire et humaine. La seule voie pour sauver l’Europe serait un changement de direction, l’abandon d’une politique d’austérité qui elle, ne profite qu’à ceux qui la défendent. Donc, aux Schäuble, Merkel, Dijsselbloem et tous les inconnus dans les centres financiers du monde qui gagnent des fortunes en plaçant des paris sur la crise en Grèce et ailleurs.

Si le monde n’arrive pas à se défaire du joug des marchés financiers, il va droit à sa perte.

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