L’Islande ouvre la voie

Face à la pandémie, certains pays européens affirment qu’il faut maintenir l’égalité des droits entre les citoyens - l’Islande choisit de privilégier les personnes vaccinées en mettant en place le certificat numérique de vaccination.

Vue depuis l'église luthérienne Hallgrímskirkja - Skólavörðustígur, l'une des principales rues commerçantes de Reykjavik. Foto: Anouchka Braig / CC-BY-SA 4.0int

(Anouchka Braig) – Une question provoque de grands débats éthiques, politiques et sanitaires au sein de l’Europe : les personnes vaccinées contre la Covid-19, peuvent-elles disposer de plus de libertés que les non-vaccinées ? Alors que le Conseil d’Ethique du gouvernement allemand a donné une réponse un peu ambigüe, l’Islande se positionne clairement.

Fin janvier, le pays a décidé d’adopter le certificat numérique de vaccination, faisant aussi office de « passeport vaccinal ». Il est le premier au monde à avoir adopté cette mesure, suivi de près par Israël.

L’utilité de ce document est encore limitée. Ce certificat permet théoriquement à chaque Islandais qui en est porteur, de voyager sans restriction dans tous les pays membres de l’Union Européenne ou de l’Espace Économique Européen, mais aussi d’en revenir sans être soupçonné d’être contaminé. De même, toute personne porteuse de ce document, quelque soit sa provenance, pourra entrer en Islande sans avoir à se soumettre au protocole 1er test PCR + isolement durant 5 jours + 2nd test PCR.

Ce certificat ferait alors office de « passeport vaccinal ». Bien que l’appellation soit refusée par la Commission Européenne, étant donné que le certificat n’est pas obligatoire pour circuler, il supprimerait la contrainte de la « quarantaine » stricte, et faciliterait les déplacements des personnes vaccinées. Il faut, bien-sûr, que d’autres états adoptent la même mesure, pour que cela ait un sens. En sommes nous encore loin ?

Certes, l’adoption du « passeport vaccinal » par plusieurs pays européens serait un facteur d’inégalité entre les personnes vaccinées et non-vaccinées. Mais peut-on reprocher sa décision à l’Islande ? Ce pays insulaire a-t-il fait son choix uniquement pour des raisons sanitaires ?

Ces dix dernières années, l’île a multiplié par cinq le nombre de touristes venant profiter de ses merveilles naturelles. Ce flux, atteignant presque 2.500.000 visiteurs en 2019, correspond à cinq fois la population du pays. Le tourisme représentait 8% du PIB de l’Islande, avant que la crise sanitaire ne l’isole du continent et fasse chuter le PIB global de l’île de 7,5% en 2020. Précédemment, l’île a dû faire face à la faillite de la compagnie aérienne lowcost « WOW Air », ce qui a contribué à réduire considérablement le nombre de visiteurs.

La création de ce « passeport vaccinal » est-il un appel, même prématuré, à la relance du tourisme ? Alors que le besoin d’évasion est fort chez de nombreux Européens, la perspective de pouvoir, grâce au vaccin, à nouveau voyager en Europe, peut-elle motiver à se faire vacciner ?

Au vu du faible nombre de vaccinations dans chaque pays, soit un peu plus de 3% actuellement en Islande, cette décision est-elle prise de façon trop hâtive ? Avons-nous le recul nécessaire pour constater l’efficacité des vaccins, notamment face à l’émergence de nouveaux variants du virus à propos desquels l’OMS se dit inquiète ?

Certains pays comme le Danemark, la Suède, la Grèce ou encore la Hongrie, ont annoncé leur décision de développer un certificat vaccinal. Au-delà de la nécessité de créer une plate-forme numérique centralisée recensant chaque citoyen vacciné, et accessible à chaque instant par les autorités des états membres, cela pose la question de l’exclusion des personnes n’ayant pas encore accès au vaccin, ou ne voulant pas se faire vacciner.

Tandis que l’Islande a ouvert la voie, voyons si dans les prochains mois, cette mesure adoptée par un pays européen non-membre de l’Union Européenne, fera école pour le reste du continent.

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