L’Union Européenne = Union du Marché Intérieur

On s’attendait à une stratégie européenne, on a eu une présentation d’Ursula von der Leyen et de Charles Michel qui montrait ce qu’est l’Union Européenne aujourd’hui. Un simple agent du marché intérieur.

"marché intérieur, marché intérieur et marché intérieur" - au moins, Ursula von der Leyen dit ce qui intéresse l'Union Européenne. Foto: (c) EU / Europa 2021

(KL) – Conférence de presse à Bruxelles, 23 heures du soir. Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission Européenne et Charles Michel, Président du Conseil Européen, présentent un semblant de « stratégie européenne ». Mais au lieu d’entendre les responsables parler du bien-être et de la santé des 500 millions Européens et Européennes, on entendait pendant toute leur intervention surtout deux mots : « Marché intérieur » et « vaccins ». En ce qui concerne les citoyens, rien de nouveau à l’Ouest. Cette « stratégie européenne » n’est pas vraiment européenne.

« Les frontières resteront ouvertes », annoncent les deux, fiers du résultat de leurs tractations. Sauf que cette « ouverture » ne s’appliquera qu’aux marchandises, aux travailleurs frontaliers et aux officiels qui eux, pourront continuer à bouger. Les citoyens lambda n’a qu’à rester chez lui, pas de voyages, pas de visite à l’étranger, confinement, couvre-feu.

Concernant une vraie stratégie européenne, les participants de la conférence de presse nocturne écoutaient attentivement quand Ursula von der Leyen disait que la situation pandémique était plus ou moins la même partout en Europe. Elle a raison. Mais au lieu d’annoncer des mesures harmonisées pour combattre ce problème partagé, la présidente de la Commission Européenne indiquait seulement que les mesures sanitaires relevaient, bien sûr, de la compétence des états-membres. Comprendre : « débrouillez-vous »… En ce qui concerne les frontières, d’éventuelles fermetures seraient à décider entre les états concernés. Qui eux, continueront tous à appliquer ce qu’ils veulent appliquer, à ouvrir ou fermer magasins, écoles, crèches ou structures de loisirs, comme avant.

Ce qui compte au sein de l’Union Européenne, ce sont exclusivement les intérêts économiques. « Il faut assurer la libre circulation des marchandises, il faut protéger le marché intérieur », martelait Ursula von der Leyen. D’accord, il faut protéger l’économie, mais peut-être aussi un petit peu les Européens et Européennes ?

A l’heure avancée, les deux protagonistes de cette conférence de presse revenaient à la vie lorsqu’il était question des vaccins. C’est là que les institutions européennes sont le plus à l’aise – quand il s’agit de parler millions et milliards, financement et coût des opérations. Mais l’approche européenne se limitera à l’acquisition de quantités énormes de vaccins (qui ne peuvent pas être produits dans l’immédiat) et à une distribution de ces vaccins dans les états-membres. Bien. Beaucoup de monde gagnera beaucoup d’argent dans cette opération, surtout les sacro-saints « marchés financiers ».

Soyons honnête – ces frontières « ouvertes » sont tout sauf « ouvertes ». Elles sont fermées et la seule exception à cette fermeture, ce sont les marchandises, acteurs économiques et politiques. Pour les citoyens et citoyennes, il restera une recommandation de se passer de voyage (on prend les paris, cette recommandation sera traduite en interdiction dans les états-membres) et sinon, rien. D’accord, il faut réduire les contacts sociaux, mais l’UE accepte volontiers que certains pays gardent les écoles et magasins ouverts, pour tenter maladroitement de sauver l’économie, tout en permettant à ce virus de se propager davantage. Pas de problème, tant les marchandises pourront voyager. Sinon, on aura droit au passeport de vaccination qui, selon les officiels, « ne donnera pas d’avantages particuliers » – maintenant, il suffit d’y croire très fort…

Le narratif de « l’Europe des Citoyens » fait désormais partie des vieilles histoires. Il n’est plus valable. Ce ne sont pas les Européens et Européennes qui intéressent cette Union, mais les affaires. Et que les affaires. Pour le reste, que les états-membres se débrouillent. René Magritte aurait commenté : « Ceci n’est pas une stratégie européenne… ».

2 Kommentare zu L’Union Européenne = Union du Marché Intérieur

  1. Thierry Brand // 26. Januar 2021 um 21:54 // Antworten

    Excellent article, qui résume la situation qui perdure depuis des années.Chassez le naturel, il revient au galop. L’UE se veut surtout, voire exclusivement pour certains uniquement une union commerciae et douanière. l’Europe politique est à l’heure actuelle utopique.Je suis quasiment certain que le gros de la pandémie passé, la BCE reviendra sur les QE, le plan de relance et le budget européen commun, aussi modeste soit-il. Napoléon Bonaparte, personnage certes discutable, appelait les Anglais ” peuple de boutiquiers”. Il ne connaissait pas l’Union Européenne contemporaine.
    Quant au passeport vaccinal, sa conception serait confiée, entre autres, à Microsoft, encore une multinationale soucieuse de santé et de nos données personnelles.
    Alsacien, petit-fils de malgré-nous, je suis pourtant un Européen convaincu.
    Mais pas de cette mascarade maquillée en bleu.

    • Thierry, entièrement d’accord. Surtout avec votre conclusion – pour les Européens convaincus que nous sommes, il vient de plus en plus difficile de défendre l’indéfendable. Depuis 2016, on nous rabâche qu’il faut un “nouveau projet européen”, sauf que personne ne s’est jamais attelé à cette mission. On continue ainsi, et les Britanniques ne seront pas les derniers à quitter cette UE agent du grand capital…

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