L’heure de vérité à Strasbourg

Cette semaine, au Parlement Européen à Strasbourg, le vote pour ou contre la candidate à la présidence de la Commission Européenne déterminera la direction que prendra l'Union Européenne.

C'est ici que se jouera le dernier acte du dossier Von der Leyen ce mardi. Foto: Diliff / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le début de cette semaine sera chaud pour Ursula Von der Leyen, la candidate à la présidence de l’Union Européenne. Mardi, en fin d’après-midi, Von der Leyen doit obtenir 374 des 746 votes des eurodéputé.e.s au Parlement Européen à Strasbourg. Après ses rencontres avec les différents groupes présents au Parlement, elle doit se faire de plus en plus de soucis, car elle n’a pas vraiment convaincu les député.e.s européens, à en juger d’après les réactions après ces rencontres.

Von der Leyen pourra compter sur le soutien de sa propre famille politique, le Parti Populaire Européen (PPE). Les 182 élu.e.s de ce groupe voteront probablement en bloc pour elle. Reste à trouver 192 votes dans d’autres groupes. L’espoir que l’éternelle coalition PPE / S&D puisse lui assurer un socle de votes solide s’est évaporé dans les critiques acerbes venant autant du SPD allemand que d’autres socialistes européens. De toute manière, le groupe des socialistes (S&D) ne dispose « que » de 153 sièges au nouveau Parlement, et cela se traduit par la nécessité de trouver d’autres soutiens. Les libéraux avec leur 108 sièges ? Pas sûr, Von der Leyen n’est pas leur candidate de choix.

Les Verts et l’extrême-gauche ont déjà annoncé leur vote contre Von der Leyen et l’extrême-droite n’a aucune raison de voter pour la candidate allemande. Parmi les 54 eurodéputé.e.s qui ne font partie d’aucun groupe, peu soutiendront Ursula Von der Leyen et du coup, il est clair que le vote mardi au parlement à Strasbourg sera serré. Très serré, même.

Un rejet d’Ursula Von der Leyen obligerait le Conseil Européen à revoir sa copie et de présenter un candidat ou une candidate qui représenterait autre chose que la poursuite de la domination allemande de l’Union Européenne. Après les années d’une politique européenne marquée d’une part, par un Jean-Claude Juncker, fidèle agent des marchés financiers, de la spéculation boursière et d’un système d’évasion fiscale qui exonère les plus grandes entreprises mondiales de l’impôt dans les états-membre de l’UE et d’autre part, par le binôme Merkel / Schäuble dont la politique d’austérité a fait des ravages, il serait temps de changer de direction.

Si les citoyens et citoyennes européens pouvaient déterminer par leur vote le Président ou la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen ne serait pas élue. En vue de l’importance de la Présidence de la Commission Européenne, se pose donc la question pourquoi les 500 millions d’Européens et Européennes ne peuvent pas élire directement le Président de cette institution. Au Parlement Européen de faire entendre la voix des citoyens et citoyennes.

Assisterons-nous cette semaine à un bras de fer entre le Conseil Européen, qui regroupe les chefs d’état et de gouvernement des 28 Etats membres (eh oui, les Britanniques sont toujours impliqués dans ce genre d’opération) et le Parlement Européen ? L’Europe intergouvernementale vs. l’Europe des Citoyens ? Il faut espérer que ce sera l’Europe des Citoyens qui s’imposera en rejetant la candidate du Conseil Européen. Ce serait une petite victoire de la démocratie européenne sur la politique des portes fermées bruxelloise et renforcerait sensiblement le poids du Parlement Européen sur l’échiquier politique européen.

Mais il en va également de la crédibilité des institutions européennes. Pendant toute la campagne pour l’élection européenne, nous avons entendu le même discours de la part de quasiment tous les partis : « L’Europe doit tenir compte de la voix des citoyens et citoyennes ». Et la voix des citoyens et des citoyennes, c’est à Strasbourg qu’on peut l’entendre. Il serait dommage que la seule institution européenne élue par le suffrage universel se soumette à cette politique opaque bruxelloise.

C’est donc ce mardi, à Strasbourg, que les élus et élues européens doivent décider si l’Europe reste sous la domination allemande ou si elle devient plus – européenne. Ceux qui souhaitent que l’Europe institutionnelle se modernise en démarrant un nouveau projet européen plus en phase avec le monde d’aujourd’hui, ne peuvent pas voter pour Ursula Von der Leyen. Mardi, en fin d’après-midi, on en saura plus.

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