L’extrême-droite a le vent en poupe – en Allemagne aussi

La France n’est pas le seul pays à vivre une crise politique. En Allemagne aussi, la coalition au pouvoir est loin d’avoir une majorité – dans les sondages, la coalition SPD-Verts-FDP se trouve à 40% des intentions de vote...

Les cadors de la coalition au pouvoir à Berlin connaissent aussi les sondages actuels... Foto: Sandro halank / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Les Allemands ne sont pas contents de l’action de leur gouvernement non plus. Si ce mécontentement ne se traduit pas par des manifestations de masse, on le lit dans les sondages qui résonnent comme une sonnette d’alarme. Tandis que la CDU conservatrice mène la course avec 30% des intentions de vote, le duel entre SPD (17%), les Verts (16%) et l’extrême-droite AfD (16%) s’annonce rude. Le FDP, lui, stagne à 7%. Die Linke, elle, se situe pour la cinquième fois en-dessous de la barre des 5% et devra batailler fort pour être dans le prochain Bundestag. Ce sondage constitue un désaveu pour le chancelier Olaf Scholz (SPD) dont le parti risque de se faire rattraper prochainement par l’AfD. Inquiétant.

Que les Verts et l’AfD se trouvent au même niveau, est doublement surprenant puisqu’il y a quelques jours, l’organisation des jeunes de l’AfD « Junge Alternative » a été qualifiée par les services secrets allemands comme « organisation extrémiste ». Mais comme dans d’autres pays, par temps de crise, une partie de la population rêve de « l’homme fort », le magicien qui peut résoudre tous les problèmes en un tour de main. Malheureusement ou heureusement, ce « homme fort » n’existe pas et à bien y regarder, l’extrême-droite n’a aucun concept pour faire face aux multiples crises actuelles.

Le sondage « Forsa » (pour le compte de RTL Allemagne) montre aussi pourquoi les Allemands perdent la confiance en leur gouvernement. Sur le « hitparade » des problèmes qui inquiètent les Allemands, il y a les prix de l’énergie (53% des sondés), la guerre en Ukraine (48%), le climat et l’environnement (23%), le chaos au niveau du gouvernement (12%) et maintenant aussi, les actions des militants pour le climat et leurs blocages de la circulation (10%). Et puisque les trois partis au pouvoir affichent des positions divergentes sur la quasi-totalité des sujets actuels, il est peu surprenant que les Allemands se détournent de plus en plus de ce gouvernement qui, sur la scène internationale, ne fait pas « bella figura » non plus.

Les très mauvais scores pour la coalition au pouvoir donnent au moins la réponse à la question si cette coalition ira au bout de son mandat. Dans l’état des choses, les trois partis au pouvoir feront tout pour éviter une crise gouvernementale, car en cas d’élections anticipées, tous les trois risquent de se retrouver dans l’opposition. En particulier, les Verts devront réfléchir si leur enthousiasme pour la guerre et leur peu d’engagement pour les questions environnementales conviennent encore à leur électorat qui par moment, se frotte les yeux en constatant que ce parti, fondé sur des mouvements extraparlementaires comme le MLF, le mouvement pour la paix ou encore le mouvement antinucléaire, n’a plus rien à voir avec ce parti aujourd’hui.

La montée de l’AfD vient s’ajouter à la longue liste de problèmes. Car l’extrême-droite allemande se situe encore beaucoup plus à droite que leurs collègues français, avec des cadors de l’AfD comme Björn Höcke qui s’auto-désigne fièrement comme « fasciste ». Dans les Länder de l’est de l’Allemagne, les bandes de crânes rasés font partie du paysage habituel dans les villes et à la campagne, ils ont leurs fiefs et centres d’entraînement.

On dirait qu’un peu partout en Europe (Italie, Suède, France, Allemagne etc.), on a oublié où le nationalisme extrême a conduit l’Europe le siècle dernier. Jamais, l’extrême-droite n’a amélioré durablement les conditions de vie des citoyens, mais systématiquement, les mouvements d’extrême-droite ont poussé les pays vers la destruction et la mort.

Mais ce ne sont pas les citoyens dans nos pays qui du coup, seraient devenus extrémistes ou néo-fascistes, le vote pour l’extrême-droite est dû à l’extrême faiblesse des gouvernants en place, qui dans la plupart des pays, sont forts en communication et faibles en action. La situation est la même en France qu’en Allemagne – si on veut éviter l’accession au pouvoir de l’extrême-droite, les partis traditionnels doivent élaborer de vrais programmes politiques, remplacer les « vieux crocodiles » dans les appareils des partis (car ces cadors des partis font partie des problèmes et donc, pas des solutions) et lancer leurs campagnes autrement et tôt. En Allemagne, les prochaines élections législatives auront lieu en 2025, en France en 2027. Si ces années risquent d’être compliquées, cela laisse le temps aux partis de s’organiser autrement et de montrer aux électeurs et électrices, qu’ils constituent une vraie alternative à la descente aux enfers.

On le constate partout – la montée de l’extrême-droite n’a rien à voir avec une quelconque performance politique, mais elle est dû à l’extrême faiblesse des gouvernements en place qui eux, ne font plus de la politique, mais tentent d’administrer des crises mondiales. Tout cela ouvre une autoroute à l’extrême-droite et les autres partis doivent se rendre compte que s’ils n’agissent pas maintenant, demain, il pourra être trop tard.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste