L’horreur des fermes de sang

Le prélèvement de gonadotrophine équine chorionique (eCG ou PMSG) sur de juments devenues des machines à produire, ne se pratique pas qu’en Amérique du Sud...

Une vie que n’auront jamais certaines juments, car sacrifiées sur l’autel du capitalisme. Foto: Ajor933 / Wikimedia Commons / PS-self

(Jean-Marc Claus) – Nous avions précédemment, dans un article consacré aux travaux de la société pharmaceutique espagnole « Hipra », évoqué la maltraitance envers les animaux à propos du prélèvement d’hormone chez des juments élevées spécialement à cet effet. La gonadotrophine équine chorionique, eCG ou PMSG selon la nouvelle ou l’ancienne appellation, sécrétée par le placenta de la jument dès le 35ème jour de gestation, prélevée pour, après traitement et conditionnement, être injectée aux animaux dit de production, permet notamment de synchroniser les chaleurs et générer des superovulations.

Soit en clair, imposer aux animaux des cycles non-naturels et privilégier la productivité, donc faire tourner la machine à viande à plein rendement, au mépris des plus élémentaires valeurs d’humanité. Autant d’un côté, l’industrie de la viande est-elle productiviste, autant de l’autre côté, la machine à production de gonadotrophine équine chorionique doit-elle l’être aussi. D’où l’existence de ce que les défenseurs de la cause animale ont, en Espagne, appelé les « granjas de sangre » (fermes de sang). Une pratique condamnée en Europe, mais déléguée à l’Amérique Latine où en matière d’élevage industriel, les normes sont plus souples.

Condamnée par le Parlement Européen en 2016, mais pratiquée en Islande, comme l’a démontré une enquête de l’Animal Welfare Foundation, reprise par Rubén Pérez Sueira dans le quotidien espagnol en ligne El Diario. Des vidéos difficilement soutenables, montrent des juments gestantes soumises à une ponction hebdomadaire de 5 litres de sang et terriblement maltraitées. La terreur lisible dans leurs regards et leurs attitudes, ne peut laisser insensibles que ceux s’étant définitivement placés en marge de l’humanité.

Pour l’association nationale des éleveurs de moutons sélectionnés de race aragonaise (ANGRA) et le consortium de promotion d’ovins (CPO), les injections de gonadotrophine équine chorionique sont nécessaires, car elles permettent de ne pas abattre les animaux infertiles dans leurs élevages. « Un argumento delirante », selon Rubén Pérez Sueira. Même si l’Islande se trouve à 2.800 km de la Péninsule Ibérique, les hennissements de terreur d’au moins 5.000 juments martyrisées là bas à des fins productivistes, restent audibles en Espagne grâce à l’engagement d’associations et de journalistes.

Il y a quelques mois en Islande, des députés de différentes formations politiques ont lancé une initiative visant à interdire ces pratiques barbares. Ce qui a notamment permis d’identifier ceux qui les soutiennent. Coluche disait à très juste titre : « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas ! ». Ce qui nous renvoie à notre responsabilité tant collective qu’individuelle. D’où l’utilité d’initiatives telles que le Veggie Day, car pour changer les mentalités, l’éducation reste toujours plus efficace que la contrainte.

D’autres publications plus anciennes, notamment des articles de l’Obs et Libération datant de 2017, alertait déjà quant à cette pratique mise au service de l’élevage français et déléguée à des fermes de sang se trouvant en Amérique du Sud. Les juments étaient prélevées de 10 litres de sang par semaine, du 40eme au 120eme jour de gestation, puis avortées manuellement et sans anesthésie à trois mois et demi, pour à nouveau être engrossées. Une monstruosité sans nom, au service de l’industrie de la viande mais aussi, il ne faudrait pas l’oublier, celle des produits laitiers, car chez tous les mammifères sans gestation et mise-bas il n’y a pas de lactation.

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