Loup, y es-tu ?

Réactions en Europe centrale sur l’arraisonnement de Crimée

Matriochkas du pouvoir russe, toujours enceintes d'elles-mêmes Foto: Brandt Luke Zorn / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 2.0Gen

(MC) – Alors que le G20 s’ouvre et que le coup de force russe à Kertch fait l’objet de bien des conversations, les réactions des dirigeants d’Europe centrale présentent une diversité ambivalente.

Les positions des gouvernements d’Europe centrale, dirigeant tous des Etats appartenant à l’Union Européenne, expriment et reflètent bien évidemment la nature des relations entre le pays concerné et la Russie, et dans une certaine mesure, leur proximité idéologique avec le pays de Poutine. Les premiers à s’être exprimés sont la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie, trois pays limitrophes de l’Ukraine.

En Slovaquie, le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué dès le 26 novembre, au lendemain de l’éperonnage de Kertch. La Slovaquie n’a jamais reconnu l’annexion de la Crimée, et insiste sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et sur sa souveraineté. Le ministre appelle à la désescalade et évoque les risques encourus pour la sécurité internationale : « Les mesures qui mènent à l’escalade de la tension en Crimée annexée portent atteinte à la souveraineté de l’Ukraine, à la sécurité et à la stabilité dans la région. » Le ministère appelle en outre, comme la plupart des pays européens, au retrait des Russes de la mer d’Azov. Accès qui est, rappelons le, garanti par un Traité international depuis 2013 : « Nous appelons donc la Fédération de Russie à autoriser le libre accès par le détroit de Kertch et les ports ukrainiens situés au bord de la mer d’Azov, conformément au droit international. »

Le tocsin sonne différemment au ministère hongrois des Affaires étrangères. Si « la Hongrie soutient pleinement l’intégrité et la souveraineté territoriale de l’Ukraine », a déclaré le mardi 27 novembre le ministre Péter Szijjárto, « c’est une mauvaise nouvelle pour nous que les relations entre la Russie et l’Ukraine n’avancent pas sur la voie d’une solution et d’une résolution pacifique ». Et cependant, la Hongrie se refuse à toute critique envers la Russie et son Président. Elle considère que c’est le carré France-Allemagne-Ukraine-Russie qui doit essayer de régler le problème.

En réalité, les autorités de Budapest ne veulent pas jeter de l’huile sur le feu, en réalité, parce qu’elles s’inquiètent de l’importante minorité hongroise installée là depuis très longtemps, dans l’oblast qu’on appelle Transcarpatie – ou anciennement, Ruthénie subcarpatique. (voir mon précédent article dans Eurojournalist). Cette région a ait aprtie du royaume de Hongrie durant de longs siècles – elle est encore largement de culture hongroise – puis de la Tchécoslovaquie, et enfin (?), elle a été intégrée dans la République d’Ukraine à l’époque soviétique. 15 % environ de la population de l’ oblast sont aujourd’hui de culture hongroise et magyarophone, ce qui représente environ 170 000 personnes.

Or, selon le communiqué ministériel de mardi dernier : « Conformément à la décision du Parlement ukrainien, la loi martiale entrera en vigueur mercredi dans 10 oblasts d’Ukraine, mais la Transcarpatie ne fait pas partie de ces comtés ». Son homologue ukrainien, Pavlo Klimkine, l’aurait assuré que les Hongrois d’Ukraine ne seraient pas enrôlé dans l’armée ukrainienne « de manière disproportionnée ». Une expression étrange, et quelque peu inquiétante…

Les 10 régions (sur les 24 que compte l’Ukraine) où Porochenko a mis en vigueur la loi martiale sont ceux, frontaliers, de l’Est et du Sud du pays. Rappelons que loi martiale, cela signifie éventualité de la mobilisation, couvre-feu, contrôles effectués par des militaires et des policiers, mise en place de nombreux check points. Et aussi la possibilité de saisies de biens collectifs ou privés…Il est essentiel pour comprendre toute cette agitation militaire de se demander si l’instauration de la loi martiale ne dépassera pas les 30 jours décidés par Porochenko après intervention du Parlement ( le Président avait d’abord voulu l’étaler sur 2 mois),ou si elle ne se prolongera pas plutôt jusqu’au mois de mars, date prévue des élections présidentielle ( Petro Porochenko est à 15 % d’opinions favorables, moins qu’Emmanuel Macron en France…)

Le Président polonais, Andrej Duda, en visite en Bulgarie mardi, a déclaré que la Pologne soutiendra toute initiative internationale ayant pour but de renforcer les sanctions envers la Russie. Andrej Duda rappelle que les Accords de Minsk – ces Accords qui ont été rendus possibles, en février 2015, par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe et qui portent sur le cessez-le-feu au Donbass, dans l’Est de l’Ukraine – doivent être respectés. « La Russie viole le droit internationale et les accords russo-ukrainiens concernant la mer d’Azov », a-t-il dit ; et il a ajouté : « Nous ne pouvons accepter une telle chose, et la Pologne exprime son opposition envers de telles actions. »

Avant le G20 qui s’ouvre es jours-ci, Donald Trump a suggéré, implicitement mais en toute clarté, que l’attaque de Kertch l’intéressait modérément, bien moins que les taxes douanières qu’il veut continuer à imposer à la Chine, et que c’était là une affaire européenne, que les Européens devaient régler.

Encore un défi important… Que doit et surtout, que peut faire l’Union Européenne ?

 

 

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