L’Italie vire à l’extrême-droite

Les « Fratelli d'Italia » de Giorgia Meloni ont remporté les élections législatives en Italie. L'arrivée des extrémistes au pouvoir n'est pas un hasard et ne présage rien de bon pour l'Europe.

Salvini, Berlusconi et surtout Meloni - ces trois anti-européens dirigeront désormais l'Italie. Foto: Scia Della Cometa / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Giorgia Meloni a réussi son coup. En doublant l’extrémiste Matteo Salvini à droite, elle s’est imposée lors des élections législatives et pourra sans doute former un gouvernement ultranationaliste avec ses compères Salvini et Berlusconi. Mais il faut être conscient que le néo-fascisme en Italie n’arrive pas comme une catastrophe naturelle, les Italiens ont voté pour. A tous les problèmes et catastrophes actuelles, un autre problème vient donc de s’ajouter.

Les chiffres : Les « Fratelli d’Italia » remportent 26,2% des votes, le PD d’Enrico Letta obtient 19,2%, le Mouvement 5 Stelle de Guiseppe Conte arrive à 15,2%, la « Lega » de Salvini totalise 8,8% et « Forza Italia » du vieillard Berlusconi 8,2%. Suivront maintenant les négociations en vue de la formation d’une coalition d’extrême-droite qui aboutiront sans doute, puisque cette coopération des ultranationalistes et anti-européens est préparée depuis un bon moment.

La Gauche italienne fait ce que fait la Gauche partout en Europe – elle s’auto-déchire et regarde l’extrême-droite monter. Pourtant, au niveau du potentiel électoral, les partis dits de « gauche » pourraient concurrencer l’extrême-droite, mais les partis de cette gauche fractionnée sont incapables de s’unir pour faire barrage à une évolution politique des plus inquiétantes. Quelque part, cela fait penser à ce qu’il se passe aussi dans d’autres pays…

A Budapest, Varsovie, Bratislava et Prague, on se frotte les mains, l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir renforce la position des « états de Visegrad » qui pourront désormais compter sur le soutien de l’Italie, lorsqu’il s’agira de trahir les « valeurs européennes », par exemple en ce qui concerne l’accueil de réfugiés.

C’est la première fois qu’un gouvernement ouvertement anti-européen prend le pouvoir dans l’un des grands pays européens. Ceci n’empêchera pas l’Italie d’encaisser les 200 milliards d’euros dans le cadre du plan de relance de l’Union, tout comme les autres états de Visegrad n’ont jamais craché sur les milliards qui arrivent depuis Bruxelles.

Si les premières réactions bruxelloises étaient catastrophées, il est évident que les institutions européennes réagiront de la même façon qu’en 2016 après le premier référendum sur le Brexit – elles continueront le « business as usual », au lieu de se mettre immédiatement à une réforme profonde des institutions qui n’arrivent plus à répondre aux défis de notre époque.

La glissade à l’extrême-droite en Italie ne constitue pas le point culminant d’une évolution, mais le début d’une évolution qui verra d’autres pays européens tomber dans le piège de l’ultranationalisme.

A un moment où le monde politique sombre dans ses scandales, dans la corruption, dans le manque d’idées, les résultats des élections en Italie représentent un très mauvais signal. Si les Italiens pensent qu’un gouvernement autoritaire et ultranationaliste puisse apporter des solutions aux crises généralisées, ils se trompent. Le nombrilisme nationaliste ne protégera personne, mais bloquera la solidarité européenne. Est-ce que les Italiens estiment vraiment qu’une Giorgia Meloni puisse peser sur l’échiquier mondial ? Elle y pèsera aussi peu qu’un Olaf Scholz ou un Emmanuel Macron – et l’Union Européenne continuera sa descente aux enfers de l’insignifiance politique. En vue de ce qui nous attend ces prochains mois, l’élection en Italie a donné le pire des résultats possible.

Mais soyons clairs – Meloni est arrivé au pouvoir par un vote démocratique. Aux Italiens d’en assumer les conséquences. Aux Européens aussi.

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