Majorité socialiste aux Portugal

António Costa a remporté les législatives anticipées, mais même avec une majorité absolue à l’Assemblée, il ne gagnera pas à gouverner sans rester à l’écoute du pays. Foto: Arne_Müseler_Wikimedia_Commons_CC-BY-SA-3.0

(Jean-Marc Claus) – Des élections législatives anticipées au Portugal, le Parti Socialiste (PS) sort vainqueur avec de surcroît une progression par rapport à 2019, montant de 36,34% à 41,68%. Le Parti Social Démocrate (PSD) de centre-droite, qui espérait bien se refaire une santé, reste stable, passant de 27,76% à 27,80%. Un tel succès du PS n’était pas acquis d’avance, car le possible basculement du pays à droite restait envisageable.

Mais l’abstention a considérablement reculé, chutant de 51,43% à 42,04%. Les votes blancs sont passés de 2,51% à 1,15% et les votes nuls de 2,36% à 0,92%. Pour mémoire, en France, lors des législatives de 2017, au second tour, les bulletins blancs et nuls représentaient 9,86% des suffrages, et l’abstentionnisme s’élevait à 57,36%.

Le Premier Ministre António Costa peut maintenant se réjouir à plus d’un titre. La (re)mobilisation des électeurs lui a profité en apportant 338.447 voix supplémentaires au PS, alors que le PSD n’en a obtenu que 40.901 de plus qu’en 2019. Son parti a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée de la République. Mais il s’est empressé de préciser : « Une majorité absolue n’est pas un pouvoir absolu, ce n’est pas gouverner seul, c’est une responsabilité, c’est gouverner avec et pour tous les Portugais. » .

Mais si à droite, le Partido do Centro Democrático Social – Partido Popular (CDS-PP) perd du terrain en passant de 4,22% à 1,61%, c’est très certainement au profit de l’extrême-droite Chega qui, montant de 1,29% à 7,15%, gagne 317.717 électeurs, c’est-à-dire près de 6 fois plus qu’en 2019. Initiativa Liberal (IL), le parti libéral créé fin 2017, passe de 1,29% à 4,98% des suffrages. Chega et IL sont donc deux partis qui chercheront à se faire une plus grande place lors des prochaines échéances électorales, car ils se trouvent à l’issue de ce scrutin en troisième et quatrième position.

Quid de la gauche dite radicale et des écologistes ? Le Partido Ecologista Os Verdes (PEV), associé au Partido Comunista Português (PCP) pour former la Coligação Democrática Unitária (CDU), est tombé de 6,33% à 4,39%. Le Bloco de Esquerda (BE) a chuté de 9,52% à 4,39%. Le parti Pessoas–Animais–Natureza (PAN), dont nous avons précédemment pointé la tentative de stratégie du pied dans la porte, a reculé de 3,32% à 1,53%.

Observé depuis la France, et à quelques mois des présidentielles et législatives, ces résultats laissent songeur. Les partis et les candidatures ne manquent pas non plus au Portugal, mais là-bas, la gauche réussit à se maintenir, malgré les reculades de la coalition communistes-écologistes et du bloc de gauche. Quant aux socialistes, l’heure était à l’unité, car il y avait réellement péril en la demeure, et ça a très bien marché.

Mais il ne faudrait pas pour autant oublier que, si la droite est pour ainsi dire laminée, l’extrême-droite a le vent en poupe et le centre droite (PSD) qui arrive en seconde position à ces législatives, n’a pas hésité en octobre 2020 aux Açores, à s’allier avec la droite, les libéraux, les monarchistes et l’extrême-droite. Or, de ce scrutin, il ressort que l’extrême-droite et les libéraux ont progressé.

Donc, si António Costa ne veut pas gouverner seul, mais avec et pour tous les Portugais, il lui faudra entre autres dossiers, reconsidérer la question des rémunérations, car avec un salaire minimum national fixé à 705 €, les smicards portugais sont bien en dessous de leurs homologues français. Il devra aussi prendre plus en considération les propos de la gauche dite radicale, car reculade dans les urnes ne signifie pas disparition sur le terrain des luttes sociales.