L’extrémisme violent s’installe dans les réseaux sociaux

De centaines de milliers d’utilisateurs allemands échangent sans gêne sur les réseaux sociaux sur des sujets xénophobes et racistes. Le Conseil de l’Europe se montre inquiet.

Si la "Pegida" a perdu de son punch, il ne faut pas se tromper - la bête n'est pas morte. Foto: Eurojournalist(e)

(WB) – Si le mouvement xénophobe et islamophobe «Pegida» s’est estompée, cela ne veut pas dire pour autant que l’extrême-droite allemande ait disparue. Au contraire, à défaut de pouvoir s’organiser dans un cadre défini, les racistes, néonazis, xénophobes diffusent leurs messages de haine dans les réseaux sociaux et ce, avec un succès grandissant. Des vidéos à caractère raciste enregistrent des centaines de milliers de «clicks» sur YouTube, Facebook est devenu la plate-forme de choix pour organiser à court terme des manifestations et d’autres actions, comme récemment à Freital en Saxe où des xénophobes s’attaquent à un centre d’accueil pour réfugiés.

Sur des forums, sites et réseaux sociaux, on peut trouver tout ce que cette extrême-droite propose – ainsi, on constate que des sites comme celui de la «Résistance Patriotique Allemande» ou de la «Résistance nationale-réactionnaire» diffusent des appels à la haine et aux actions violentes. Mais si ces plateformes militantes ne représentent pas vraiment une grande attractivité pour le citoyen lambda, il en est différent pour des platenformes comme «Les citoyens disent non» – qui véhiculent le même message de manière un peu arrondie. Diffusant les mêmes messages, ils s’adressent à des personnes qui estiment ne pas être des racistes ou néo-nazis, mais qui tiennent un discours qui glace le sang. «Nous ne sommes pas des néonazis», disent ces gens, «mais nous n‘aimons pas les étrangers» – et ils affluent à Freital pour attaquer les réfugiés et les responsables politiques qui viennent aussi pour calmer la situation.

Une sorte «d‘extrémisme citoyen» a vu le jour, une radicalisation du salon bourgeois en proie des médias de masse comme la BILD – les gens gobent les grands titres et agissent de manière violente, par peur. Car effectivement, les gens qui gueulent des paroles xénophobes le plus fort, sont des gens qui ont peur que leur situation, déjà assez précaire, puisse encore se dégrader. Et puisque dans de telles situations, les gens ont besoin de boucs émissaires, ces derniers sont vite trouvés – les étrangers.

Lors d’un colloque organisé par la LICRA au Conseil de l’Europe, les participants arrivaient à la même conclusion que d’autres organismes de recherche qui travaillent depuis de longues années sur ce phénomène. Un phénomène qui ne se limite pas à l’Allemagne, mais qui prend des proportions inquiétantes un peu partout en Europe. Les appels à la violence, à la haine, à l’action extrémiste se multiplient et face à cette vague d’intolérance et de violence, on reste impuissant.

Bien sûr, de nombreux observateurs demandent un contrôle plus strict d’Internet, mais cela ne servira à rien, sauf que de telles mesures limiteraient encore davantage les libertés individuelles qui sont déjà réduites au maximum par les activités des services secrets. La seule solution, et c’est la solution la moins commode, serait de changer de politique et de transformer nos sociétés non pas en des entités ouvertement hostiles vis-à-vis des citoyens, mais en unités où les gens retrouvent perspectives, valeurs et un bien-être dans la société.

On ne peut pas éradiquer le racisme et la haine en les interdisant. Pour surmonter ces phénomènes, il faut de la patience et déclencher un processus de société qui vise l’intégration, le respect et le vivre-ensemble. Un peu comme dans la devise de la Révolution Française que nous commémorons aujourd’hui : «Liberté, Egalité, Fraternité». Ce qui a été possible en 1789, pourquoi cela ne devrait pas être envisageable en 2015 ?

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