L’Union Européenne tente de hausser le ton

Pour mettre Vladimir Poutine sous pression, l’Union Européenne soumet à partir du 25 juin toute importation depuis la Crimée à l’autorisation ukrainienne.

Une mesure qui fait mal. L'importation du Mousseux de Crimée nécessitera l'autorisation ukrainienne. Une pénurie est à prévoir. Foto: Sven Teschke, Büdingen / Wikimedia Commons

(KL) – Comme ça, spontanément, quels sont les produits que vous associez à la Crimée ? Correct, le Mousseux de Crimée. Le «Sovetskoïe champanskoïe», le «champagne soviétique», comme le surnomment les connaisseurs. Voilà le produit le plus connu de la Crimée. Donc, pour importer ce mousseux en Europe, il faudra désormais une autorisation délivrée par les autorités ukrainiennes. Mais, contrairement au Champagne, le Mousseux de Crimée ne dispose pas d’une Appellation d’Origine Contrôlée. Ce qui veut dire qu’on peut parfaitement importer un produit de ce nom qui ne vient pas du tout de la Crimée, mais de la «République Populaire de Donetzk», par exemple. On pourrait penser que cette «sanction» ne changera pas vraiment le cours des choses.

Lundi, le nouveau ministre des affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkin, avait été reçu par ses collègues européens au Luxembourg. Dans un Allemand impeccable, le jeune ministre disait chercher du soutien politique dans l’UE, tout en rajoutant «je crois que le plan de paix que nous avons présenté tient aussi compte des intérêts russes.»

Il est vrai que la position officielle de l’UE par rapport à la Crimée est claire. Elle considère que l’annexion de la Crimée était illégale. Le seul problème étant que cette position européenne n’intéresse pas trop dans le concert de la politique mondiale. Sur un ton assez aggressif, le ministre britannique William Hague a annoncé que «l’UE est prête à durcir les sanctions si Poutine ne contribuait pas activement à la mise en oeuvre du plan de la paix» – mais si la «sanction» consiste à priver quelques aficionados de caviar et de blinis du Mousseux de Crimée, il y a des chances à ce que cette population soit en mesure de remplacer le Mousseux pendant la durée de «l’embargo», par du vrai Champagne. Ou l’excellent mousseux d’Alsace.

Les deux côtés ne font pas grande chose pour calmer la situation. Pendant que Poutine parle de paix, il concentre à nouveau des troupes le long de la frontière ukrainienne. Mais la visite de Pavlo Klimkin au Luxembourg n’est pas anodïne non plus. Klimkin cherche la protection de l’Ouest. Compréhensible dans une situation de guerre dans l’est du pays. La peur d’une nouvelle annexion est tangible, il est donc normal que Kiev cherche la protection de l’UE. En même temps, et toujours en situation de guerre, il est tout aussi compréhensible à ce que les séparatistes et la Russie regardent cette évolution aussi avec inquiètude.

La seule voie pour quitter cette impasse, c’est la négociation. Hier, les séparatistes ont déclaré vouloir respecter le cessez-le-feu, mais cela semble difficile à tenir. Les groupes pro-russes ne sont pas organisés de manière assez disciplinée pour qu’ils puissent vraiment stopper le feu sur un ordre central. Et qui donnerait un tel ordre ? Les combats risquent de reprendre rapidement.

Mais bon, il y a de l’espoir. L’embargo du Mousseux de Crimée portera sans doute ses fruits et fera trembler Moscou. Une fois de plus, l’UE aura démontré son poids énorme dans les grands dossiers de notre époque…

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