« Lexit » en Castille-et-León

L'Espagne donnera t-elle naissance à une 18e Communauté Autonome ?

La plaza de la Constitución, à Villamanín de la Tercia, dans la province du León. Foto: Luis Miguel Bugallo Sánchez / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Les ambitions sécessionnistes de certaines communes des provinces leóniennes de la Communauté Autonome de Castille-et-León s’étant clairement exprimées lors d’une assemblée plénière de la ville de Léon fin 2019, le mouvement a depuis pris de l’ampleur. Il est désormais question d’un #LEXIT ambitionnant la création d’une 18e Communauté Autonome, demeurant ainsi au sein du Royaume d’Espagne. Cette démarche n’a rien de comparable avec les tribulations indépendantistes catalanes.

La Communauté Autonome de Castilla y León, située au Nord-Ouest du pays, résulte de la réunion de deux anciens royaumes. Le Léon à l’Ouest, qui compte les provinces de León, Salamanque et Zamora ; la Castille, à l’Est, rassemblant les provinces d’Avila, Burgos, Palencia, Ségovie, Soria et Valladolid. Une union qui remonte à 1230 et citée comme un exemple de respect mutuel dans la diversité. Élément moteur des grands événements de l’histoire de l’Espagne, la Castille-et-León ne manque pas de personnages célèbres et détient 60% du patrimoine du pays, dont 8 sites inscrits au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

L’initiative vient du León, d’où le terme #LEXIT. Le parti régionaliste « Unión del Pueblo Leonés » (UPL) dont la devise dit clairement « Unis pour ce qui nous appartient » s’appuie sur les articles 2 et 143 de la Constitution de 1978, pour revendiquer l’accession de la région léonaise au statut de Communauté Autonome. Les conseils municipaux des communes représentant 45% de la population de la province du León sont associés à cette démarche sécessionniste. On trouve parmi les soutiens de la « motion léonaise », aux côtés de l’UPL, le PSOE, Podemos et Vox.

Avant le confinement, en février, 80.000 personnes avaient manifesté dans les rues de León, Ponferra et Villablino en faveur de la sécession. Selon les syndicats, impliqués eux aussi dans la manifestation et interviewés par El Diario de León, la province cumule « tous les maux de l’Espagne périphérique » : désindustrialisation, manque d’infrastructures, dépeuplement. Comme dans toute dynamique sécessionniste, l’autre partie, la Castille en l’occurrence, est toujours considérée comme mieux lotie. Mais il est vrai que durant les quarante dernières années, le León a connu un réel déclin.

La pandémie de Covid-19 et tout ce qui en découle avaient un peu mis en suspens cette question, qui revient sur le tapis et remonte maintenant jusqu’au niveau national. Malgré l’optimisme affiché par les sécessionnistes, l’affaire est loin d’être entendue. Si la réunion des deux tiers des municipalités représentant la moitié de la population d’une province permet de prétendre à la constitution d’une Communauté Autonome, il faut encore obtenir l’approbation du Congrès des Députés au niveau national ou, au niveau régional, du Parlement de Castille-et-León. Ce qui n’est pas gagné d’avance.

C’est donc une affaire à suivre, car la division de la plus grande des Communautés Autonomes d’Espagne, si elle a lieu, ne serait pas sans conséquences sur l’ensemble du pays. Elle pourrait, par voie de conséquences, booster les mouvements autonomistes catalans, même s’ils s’inscrivent dans une dynamique totalement différente.

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