Macron : le changement, c’est… maintenant !

Alain Howiller analyse le nouveau paysage politique en France.

Les élections sont consommées - maintenant, il faudra livrer. Foto: Celette / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – Les électeurs français -enfin ceux qui se sont déplacés pour aller voter !- ont enfin pu ranger leur carte d’électeur : abstraction faite pour les « grands électeurs » qui participeront le 24 Septembre au renouvellement des élus de la moitié des circonscriptions électorales représentées au Sénat, elle ne leur servira plus avant 2019 pour les élections européennes ou 2020 pour les élections municipales. Au sortir d’une période qui les a vus se rendre… quatre fois dans leur bureau de vote en un peu moins de deux mois, ils s’offrent une « pause électorale » dont, selon la plupart des observateurs, ils avaient bien besoin au vu d’une participation de plus en plus déclinante d’un scrutin à l’autre.

La participation, le Dimanche 18 Juin, au deuxième tour des élections législatives a atteint (si on peut dire !) un niveau historiquement bas : 42,6% seulement des électeurs se sont déplacés pour envoyer leur candidat à l’Assemblée Nationale. Le chiffre est encore plus inquiétant, si on y ajoute le fait que 9,9 % des bulletins du deuxième tour (contre 2,2% au premier) ont été déclarés « nuls » ou « blancs ».

Une forme de grève civique ? – Au vu de ces résultats, le leader du « Mouvement de la France Insoumise » sa-t-il eu raison d’affirmer péremptoirement : « Notre peuple est entré dans une forme de grève générale civique » ? Et fort de son relativement modeste nombre de voix obtenu (4,86% et 5,68%, si on y intégre le Parti Communiste ce qui représente un total de 27 sièges dont une dizaine pour le parti communiste), il n’hésite pas à lancer, non sans arrogance : « Le peuple français nous a désignés pour dorénavant porter le fanal du combat ! » Le propos, tout outrancier qu’il soit (dans la circonscription de Marseille où il a été élu, on a décompté… 64,2% d’abstention !), a eu le mérite de cerner le problème de l’impact des abstentions.

Celles ci ne concernent évidemment pas seulement -contrairement à que font semblant de croire un certain nombre d’élus- « La République en Marche », le pari du nouveau président de la République qui a ramassé la majorité absolue des sièges de députés. L’abstention -si on y ajoute, en plus, le phénomène des bulletins blancs ou nuls- doit interpeler tous les partis. Certes, une partie du problème s’explique par la lassitude d’électeurs trop sollicités, mais il souligne aussi que « l’offre » des candidats à l’élection n’a été ni satisfaisante, ni attractive en dépit d’un nombre incroyable de candidats (jusqu’à près d’une trentaine dans certaines circonscriptions), mais il s’explique essentiellement par la pauvreté voire la vacuité des programmes et sans doute aussi par le climat délétère généré par le poison des « affaires » qui ont émaillé ces élections.

Où on parle d’élections et de légitimité ! – Le gouvernement comme les dirigeants de partis laminés par l’émergence et les succès d’Emmanuel Macron et de la « République en Marche » devront faire preuve d’imagination et de rigueur pour remonter le courant de méfiance et de désaffection envers « le » et « les » politiques qui vient de s’exprimer. Faut-il pour autant douter de la légitimité de la majorité issue des élections ? Un participant aux nombreux débats organisés sur les plateaux de télévision le soir du deuxième tour a apporté une approche de réponse : « Tout le monde connaît la faible participation aux élections professionnelles : a-t-on jamais eu l’idée de contester la légitimité des syndicalistes issus de ces élections ? »

Il n’empêche que la tentation -et certains représentants de la gauche extrême n’en ont pas fait mystère- sera grande de chercher dans la rue, la majorité qu’on n’aura pas au Parlement ! Des souvenirs remontent à la surface de certaines mémoires, en cette année où on « fête » le centième anniversaire de la Révolution d’Octobre et où le 150ème anniversaire de la parution du « Capital » apporte de l’oxygène aux partisans de… Karl Marx.

Oligarchie et mandat populaire ! – Entre les vociférations de ceux qui, à l’extrême droite, vitupèrent les « oligarchies » (!?) et ceux qui, à l’extrême gauche (!?), affirment avoir un mandat du « peuple », entre ceux qui, à droite et au centre, recherchent un -ne serait ce qu’un !- espoir de rebondir et ceux -écologistes en perdition qui n’ont plus qu’un élu !- qui cherchent un gilet de sauvetage, l’équipe « Macron » devra démontrer que le… « changement » est en Marche : « Ce ne sera pas facile. »

Un résultat intéressant qu’il serait dommage de ne pas relever dans le contexte des débats qui ont lieu en Alsace depuis l’intégration de la région dans le « Grand Est ». Une éventuelle restauration d’une entité alsacienne qui redonnerait une forme à l’identité alsacienne a été peu évoquée tant dans la campagne des élections présidentielles que dans celle des législatives. Alors qu’à l’occasion de ces élections législatives trois députés nationalistes corses (sur quatre élus) vont entrer à l’Assemblée Nationale ?

De la Corse à l’Alsace ! – En Alsace, les candidats ont payé leurs divisions : ils n’ont réussi qu’à placer un candidat au deuxième tour des élections. Il a été assez largement battu, dans la circonscription de Sélestat, par le député Républicains-Union du Centre Indépendant(LR-UDI) sortant élu avec 54,14% des voix. Est ce à dire que le Grand Est s’installe dans le paysage régional au détriment de la revendication régionaliste ? L’attitude des nouveaux élus, celle des représentants des collectivités locales sera déterminante dans les prochaines semaines sur le point de savoir s’il faut s’attendre à une relance de ce dossier délicat ?

En attendant, on en saura plus sur la manière dont, au niveau national, le nouveau gouvernement entend procéder pour appliquer sa politique. On saura aussi quelles priorités le pouvoir entend privilégier. On sera fixé le 4 Juillet, à l’ouverture de la session de la Nouvelle Assemblée Nationale dont… 75% des élus auront été changés ! Le Premier Ministre présentera, ce jour-là, son programme et réclamera son investiture et celle de son gouvernement. Les Français ne seront pas les seuls à suivre ces débats de près !

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste