L’extrême-droite de l’AfD se rapproche de la «Pegida»

Lors d'une manifestation contre la construction d'une mosquée à Erfurt en Thuringe, l'AfD a fait intervenir l'un des ténors de la «Pegida».

"Le pire des mots de l'année - Merkel ; Le pire des comportements - l'Islam ; la pire des armes - la massue des nazis", voilà les paroles de la "Pegida". Foto: Kalispera Dell / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Dans les Länder de l’ancienne RDA, l’islamophobie, la xénophobie et l’extrême-droite ont le vent en poupe. Et dans cette ambiance germano-allemande et ultra-nationaliste, le plan de construction d’une mosquée à Erfurt dérange. Non pas parce qu’il y en ait beaucoup de mosquées en ex-Allemagne de l’Est (il y a 4 mosquées dans cette partie de l’Allemagne), mais parce que il y règne une haine contre tout ce qui n’est pas «pure souche est-allemande». Le mouvement de rue «Pegida» et le parti d’extrême-droite AfD se rapprochent maintenant.

La manifestation contre le projet de construction d’une mosquée à Erfurt en Thuringe était l’occasion rêvée pour le chef de l’AfD dans ce Land de l’est de l’Allemagne, Bernd Höcke, qui se situe à l’extrême-droite de l’extrême-droite, pour faire des yeux doux à la «Pegida» en invitant l’un des ténors de ce mouvement islamophobe, Siegfried Däbritz, à venir prendre la parole à cette occasion. Däbritz acceptait volontiers cette invitation qui constitue pour la «Pegida» une sorte de reconnaissance de la part du parti d’extrême-droite. Est-ce que l’AfD serait en train de devenir le bras parlementaire de la «Pegida» ? Ou est-ce que la «Pegida» deviendra-t-elle un recruteur d’électeurs pour l’AfD ?

Quoi qu’il en soit, force est de constater que l’extrême-droite, à l’instar de ce que l’on peut observer dans de nombreux pays européens, s’organise mieux que la gauche. Déjà au niveau national, lorsque l’on voit les difficultés des différents groupes, partis, initiatives qui se disent de «gauche» à trouver des dénominateurs communs permettant d’agir au moins dans des domaines consensuels, on comprend nous sommes aussi loin d’une «gauche européenne» qui pourtant, serait une nécessité démocratique pour présenter un contrepoids à cette vague d’extrême-droite.

L’intervention de Siegfried Däbritz à une manifestation de l’AfD n’est pas anodine. Jusqu’à présent, l’AfD avait toujours pris ses distances par rapport à la «Pegida», sans toutefois nier ses sympathies pour les idées ultranationalistes et xénophobes prônées lors des marches de la «Pegida». Le fait que des représentants des deux organisations s’affichent maintenant côte à côte, constitue un nouveau niveau d’organisation de l’extrême-droite qui par ailleurs, entretient des réseaux efficaces avec d’autres organisations d’extrême-droite dans d’autres pays européens.

Le projet de construction d’une mosquée à Erfurt constitue une occasion pour cette extrême-droite de se manifester bruyamment. Pendant que Däbritz a annoncé vouloir démarrer une «campagne d’information pour empêcher la construction de la mosquée», Höcke a martelé que «l’Islam ne fait pas partie d’Erfurt et de l’Allemagne». Si seulement 700 personnes participaient à cette manifestation, il est fort à craindre que les deux organisations puissent se mobiliser mutuellement et ce, sur des sujets qu’ils partagent.

En Allemagne, ce n’est pas différent des autres pays qui connaissent actuellement une forte poussée de l’extrême-droite – la «gauche» essaie de définir ses positions et n’arrive pas à faire le même effort de s’unir au moins pour combattre un danger imminent, la «droite» minimise le problème et espère pouvoir récupérer quelques votes en se présentant un peu plus à droite que normalement, le «centre» fait semblant que le problème ne le concerne pas.

Difficile de comprendre pourquoi «la gauche européenne» n’organise pas dans les meilleurs délais, une sorte «d’états généraux» pour justement identifier les dénominateurs communs entre tous ces courants de la «gauche», pour enfin commencer à lancer des actions concertées contre cette extrême-droite qui voudrait reconduire l’Europe vers le Moyen Age politique. Au rythme où l’extrême-droite gagne du terrain, bientôt il sera trop tard pour ce genre de concertation au niveau européen.

On attend déjà avec impatience le deuxième tour des élections présidentielles ce week-end en Autriche…

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