L’UEFA relance la pandémie

L’EURO 2021 se transforme de plus en plus en « superspreader event » – à un moment où les taux d’incidence baissent dans beaucoup de pays, l‘UEFA risque des vies humaines.

Ein Fussball-Fest der gefährlicheren Art... wer ist verantwortlich? Foto: ulrich_berkner / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Le « Public Health Scotland » est formel : presque 2000 spectateurs se sont infectés lors du match Angleterre – Ecosse qui avait lieu le 18 juin dernier à Londres. 400 de ces cas se seraient infectés au stade même, les autres aux abords où de nombreux supporteurs s’étaient retrouvés. Suite aux premiers cas d’infections concernant des supporteurs finlandais qui rentraient d’un match à Saint Petersburg, il apparaît de plus en plus clairement que cet EURO 2021 devient une relance du virus en Europe et ce, à un moment où la pandémie était assez sous contrôle dans de nombreux pays.

La politique réagit, mais elle réagit tard. Ainsi, le porte-parole santé du SPD allemand, Karl Lauterbach, estime que « l’UEFA est responsable de la mort de beaucoup de personnes », en expliquant que « le match [Angleterre – Allemagne, n.d.l.r.] a montré la proximité des supporteurs qui s’entrelacent et crient. De centaines de personnes ont du s’infecter et eux, contamineront à leur tour de milliers de personnes. »

Mais cela n’affecte en rien l’UEFA qui elle, tient à faire entrer un maximum de supporteurs dans les stades et qui en plus, insiste à ce que les VIPs soient exempts des mesures de quarantaine. La relance pandémique est une conséquence logique de ce tournoi organisé comme une grande fête du voyage qui fait se déplacer à travers toute l’Europe, les équipes, le staff, les médias et les supporteurs.

Au lieu de réagir à ces nombreux cas d’infection dans le cadre des matchs de l‘EURO 2021, l’UEFA préfère regarder ailleurs. Tant que les entrées financières publicitaires, les droits de télévision et la billetterie apportent de l’argent à l’UEFA, celle-ci ne s’intéresse pas aux victimes qui contractent la Covid-19 dans le contexte de ces matchs et des voyages à travers toute l’Europe.

Mais les réactions du monde politique viennent trop tard. Il aurait fallu stopper l’UEFA qui très tôt, avait insisté à ce que les matchs se déroulent devant des supporteurs et ce, après une année de football dans des stades vides. C’était aux politiques de s’opposer à l’exigence de l’UEFA qui elle, contrecarre tous les efforts que les Européens et Européennes fournissent depuis un an et demi pour endiguer cette pandémie qui maintenant, se trouve relancée par un tournoi de football.

Toutefois, même si les réactions viennent tard, les politiques ont raison de nommer l’UEFA comme responsable de cette relance pandémique qui, ces prochains jours, risquent de connaître une nouvelle flambée, avec les matchs qui se joueront encore dans les « hot spots » qui sont Londres et Saint Petersburg. Un moment donné, il conviendra de réfléchir si les bénéfices réalisés par l’UEFA dans le cadre de ce tournoi de la honte, ne devraient pas être injectés dans les systèmes hospitaliers des pays qui seront particulièrement touchés par cette nouvelle montée des chiffres pandémiques.

L’UEFA, elle, se décharge déjà sur les autorités locales. « La décision finale quant au nombre de spectateurs admis dans les stades, appartient aux autorités locales », a déclaré la fédération continentale, sans toutefois mentionner que c’est elle qui avait imposé la présence de spectateurs dans les stades. Par ailleurs, l’UEFA n’entend pas annuler ou déplacer les matchs à venir – au contraire : pour les finales (2 demi-finales plus la finale) prévues à Londres, jusqu’à 60.000 spectateurs seront admis au stade.

Il faut espérer que le monde politique ne fermera pas les yeux sur la responsabilité de l’UEFA dans une nouvelle flambée de la pandémie. Ces prochains jours, il conviendra de suivre l’évolution pandémique très attentivement. Et, pourquoi pas, interdire les stades au public pour les matchs restants.

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