L’impunité des néonazis allemands

372 néonazis allemands condamnés à des peines de prison, vivent en clandestinité en Allemagne. Suite à une demande d’une députée allemande, le gouvernement fédéral a donné les chiffres.

On pensait toujours qu'il était facile de reconnaître les néonazis ? Foto: Bundesarchiv, Bild 193-1990-0115-032, Kluge, Wolfgang / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – 372. Tel est le nombre de néonazis qui ont été condamnés à des peines de prison pour différentes raisons. Le nombre de mandats d’arrêt contre ces 372 néonazis s’élève à 450, plusieurs des néonazis ayant écopé de multiples peines. Voilà les chiffres que le gouvernement a donnés à la députée Irene Mijalic (Verts) qui avait soumis une requête d’information pour demander les chiffres.

Il existe donc un réseau de néonazis suffisamment solide pour soutenir à tous les niveaux, des terroristes néonazis comme le trio qui s’auto-nommait «NSU» et qui a assassiné pendant dix ans et au nez et à la barbe des autorités, plus de 10 personnes d’origine étrangère  – et au moins une partie de ce réseau néonazi sert à organiser la vie de ces 372 extrémistes, à des degrés différents. Soutiens logistiques, financiers, de communication. La grande question : est-ce que les services de sécurité de l’état ferment, par-ci, par-là, les yeux ou ne sont-ils pas en mesure de tracer ces 372 criminels? Aucune des deux options n’est réellement rassurante…

Ces 372 ne sont pas vraiment des tendres – coups et blessures, vols, vols à main armée, holdups et d’autres dossiers se trouvent sur la fiche de ces personnes connues pour faire partie de groupes néonazis. «Je crains que les néonazis commettent les pires des crimes en clandestinité, et qu’une nouvelle fois, nous n’aurions rien vu venir», disait Irene Mijalic. Le nombre de néonazis frappés d’un mandat d’arrêt a plus que triplé depuis 2012, passant de 110 à 372. En même temps, le nombre d’attentats sur des structures d’accueil de réfugiés, sur des personnes d’aspect étranger, et d’autres cibles politiques et civiles a également augmenté de manière importante, selon les sources officielles.

Comment fait-on aujourd’hui pour disparaître ? Téléphones portables, hébergement, accès internet, mobilité, tous ces domaines sont très contrôles – donc, il est fort à supposer que le réseau de soutien soit encore beaucoup plus important que le nombre de néonazis lui-même. Raison de plus de se demander pourquoi nos services sophistiqués capables d’enregistrer une mouche à de milliers de kilomètres, ne le soient pas pour tracer 372 brigands en cavale ?

Le message pour les nouvelles recrues de la scène néonazie est clair – «vous pourrez faire à peu près n’importe quoi, et même si nous vous attrapons et condamnons, vous n’irez pas forcément en prison…». A un moment où la société allemande est déchirée entre le souhait d’aider des réfugiés et les discours alarmistes de la part de la politique, au moment où tout un pays cherche à trouver une position par rapport aux incidents de la Saint Sylvestre et à un moment de deuil suite à l’attentat suicide d’Istanbul d’hier faisant de nombreuses victimes allemandes – à ce moment, la moindre impression de laissez-faire vis-à-vis de néonazis qui devraient se trouver en prison, constituerait un scandale énorme.

Mais il y a les chiffres. Qui traduisent une évolution qui voit le néonazisme violent gagner du terrain et semer de plus en plus de peur dans les rues allemandes. Les services de l’état doivent dédoubler leurs efforts pour identifier rapidement les lieux de séjour de ces personnes et de les arrêter. Autrement, le soupçon qu’au moins une partie de la police ne fasse pas son possible pour retirer ces néonazis de la circulation, ne ferait que peser plus lourd. Encore plus lourd d’aujourd’hui.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste