Mai 2015 : Strasbourg doit relancer l’Union Européenne !

Les 14 et 19 mars derniers, coup sur coup, deux articles pessimistes quant à la situation et à l’avenir de l’Union Européenne ont été publiés dans le journal «Le Monde».

Oui, on veut l'Europe. Mais une autre Europe que celle de Bruxelles - celle de Strasbourg ! Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(Par Alexis Lehmann) – Le premier de ces deux articles était intitulé : «L’Europe au risque de la fragmentation», l’autre «Europe, faux postulats et vraie déprime» ! Si ce grand journal a décidé de les publier, c’est que vraisemblablement, il les a trouvés pertinents ou du moins révélateurs d’une opinion de plus en plus répandue.

A ce jour, ils n’ont soulevé ni contestation ni réaction de la part des 731 parlementaires européens… ! Ils iront donc grossir la documentation déjà volumineuse des europessimistes et des eurosceptiques, et désespérer encore un peu plus les Européens qui y croient encore… D’ailleurs qui pense aux 630 millions d’habitants de l’Union Européenne attendant depuis 70 ans, pour certains, que ce rêve insensé, issu du feu et du sang, de créer un jour les Etats-Unis d’Europe, se réalise ?

70 ans ! Trois générations… Pour ne pas y arriver !

Il y a eu certes des avancées : la libre circulation des biens et des personnes, le passeport européen, une monnaie unique dans 19 pays de l’Union et surtout, surtout 70 années de paix sans interruption. Un miracle sur le Vieux Continent.

Mais cette paix, inestimable apport, est à nouveau menacée à nos portes, et la perspective de conflits de toutes natures, civils, religieux, politiques, préoccupe de plus en plus les esprits. Les déplacements de François Hollande et d’Angela Merkel, seuls, auprès de Vladimir Poutine, assortis au silence du Conseil Européen dans le conflit ukrainien prouvent que l’Europe politique n’existe toujours pas !

Or, ces fléaux potentiels ne pourront êtres prévenus et dominés que si une organisation gouvernementale représentative des nations européennes existe vraiment. A ce jour, tous les essais ont été infructueux.

Quand verra-t-on se réaliser cette grande œuvre humaine citoyenne qui avait pour objectif de créer pacifiquement, un nouvel Etat-Continent adapté à la géopolitique du monde ? L’objectif fondamental était la paix, certes, mais aussi la prospérité de l’ensemble des citoyens européens et non la survivance institutionnelle, autonome et souveraine des états partenaires !

L’opinion publique européenne a compris depuis longtemps qu’aucun de grands problèmes de notre temps, chômage, croissance, écologie, défense, immigration, énergie, pollution, développement durable, économie numérique et digitale etc., ne pouvait se régler isolément, pays par pays.

Daniel Cohn-Bendit rappelle que dans quelques années, plus aucun des pays de l ancienne Europe, même pas l’Allemagne, sera présent au sein des grandes puissances du G8. «Nous serons tous morts !», dit-il !

L’Europe s’enlise, s’endort. Les rouages institutionnels fonctionnent certes, mais sans lien avec les citoyens, loin de leurs besoins et de leurs attentes. Chaque pays continue de jouer sa carte, conforté dans l’immobilisme par la funeste règle du vote à l’unanimité.

Les voix des Monnet, Schuman, Adenauer… les appels pathétiques à la raison et à l’union, lancés en 1945 par les Pères de l Europe se perdent dans les brumes de l’Histoire. L’Union Européenne végète et n’arrive pas à imaginer le saut final vers une Europe Puissance à souveraineté partagée, acceptée et comprise par tous !

L’Europe est née ici. Strasbourg et les Alsaciens ont une mission particulière envers elle. Nous sommes tous des Européens convaincus au même titre que nos proches voisins d’outre-Rhin et ne pouvons sans bouger, laisser les pays d’Europe s’engager dans l’impasse des isolements et des conflits, dont nous connaissons trop bien les signes précurseurs, toujours illustrés par les retours sur soi.

Proposons aux Européens, surtout aux jeunes générations, une nouvelle vision, un nouveau cap, un nouvel idéal européen ! Établissons un programme dans le temps. Choisissons la structure fédérale ou confédérale… Commençons par terminer l’Union Economique et monétaire, encore truffée d’asymétries de tous ordres.

Si nous n’avançons pas vers une organisation intégrée, solidaire, nous serons marginalisés, inaudibles sous la pression des grandes mouvances démographiques, économiques, monétaires et politiques. Celle-ci continuera irréversiblement, à restructurer le «monde global».

Les Européens représentent à peine plus de 8% des 7,2 milliards d’hommes qui vivent sur notre planète… La France seule n’atteint pas 1% de la population mondiale ! Soyons lucides sur nos capacités individuelles face à la configuration de notre univers concurrentiel mondial.

70 ans après la fin de la guerre, Strasbourg se prépare à fêter cet anniversaire de manière exceptionnelle. N’est-ce pas l’occasion pour notre Ville de lancer un appel vibrant aux Peuples et aux Gouvernants d’Europe, pour que ce rêve fou mais vital pour tous, d’une Union «Politique» des Pays Partenaires ; les «Etats-Unis d’Europe», se transforme en un plan d’action effectif, séquencé dans le temps, pour devenir enfin «Réalité».

Alexis Lehmann est Président d’Honneur de Strasbourg Evènements, administrateur de sociétés et acteur des relations franco-allemandes depuis de longues années.

1 Kommentar zu Mai 2015 : Strasbourg doit relancer l’Union Européenne !

  1. Bien sûr je suis d’accord avec l’auteur et tout aussi désolé que lui lorsque des articles alarmistes pro-européens sont publiés par un grand journal, ceux-ci ne recueillent pas de réactions des responsables politiques. Ils ne lisent pas tous Le Monde, c’est pourquoi ces articles doivent être relayés, sous la forme qu’on voudra, PQR (Presse Quotidienne Régionale) ici les DNA, L’Alsace , Le Républicain Lorrain et à présent les journaux on line comme Eurojournaliste
    Ceux-ci ont le devoir d’ informer leurs lecteurs qui sont aussi les électeurs des politiques qu’ils peuvent alors solliciter en connaissance de cause. Chez nous surtout.
    Eurojournaliste le fait en tout cas, de bonne grâce.

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