L’Union Européenne brade ses valeurs en Libye

L’Europe est choquée par les images d’une vente d’esclaves en Libye. Pourtant, c’est l’UE qui finance les marchands d’esclaves et les camps de concentration en Afrique.

L'esclavage, pourtant aboli depuis le 19e siècle, est de retour. Aussi grâce aux financements européens. Foto: Kwamikagami / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Une vidéo montrant la vente d’esclaves dans un camp de réfugiés en Libye a fait le tour du monde. Et bien entendu, nous sommes tous choqués. Des individus dont le seul crime consistait à vouloir se réfugier en Europe, sont vendus pour 800 ou 900 dollars. En voulant lutter contre les passeurs d’hommes en Afrique, l’Union Européenne a financé l’émergence d’un nouveau trafic d’esclaves, tout en rendant le modèle d’affaires des passeurs encore plus lucratif. Difficile de faire pire.

En principe, rien de nouveau. On sait que la Libye se trouve dans un chaos politique absolu, on sait que le « gouvernement » libyen ne contrôle guère plus que la capitale Tripoli et que le reste du pays se trouve sous la coupe de groupes, groupuscules et warlords locaux. Pour barrer les routes menant à l’Europe, l’Union Européenne a équipé des bandes criminelles et versé au total 220 millions d’euros à un gouvernement qui ne gouverne rien. Force est de constater qu’elle a financé les atrocités que nous déplorons maintenant.

En Libye et dans d’autres pays du nord de l’Afrique, l’UE a ainsi financé la mise en œuvre de camps où des réfugiés sont torturés, violés et vendus comme esclaves. L’Europe a même financé les bateaux hautement sophistiqués avec lesquels les bandes de criminels chassent les réfugiés dont les embarcations ont déjà quitté les eaux libyennes. On les ramène en Libye, avec comme issue l’internement et l’esclavage.

Sans l’aide européenne, ce système ne pourrait pas fonctionner. – Il ne s’agit pas d’une aide au développement : les financements n’améliorent pas les conditions de vie des populations concernées et n’agissement pas sur les causes des vagues de migration. On soutient des despotes et champions de la violation des Droits de l’Homme, pour transformer l’Europe en une sorte de forteresse inaccessible. Et c’est réussi – la « Route des Balkans » est fermée, l’accès à la Méditerranée passe par le cordon d’interception établi, avec l’aide de l’Union Européenne, par les marchands d’esclaves sur toute la largeur de l’Afrique, de la Mauritanie jusqu’en Somalie. Pour bloquer la route vers l’Europe, l’UE n’hésite pas à coopérer avec des dictateurs, comme avec Omar Al-Bachir, chef d’état soudanais et seul chef d’État au monde frappé d’un mandat d’arrêt international pour génocide et crimes contre l’humanité.

Sur la question des mouvements migratoires, l’Europe perd son âme. – L’Union Européenne brade ses principes sacrés, les Droits de l’Homme, en finançant des criminels de la pire espèce, en renforçant les appareils d’oppression dans les pays concernés, en armant des bandes criminelles qui font le « sale boulot » à notre place.

Il ne suffit plus de verser des larmes de crocodile en trouvant tout cela terrible. Ces crimes sont commis en notre nom, financés en partie par des personnes que nous avons élues. Si on n’approuve pas cette évolution et ces agissements, nous n’aurons d’autres choix que de chasser, lors des prochaines élections européennes en 2019, ceux qui en sont responsables. Car l’Europe devrait être la gardienne des Droits de l’Homme, le fief de la démocratie et de l’Humanisme et non pas, comme actuellement, un acteur maladroit qui soutient, malgré lui, ceux qu’il conviendrait de combattre.

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