Maisons alsaciennes : restaurer dans les règles de l’Art

La maison en pan-de-bois fait partie du patrimoine alsacien. La restaurer nécessite d’allier techniques modernes et traditionnelles. Point culture et technique avec Denis Elbel, de l’Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne.

Véranda ouverte sur le colombage d'une belle maison alsacienne à Schnersheim. Foto: Marine Dumény / CC-BY-SA 4.0int

(Marine Dumény) – Un imposant portail en bois s’ouvre sur la cour de la ferme. En face, les anciennes écuries, à droite, l’habitation. Le temps d’admirer le colombage, aperçu depuis la route, avant de monter les quelques marches qui introduisent jusqu’à la maison. Denis Elbel, vice-président de l’Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne (ASMA), a fait de la bâtisse un exemple de cette restauration aux règles bien précises.

OK M A 3 Partir sur de bonnes fondations – « Une maison en pan-de-bois, ou à colombages, alsacienne, on ne la rénove pas, on la restaure ». Le ton est donné. Denis Elbel, ingénieur civil de métier, invite à se renseigner auprès de son association, l’ASMA, pour ce qui est des travaux à prévoir. Les aspects administratifs et financiers sont également exposés. Les colombages font partie du patrimoine alsacien, et des subventions ainsi que l’obtention d’un label sont possibles. A la clef : une réduction fiscale. Pour cela, un dossier est à monter auprès de l’Architecte des Bâtiments de France, au Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine. Le projet devra respecter certaines normes et être en adéquation avec l’époque de construction (XVIIIème siècle). Le Label Fondation du Patrimoine est à demander auprès de la délégation départementale (www.fondation-patrimoine.com), il permet de défiscaliser 50% ou 100% du montant TTC net de subventions dans la déclaration de revenus. La maison s’inscrit alors à l’ISMH (Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques). Autre fait intéressant à noter, « on peut tout à fait restaurer une maison en pan-de-bois avec les normes BBC [n.d.l.r. : bâtiment basse consommation] pour l’ancien », signale Denis Elbel. Sa propre maison en est la preuve. OK M A 4

Dans les règles de l’Art, mais surtout avec intelligence – Isolation, toiture, fenêtres… chaque détail compte. Quant à restaurer dans le respect des anciennes méthodes de construction, « oui, mais avec intelligence pour pouvoir y habiter », insiste le vice-président de l’ASMA. Et le diable se cache dans les détails. Les fenêtres ? Du double-vitrage. Très BBC, pas très Bâtiments de France. Et pourtant ! Réfléchi et taillé sur mesure, le verre fin se fond dans son cadre sans dénoter et en respectant les proportions. Pour les tuiles « biberschwanz » (littéralement « queue de castor », pour leur forme), des artisans sont recensés et conseillés. Quant à l’isolation, le moderne s’est mêlé au traditionnel. Faite d’un mélange de chaux et de chanvre, elle est projetée dans les murs, derrière les colombages, à l’aide d’une machine pensée spécifiquement pour. Les peintures de plafonds peuvent également se réaliser de façon traditionnelle : « elles sont à base de fromage blanc », explique Denis Elbel. Poteaux et pièces de bois en état sont conservés et remis à neuf, ou changés auprès d’artisans également référencés par l’association.

OK M A 5Pour trouver l’ASMA, et bénéficier d’une visite conseil, rien de plus simple. Leur site recense les contacts nécessaires, et leurs Stammtisch (tablée réservée aux réunions de l’association) sont ouvertes au public. Au détour de ces dernières, il est même possible de discuter flottaison du bois le long du Rhin ! De quoi s’instruire à défaut de construire.

Pour en savoir plus :
Le site de l’ASMA
Le site documentant la restauration de la demeure de Denis Elbel
L’étude de cas de la CREBA sur la maison de Schnersheim

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