L’homme qui narguait les bourreaux d’Auschwitz

Kazimierz Piechowski, qui avait réussi en 1942 à subtiliser la voiture du commandant d’Auschwitz Rudolf Höss pour s’enfuir avec trois codétenus, est décédé à l’âge de 98 ans à Gdansk.

Kazimierz Piechowski, décédé à l'âge de 98 ans à Gdansk, s'était enfui du camp de la mort à Auschwitz. Foto: Alexandre Lepage QC / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Si les nazis avaient pu en décider, Kazimierz Piechowski serait mort depuis longtemps. Mais fort du courage du désespoir, il a pu vivre une longue vie jusqu’à l’âge de 98 ans, avant de s’éteindre la semaine dernière à Gdansk. Son histoire invraisemblable, qui avait inspiré un documentaire (« La fuite » du réalisateur polonais Marek Pawlowski), donne de l’espoir en montrant que dans les situations les plus compliquées, il y a une lueur d’espoir.

Kazimierz Piechowski faisait partie des premiers détenus à Auschwitz, portant le numéro 918. Le jour où il apprit par hasard que le nom de l’un de ses amis se trouvait sur une liste de détenus à exécuter, il a réagi.

Lui et ses camarades Stanislaw Gustaw Jaster, Jozef Lempart et Eugeniusz Bendera fracturèrent la porte du local où les nazis stockaient leurs uniformes, se déguisèrent en SS, volèrent la clé d’une voiture se trouvant à proximité et prirent la direction de la sortie du camp. Avec la chance qui sourit aux audacieux, il se trouva que la Steyr 220 qu’ils avaient empruntée était la voiture de fonction du commandant du camp Rudolf Höss.

Arrivés à la sortie du camp, les gardes reconnurent le véhicule. Lorsque Kazimierz Piechowski les apostropha en allemand « Réveillez-vous, bande de bran…, ouvrez cette porte avant que je ne vous fasse descendre !», les gardes s’exécutèrent. La légende selon laquelle les quatre évadés auraient envoyé, des années plus tard, une carte postale à Rudolf Höss pour le remercier de leur avoir « prêté » sa voiture a été démentie par Kazimierz Piechowski avant sa mort.

Cette évasion a quelque chose de rassurant. Pendant que le monde jette le voile de l’oubli sur Höss et les criminels nazis, les histoires comme celle de Kazimierz Piechowski perdurent et continuent à être racontées. Elles sont la preuve que le système le plus brutal, le plus inhumain, le plus criminel, présente des failles et peut échouer. Le Reich, prévu pour mille ans, n’en aura duré que douze, bien moins que la vie de Kazimierz Piechowski, dont l’histoire sera transmise de génération en génération.

Qu’il repose en paix.

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