L’Italie en route vers le post-fascisme

Dimanche, les Italiens sont appelés aux urnes. Selon les sondages, il faudra s'attendre à une glissement vers l'extrême-droite et à l'émergence d'un nouvel axe Rome-Budapest-Varsovie.

Georgia Meloni, la "Marine Le Pen italienne", risque d'accéder au pouvoir dimanche. Foto: Atbc. / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Même si notre feu éditorialiste Alain Howiller avait pour l’habitude d’écrire « les sondages ne sont que des – sondages », les derniers chiffres en provenance de l’Italie n’annoncent rien de bon pour l’Europe. En effet, le parti d’extrême-droite « Fratelli d’Italia » de la candidate Giorgia Meloni mène assez largement devant Le « Partito Democratico » d’Enrico Letta et, encore plus important, Giorgia Meloni pourra compter sur le soutien d’autres partis de la droite nationaliste, comme la « Lega » de Matteo Salvini et de « Forza Italia » du zombie Silvio Berlusconi. Une victoire de cette coalition pèserait lourd sur l’Union Européenne.

Ces élections en Italie arrivent comme un tsunami, mais il ne faut pas se tromper. Une droite post-fasciste n’arrive pas comme une catastrophe naturelle, mais elle arrive parce qu’il y a des gens qui votent pour elle. Et si de nos jours, les électeurs et électrices s’orientent de plus en plus vers les extrêmes, il y a des raisons à ça.

En Italie, l’électorat n’a pas oublié l’attitude lamentable de l’Union Européenne lors de la première vague de la pandémie, lorsque la Lombardie et surtout la ville de Bergame étaient particulièrement touchées par cette première vague. Personne n’a oublié les images des camions militaires qui évacuaient la nuit, les cercueils des hôpitaux à Bergame. L’Union Européenne n’avait réagit à l’époque qu’après l’envoi d’équipes médicales depuis trois pays communistes, la Chine, le Cuba et le Venezuela. Le sentiment compréhensible d’avoir été abandonné par l’Europe à un moment où la solidarité européenne était cruciale, a traumatisé l’Italie et explique, en partie, l’essor des extrémistes nationalistes et anti-européen.

Le candidat du centre-gauche Enrico Letta, lui, a un grand problème. Si son parti est le seul pouvant concurrencer les « Fratelli d’Italia », il lui manqueront des partenaires potentiels pour pouvoir former un gouvernement. Ni le mouvement « 5 étoiles », ni « Viva Italia » de Matteo Renzi travailleront avec Letta, ce qui crée une situation comparable à celle en France – les partis de la gauche se déchirent entre eux, et pendant ce temps, l’extrême-droite peut monter.

Si les élections en Italie sont en tout premier lieu une affaire italo-italienne, les conséquences d’une victoire de Giorgia Meloni sur la politique européenne risquent d’être graves. Déjà, l’Union manque terriblement de pragmatisme et de poids sur l’échiquier mondial, mais avec Meloni, l’Union Européenne risque de se paralyser davantage. Comme la Pologne et la Hongrie, Giorgia Meloni veut non seulement maintenir, mais élargir le droit de veto des 27 états-membres, un instrument permettant depuis longtemps à Varsovie et Budapest, de transformer l’UE en une sorte de grand porte-monnaie où l’on se sert à volonté, sans pour autant respecter les fondamentaux de l’Union. Certains observateurs se posent même la question si une victoire de Meloni ne constituerait pas le prélude à un « Italxit », la sortie de l’Italie de l’Union, comme l’avaient fait les Britanniques.

Si les « Fratelli d’Italia » mènent dans les sondages, les résultat entre les « bloc théoriques » restera probablement serré. Ceci dit, une majorité du centre-gauche semble exclue, en vue des mauvaises relations entre les acteurs. Donc, il faudra au moins envisager que dimanche, l’Italie entre dans une phase post-fasciste et ultra-nationaliste. Les fissures dans la « Maison Europe » sont de plus en plus difficiles à colmater…

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