L’extinction des dinosaures politiques

Hier, les conservateurs de la CDU étaient très contents d’eux-mêmes. Après un long bras de fer, ils ont réussi à se mettre d’accord sur la nomination du seul candidat dont personne ne veut.

La CDU a réussi de désigner comme candidat, le seul dont quasiment personne ne veut. Incompréhensible. Foto: Christliches Medienmagazin pro / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Est-ce une sorte de « suicide politique » ? La CDU avait deux options pour instaurer son candidat pour l’élection législative en septembre 2021, donc, pour la succession d’Angela Merkel à la tête du gouvernement allemand. Après s’être déchirés entre le candidat Armin Laschet (chef de la CDU) et le candidat Markus Söder (chef de la « petite sœur bavaroise » de la CDU, la CSU), les instances de la CDU ont finalement tranché et désigné Armin Laschet comme candidat. Seul bémol – aucun des candidats à la chancellerie est moins populaire que Laschet et même dans le « duel » interne avec Markus Söder, ce dernier menait avec jusqu’à 50 points (!) devant Laschet. Difficile à comprendre pourquoi la CDU a insisté pour nominer un candidat qui n’est même pas apprécié par les adhérents de son propre parti. Les « apparatchiks » ont frappé et les électeurs et électrices leurs diront au mois de septembre ce qu’ils en pensent.

La CDU a donc décidé de suivre sur les traces du SPD, autre grand parti populaire de jadis qui aujourd’hui, se bat à chaque scrutin pour garder au moins sa troisième place derrière la CDU et les Verts. Dans certains Länder, le SPD peine même à dépasser les 10% des votes et la CDU fera probablement la même expérience amère – le plongeon dans l’insignifiance politique.

Celui qui ne sera pas candidat des conservateurs, Markus Söder, menait dans tous les sondages en obtenant même des votes chez les adhérents des adversaires politiques. Etonnant – la proposition formulée par plusieurs cadors de la CDU, à savoir de faire voter au moins les fédérations au niveau des districts ou carrément les adhérents, était refusée en bloc. La distance qui sépare aujourd’hui les responsables politiques des électeurs et électrices, ne pourrait pas être mieux illustrée que par cette décision totalement incompréhensible d’instaurer celui que quasiment personne ne souhaite voir aux commandes du pays.

Le chaos chez les conservateurs allemands ressemble étrangement à celui qui règne dans la « gauche » française. A aucun moment, les chefs des partis ne semblent tenir compte de la volonté de l’électorat, ils essayent d’imposer leur vision poussiéreuse de la politique à des populations qui elles, aspirent à tout à fait autre chose.

Les réactions hier étaient surprenantes. Hormis les cadors de la CDU qui s’auto-congratulaient pour cette « merveilleuse décision », le pays entier a regardé avec des grands yeux. Lorsque l’on dispose d’un candidat qui mène dans tous les sondages et qui serait pressenti comme le futur chancelier allemand, pourquoi lui préférer un candidat dont même 70% de la population du Bundesland qu’il dirige actuellement, désapprouvent l’action politique ?

Lorsque l’on regarde les deux candidats de deux grands partis populaires ayant dirigé l’Allemagne depuis des décennies, donc, Olaf Scholz pour le SPD et Armin Laschet pour la CDU, on se dit que les anciens grands partis sont fatigués et souhaitent peut-être eux-mêmes un changement des responsabilités. S’ouvre donc une autoroute pour la candidate des Verts, Annalena Baerbock, qui elle, représente tout le contraire des deux gestionnaires du passé que sont Scholz et Laschet.

Les appareils des partis politiques et leurs jeux du pouvoir malsains portent la responsabilité pour leur propre dégringolade et en même temps, pour l’essor des partis extrémistes. Et du coup, l’élection législative en septembre 2021 deviendra très intéressante en Allemagne. Un changement de génération est dans l’air et carrément soutenu par les anciens partis populaires qui ont l’intelligence d’envoyer des candidats dans la course dont les Allemands ne veulent plus. CDU et SPD comprendront peut-être au mois de septembre que l’époque où on pouvait faire fi des attentes des électeurs, est révolue.

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