L’union fait la force. Mais quelle union ?

La rencontre d’Angela Merkel, de Matteo Renzi, de François Hollande et de Donald Tusk à Berlin a surtout montré une chose – même maintenant, on joue encore la carte de la politique intérieure.

Angela Merkel vs. François Hollande et Matteo Renzi - la nouvelle configuration de l'UE ? Foto: (c) Présidence de la République / L. Blevennec

(KL) – Le « Brexit » oblige les chefs des gouvernements européens à prendre position par rapport à la question de l’avenir européen. Si le « mini-sommet » berlinois était destiné à se serrer les coudes, il a surtout montré que les responsables politiques des trois pays et du Conseil Européen n’ont toujours pas réalisé qu’il ne s’agit pas de l’avenir de leurs pays respectifs, mais de l’avenir de l’Europe. Et – sans le vouloir, ils ont enterré le « franco-allemand » à Berlin.

Déjà le format de ce « mini-sommet » indique la mauvaise direction. Avec le vote de la Grande Bretagne, il est clair que l’avenir de l’Europe ne peut pas reposer sur quelques pays qui se comportent comme les « chefs » de l’Europe. L’Allemagne sabote depuis de nombreuses années le rêve européen avec sa politique d’austérité, la France n’a rien entrepris pour que l’Allemagne change sa politique et tout ce qui intéresse l’Italie, ce sont des investissements européens permettant à Rome de redresser une situation économique plus que tendue. Cette « diplomatie des puissants » constitue un anachronisme qui n’a plus de raison d’être dans une Europe qui mérite ce nom.

Conséquence – il n’y a même pas de consensus quant à la lecture des conséquences politiques du « Brexit ». Pendant qu’un Daniel Cohn-Bendit somme Paris et Berlin d’agir et de « sauver l’Europe », les responsables allemands et français songent à tout, sauf le sauvetage du navire européen qui est en train de couler.

Angela Merkel joue la montre, espérant qu’un miracle se produise et que le « Brexit » n’ait pas lieu – dans presque toutes les questions importantes, la Grande Bretagne s’est rangée du côté de la chancelière (sauf dans le dossier des réfugiés) et par conséquent, Angela Merkel ne veut pas précipiter les choses.

Autre son de cloche chez François Hollande. Pour lui, le « Brexit » constitue une occasion pour se profiler au niveau de la politique nationale, en attribuant un rôle plus important à la France au niveau européen. Donc, François Hollande est pressé – « qu’ils partent et qu’ils partent vite ». Il rejoint donc le président du Parlement Européen, l’Allemand Martin Schulz, qui voudrait également que les Britanniques invoquent immédiatement l’article 50 des Traités Européens en déclarant leur sortie de l’Union Européenne.

Le premier ministre italien, Matteo Renzi, poursuit également des objectifs nationaux. Avant le « mini-sommet » berlinois, il avait rencontré François Hollande à Paris et y a évoqué le souhait italien de voir de nouveaux programmes d’investissements en Italie et une plus grande flexibilité concernant les limites du déficit autorisé – on commence donc (enfin !) doucement à se rebiffer contre cette politique d’austérité néfaste que défendent Angela Merkel et Wolfgang Schäuble, mais pourquoi en voulant chasser les Britanniques le plus rapidement possible ?

Le quatrième participant à ce « mini-sommet » bruxellois, le président du Conseil Européen Donald Tusk, se limite à organiser les débats suite au vote britannique. Aujourd’hui, mardi, les chefs des 28 gouvernements se retrouvent à Bruxelles pour discuter de la situation, mercredi, David Cameron ne pourra plus participer aux consultations.

Trois états-membres et le Conseil Européen – cela fait 2,5 positions différentes quant à la question du timing du « Brexit ». Est-ce qu’ils n’auraient toujours pas compris les vrais enjeux de la situation ?

1 Kommentar zu L’union fait la force. Mais quelle union ?

  1. Excellent article mais le pire n’est jamais sûr. Espérons quand même.

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