L’Europe s’éloigne encore un peu plus de ses citoyens

En élisant un représentant de la « génération Berlusconi » comme nouveau président du Parlement Européen, les eurodéputés montrent une nouvelle fois leur éloignement des citoyens. Affligeant.

Silvio Berlusconi a sabré le champagne hier - son pote Antonio tajani est le nouveau président du Parlement Européen. Foto: Piotr Drabik from Poland / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Au bout de 4 tours de vote, le nouveau président du Parlement Européen était désigné – et avec Antonio Tajani, les eurodéputés ont une nouvelle fois choisi un homme politique qui représente le côté moche des institutions européennes et de la politique tout court. Le parlement avait d’autres choix, mais a préféré finalement voter pour un candidat qui lui, est un symbole pour l’Europe d’avant-hier, de cette Europe dont les Européens et Européennes se détournent de plus en plus. Les gens aimeraient bien aimer l’Europe – mais les institutions font leur possible pour qu’on n’y arrive plus.

Antonio Tajani, ancien porte-parole du parti de Silvio Berlusconi, « Forza Italia », ancien commissaire européen, a été élu pour une seule raison – il est membre du groupe conservateur PPP et probablement, on estimait qu’il fallait le « caser » quelque part. Soutenu par le candidat libéral Guy Verhofstad qui, en soutenant le faucon Tajani a perdu tout crédit au sein du parlement (après avoir essayé de rallier l’extrémiste Grillo à sa candidature), Tajani était le plus mauvais choix possible. Au lieu de chercher à innover, à essayer de donner une réponse aux Européens dégoûtés par les manœuvres politiques des institutions européennes, les élus ont tenu à envoyer un message clair aux 500 millions d’Européens et Européennes et ce message dit : « on se fiche pas mal de ce que vous attendez de l’Europe. Nous sommes 751 élus qui vivent très bien dans l’état actuel des choses et nous ne tenons absolument pas à rénover les institutions européennes ». Dont acte.

Bien sûr, Antonio Tajani a tout promis pour être élu – dans sa courte campagne, Tajani a promis de s’engager pour la protection de l’environnement (pour gagner des votes chez les écologistes), s’est fait fort pour la lutte contre le terrorisme (pour rassurer ses collègues conservateurs) et veut combattre le chômage (pour faire plaisir à la gauche). Maintenant, il suffit d’y croire.

Et le Parlement Européen s’est une nouvelle fois désavoué lui-même à l’occasion de ce scrutin. Même pas la moitié des élus ont voté au quatrième tour pour Tajani (qui a obtenu 351 votes sur 751) et avec 80 votes invalides, on est en droit de se poser la question à quoi servent ces 80 élus qui n’avaient donc pas d’opinion concernant le prochain président de cette assemblée. Mais bon, une assemblée qui confirme un Günther Oettinger comme commissaire européen, pourquoi elle changerait d’attitude concernant l’élection de son nouveau président ?

L’Europe 2017 est toujours sous le joug de responsables politiques issus de la « génération Juncker » et Tajani en fait partie. C’est cette génération qui a conduit l’Europe dans une crise de sens sans précédent et plus personne ne croit que les Juncker, Tajani & Cie. puissent déclencher les réformes dont l’Europe a besoin.

Rendez-vous donc en 2019, pour les prochaines élections européennes. Si en 2019, les 500 millions Européens et Européennes continuent à voter pour ceux qui sont en train de casser le rêve européen, l’Union Européenne ne pourra plus être sauvée. A nous de chasser ces « has-been » et donner enfin une chance à une nouvelle génération politique, à ceux qui s’engagent pour une vraie cohésion européenne, pour une Europe fédérale, sociale et solidaire.

En attendant, un seul doit vraiment se réjouir de l’élection d’Antonio Tajani. Silvio Berlusconi fête son retour dans les coulisses de la politique européenne par le biais de son pote Tajani. A pleurer.

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