L’image de l’Alsace après les élections européennes

Est-ce que tous les drames que l'Alsace a vécues, n'auront servi à rien ? Foto: © Claude Truong-Ngoc / eurojournaliste.eu

(KL) – Aucune région française n’a autant souffert de l’extrémisme nationaliste que l’Alsace. Deux guerres sanglantes, l’occupation, familles déchirées – en votant à presque 30% pour une formation politique dont le fondateur a désigné les camps de la mort comme un «détail de l’histoire», cette partie de l’électorat a fait honte à tous les monuments aux morts qui ont été érigés sur les places et dans les cimetières des villes et des villages. Si en 2014, des Alsaciens et des Français votent pour une telle formation, c’est qu’ils insultent la mémoire de ceux qui sont tombés pour les valeurs républicaines qui sont la liberté, la fraternité et l’égalité.

Les chiffres du Grand Est font froid dans le dos. le Front National obtient 29,17%, l’UMP 22,80% et le PS 13,15% des votes aux élections européennes. Au niveau national, le Front National obtient 24,85%, l’UMP 20,80% et le PS 13,98%. Ainsi, la France enverra 74 députés au nouveau parlement européen : 24 élus du Front National, 20 élus de l’UMP, 13 du PS, 6 UDI/MoDem, 6 EELV/Verts, 3 Front de Gauche, 1 Divers Gauche.

Ce que les Français et en particulier les Alsaciens ayant voté pour le Front National ont du oublier, c’est le rayonnement international de ce vote. Aujourd’hui, la presse internationale n’associe plus les couleurs bleu-blanc-rouge à la France, mais un bleu marine qui évoque des choses qu’on ne veut plus jamais vivre en Europe. Sauf en France, peut-être.

Etrangement, lorsque vous demandez à la ronde, personne n’a voté pour le Front National (ne vous étonnez pas que nous n’utilisons plus l’abréviation «FN» qui est trop neutre. Il s’agit du «Front National». Ce terme militaire suggère que nous sommes en guerre et ce, pour une cause nationaliste. Cela vous rappelle quelque chose?) – c’est comme pour McDonalds ou la pornographie sur Internet – en l’absence de consommateurs, on s’étonne que ni McDo, ni la pornographie sur Internet semblent connaitre une crise… Est-ce la honte qui fait que les électeurs du Front National n’aiment pas trop s’avouer ? Est-ce que les électeurs se rendent compte, le lendemain des élections, de l’énorme erreur commise ?

On sait donc qu’un Alsacien sur trois (presque) a voté pour le Front National. En souscrivant donc au programme suivant: Sortie de l’euro. Retour donc du bon vieux Franc Français. Destiné à être toute de suite dévalorisé pour donner un coup de pouce à la conjoncture. Pour payer la dette du pays, ce sera autre chose. La dette, en euros, remboursée en Francs Français. Chic. Le dépôt du bilan de la France se dessine déjà.

Ensuite, le Front National veut élaborer une politique agricole propre à la France. Intéressant. La PAF à la place de la PAC. La différence d’une lettre qui vaut 9 milliards d’euros par an. L’argent que l’UE injecte tous les ans dans l’agriculture française. Le Front National voudrait donc que ce soit l’état français qui paie – en Franc Français. Super plan.

En ce qui concerne la solidarité internationale et donc l’immigration, le Front National propose le retour vers le passé. La sortie de l’espace Schengen et la réinstauration des frontières nationales pourra isoler la France au cœur de l‘Europe. Sur un plan humanitaire, ils font fort – des mesures comme la suppression du regroupement familial pour les immigrés légaux est d‘une cruauté exceptionnelle.

Le Front National s’oppose également à la mondialisation «sauvage». Encore une fois, très réaliste comme approche. Heureusement que les Frontistes n’aient pas décidé de s’opposer aux autoroutes ou au chemin de fer. La mondialisation, c’est une réalité, que cela plaise ou non. Ce que l’on peut gérer, c’est l’organisation de cette mondialisation, mais pas le phénomène en lui-même.

Le Front National semble aussi être très attaché au social. Mais il faut aussi comprendre ceux qui s’inquiètent en entendant s’exprimer un parti portant le terme «national» dans son nom, parler du «social».

Non, chers voisins français, vous n’avez pas donné un avertissement à François. Vous avez renforcé un mouvement politique qui veut établir une société de la peur, de la haine et de la suspicion. De plus, vous avez gravement secoué la confiance de vos partenaires européens. Imaginez une seule seconde le scandale si en Allemagne, les électeurs avaient voté à 30% pour le NPD, la Nationaldemokratische Partei Deutschlands. Et vous auriez eu raison de vous inquiéter.

Il est donc normal que vos voisins, chers Français, s’interrogent à la fois sur votre état d’esprit. Les dégâts causés par votre vote «anti-Hollande» pèsera longtemps sur les relations entre la France et le reste de l’Europe. Il y a des jours où on a envie de partir sur une île lointaine pour y élever des moutons.

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