L’Homme en Bleu aura sa place à Amiens

Les couleurs bleutées de la nuit au quartier amiénois Saint-Leu, rendront aussi hommage à l’Homme en Bleu, qui y aura bientôt une place à son nom. Foto: Yassine Boukhriss / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Celui qu’on appelait le Prince Bleu de Montmartre, ou plus couramment l’Homme en Bleu, aura, comme l’a voulu la maire Brigitte Fouré (UDI), une place portant son nom à Amiens. Né dans cette attachante ville de Picardie en 1931, Michel Georges Alfred Catty dit Michou, était monté à Paris en 1949. Sans aucune formation, il enchaîna les petits boulots, tout en fréquentant le milieu de la nuit et s’essayant au travestissement. Ne manquant pas de divers talents, il réussit à ouvrir en 1956, à Montmartre, 80 rue des Martyrs, son propre cabaret-restaurant.

Chez Michou, lieu incontournable de la vie parisienne n’est plus à présenter, sa réputation ayant traversé les ans et son activité survécu au décès de son créateur qui, selon ses propres mots, est « parti pour un long voyage ». Lui, qui se qualifiait de « dinosaure de la nuit parisienne », l’un des derniers, mais qui n’avait rien d’archaïque car ne faisant jamais mystère de son homosexualité, il conservait toujours une avance sur son temps. Fort heureusement, d’abord pour lui et secondairement pour nous, Michou n’a pas connu la fin tragique d’Oscar Dufrenne (1875-1933) et de Louis Leplée (1883-1936).

Pourquoi, mis à part pour la simple raison qu’il est né dans la capitale picarde, honorer la mémoire de Michel Georges Alfred Catty, en donnant son nom à une place amiénoise ? Tout simplement parce qu’il a conservé un lien très fort avec sa ville natale. Michou n’oubliait jamais d’où il venait, d’un point de vue strictement géographique autant qu’en termes de classe sociale. C’est, entre autres, ce qui le rendait attachant, car il n’avait rien de commun avec certains actuels « startupers » complètement autocentrés ou « reality showmen » totalement factices.

Michou n’a jamais oublié Amiens, ainsi Amiens se souviendra toujours de Michou. Tout comme ses voisins de Montmartre, notamment les personnes âgées envers lesquelles il a su très tôt se montrer généreux. Ainsi, dans la capitale picarde, au quartier Saint-Leu, une placette portera en 2022 après travaux, le nom de cet amiénois de sang et de cœur, à l’immédiate proximité de la nouvelle « Salle de la Lune des Pirates »,  labellisée SMAC (Scène de Musiques ACtuelles).

Une décision appréciée par Antoine Grillon, le directeur de cette scène alternative et décalée, qui, dans le Courrier Picard, disait préférer cela au choix d’un personnage plus institutionnel ou politique sans rapport avec ce lieu festif. Saint-Leu, appelé aussi La Petite Venise du Nord, trouve ses origines au Moyen-Âge. Devenu au fil du temps « the place to be », pour celles et ceux qui veulent sentir battre le cœur de la ville, il combine ambiance et spectacles, tant médiévaux que contemporains.

Un lieu où se crée et s’entretient le lien, comme le fut et le restera le cabaret montmartrois de l’Homme en Bleu, qui avait d’ailleurs souhaité que son établissement ferme après sa mort. Mais ayant construit sa légende de son vivant, il devait bien s’attendre à ce qu’elle lui échappe après sa mort.