Mais qui est donc cette femme ?

Démontage d'une infox passée et retour vers le réel présent.

Isabel García Tejerina, alors ministre des gouvernements Rajoy I & II. Foto: EU2017EE, Estonian Presidency / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Dès la mi-mars, les usagers des réseaux sociaux relayaient à qui mieux mieux cette photo d’une biologiste s’exprimant devant un micro siglé MAP, et disant à propos de la pandémie de Covid-19 : « Vous donnez un million d’euros par mois à un footballeur et 1800 euros à une chercheuse en biologie. Vous cherchez maintenant un traitement ? Allez donc voir Christiano Ronaldo ou Lionel Messi, ils vous trouveront un remède ! ». Si ses dires s’avéraient particulièrement pertinents, il n’en demeurait pas moins vrai que la femme, dont l’image a été odieusement détournée, était autant chercheuse en biologie que Felipe VI, l’actuel roi d’Espagne, serait luthérien !

Un fake de la plus belle espèce qui a été très vite démonté de toutes pièces, notamment par l’Agence France Presse. Mais aujourd’hui encore, cet aphorisme circule sur la toile, avec ou sans la photo de sa supposée auteure. Qui est donc cette femme si elle n’est pas biologiste et n’a pas tenu ces propos ? L’AFP n’en a pas fait grand mystère en dévoilant de suite son identité réelle. Il s’agit d’Isabel García Tejerina, ingénieure agronome de son état, ministre de l’Agriculture, de la Pêche, de l’Alimentation et de l’Environnement d’avril 2014 à juin 2018, sous les Gouvernement Rajoy I et II, s’exprimant au micro de l’agence de presse du Maroc lors d’un voyage effectué en 2018  .

Députée aux Cortes Generales du 13 janvier 2016 au 15 juillet 2020, elle avait décidé de quitter la politique quand Mariano Rajoy a été laminé par la motion de censure de 2018. Mettant fin cette année à près de vingt ans d’une carrière ayant débuté aux côtés de José María Aznar, cette fidèle du Partido Popular (PP) a renoncé à diverses fonctions. Diplômée des universités de Madrid et Valladolid, cité dont elle est native, cette jeune quinquagénaire ne manque pas de ressources pour rebondir. Persuadée que personne ne devrait se perpétuer en politique (sic), elle conçoit son départ comme le début d’une nouvelle étape de sa vie et en a pris la décision par souci de cohérence.

Ses débuts en politique marqués par le renoncement à une situation confortable ont forgé son caractère et son sens de la combativité. Ce qui, par conséquent, ne lui fait pas exclure un possible retour, fut-ce en acceptant à nouveau d’assumer certaines pertes pas exclusivement matérielles. Extrêmement critique envers l’actuel gouvernement Sánchez et la coalition PSOE – PSC – Unidas Podemos qui lui permet d’exister, elle fait forcément un bilan positif des années Rajoy (2011-2018).

Analyse discutable s’il en est, mais pour demeurer dans le sujet de cet article nous retiendrons qu’en janvier 2020, elle citait à El Diario de Burgos une inscription vue sur un mur de Vallodolid qui l’avait particulièrement frappée : « Quand tu étudies et travailles, pense que l’Espagne aura un jour besoin de toi. ». D’où sa volonté de continuer à se former pour, hors du champ de la politique, être utile à son pays.

Une réflexion bien plus intéressante que cette histoire de footballeurs ; un aphorisme que tout un chacun gagnerait à s’approprier en l’appliquant à son pays, mais aussi à cette Europe solidaire et humaniste que nous appelons ici de nos vœux, et à laquelle nous contribuons par ce journal en ligne…

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