Manque de main d’œuvre et incertitudes politiques…

… pèsent sur l’économie allemande.

Elle peut envisager les élections 2017 avec une certaine assurance - Angela Merkel. Foto: European People's Party / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Finalement, Angela Merkel ne s’en sort pas trop mal après l’attentat de Berlin : d’après les sondages, la CDU, à 31,5% des intentions de vote, n’aurait perdu que 1,5% de l’électorat qui, en cas d’élections, aurait envie de voter pour le parti chrétien-démocrate ! Le SPD, avec 20,5% d’intentions de vote aurait, quant à lui, perdu 1% !… Des pertes rattrapables dans l’un, comme dans l’autre cas.

Mais ces scores dans les sondages ne doivent pas faire oublier à la coalition au pouvoir que l’AfD progresse une fois de plus : en gagnant 2,5% dans les intentions de vote, elle risque de regrouper 15,5% des électeurs au moment où une majorité d’Allemands souhaite un changement dans la politique migratoire.

Mine de rien, Merkel a changé ! – Le débat migratoire s’est glissé au premier rang des préoccupations des électeurs : ce n’est pas un hasard si 65% des Allemands considèrent que l’année 2016 a été une mauvaise année sur le plan politique alors qu’ils sont 71% à considérer que sur un plan personnel, l’année a été bonne !

Et mine de rien, toujours pragmatique, la chancelière a déjà changé son fusil d’épaule ! Au congrès de la CDU à Essen, elle avait promis que la « situation de 2015 ne se reproduirait plus ». Et de fait, les contrôles sont plus stricts, les expulsions plus nombreuses. Et Berlin a initié un grand débat qui divise déjà les forces politiques (y compris au sein de la « grande coalition »). Le débat lance régulièrement la CSU bavaroise cotre la CDU, divise le gouvernement et déchire la coalition SPD-Verts-Linke qui vient de prendre les rênes de la Ville-Etat de Berlin !

Quand de Maizière dépose une… bombe ! – Au cœur des polémiques, le Ministre de l’Intérieur a placé une sorte de bombe : tirant la leçon des attentats, il a estimé que la coopération était insuffisante entre le « Bund » et les « Länder ». En matière de lutte contre le terrorisme, le « Bund » devrait l’emporter sur les « Länder ». Au besoin, il faudrait changer la constitution ! Inutile de dire que ce combat-là (si tant est qu’il sera réellement engagé) est très loin d’être gagné, mais il risque d’être… politiquement payant pour la chancelière !

Reste que si la sécurité intérieure devient prioritaire dans le débat électoral qui s’engage, la situation économique pèsera elle aussi. « L’Allemagne n’a jamais employé autant de monde » dans son message de Nouvel An, non dénué d’arrière-pensées électorales, Angela Merkel a confirmé que le marché de l’emploi se porte bien : en 2016, l’Allemagne comptait 43,4 millions d’actifs dans l’économie, 425.000 personnes de plus qu’en 2015, soit + 1% !

Le chômage n’a jamais été aussi bas ! – Le chômage n’a jamais été aussi bas depuis la réunification avec un taux de chômage de 5,7% (7,8% dans l’est du pays, 5,3% dans l’Ouest, 3,2% en Bavière, 3,6% en Bade-Wurtemberg (3,2% seulement dans l’Ortenau proche), 6,7% en Sarre et 4,8% en Rhénanie-Palatinat). L’industrie, en particulier, n’avait plus connu des effectifs aussi importants depuis 25 ans !

Gouvernement, Länder, milieux économiques (Chambres de Commerce et d’Industrie -avec leur programme « Arrivé en Allemagne », Chambres de Métiers, syndicats professionnels etc…) ont engagé une course de vitesse pour former, accueillir et intégrer autant de demandeurs d’asile que possible. Il s’agit de lutter (et ce ne sera sans doute pas facile) contre cette réalité : seuls 7% des entreprises allemandes ont, jusqu’ici, fait appel à des demandeurs d’asile, alors que tous les secteurs de l’économie se plaignent du manque de personnel qualifié !

50% des entreprises manquent de Personnel. – Une récente étude de l’équivalent de l’assemblée permanente des chambres de commerce (DIHK : Deutscher Industrie- und Handelskammertag) qui coiffe les 79 chambres de commerce et d’industrie allemandes) estime que le manque de personnel constitue un frein au développement voire à la compétitivité des entreprises : près de 50% des chefs d’entreprise estiment que le manque de personnel qualifié sera le grand problème des années à venir !

Une bonne conjoncture aiderait à dépasser les difficultés nées de l’arrivée des demandeurs d’asile : en cette année de renouvellement du Bundestag qui pourrait bien conduire à une reconduction… de la « Grande Coalition » faute de majorité pour se tourner vers une autre alternative ! Dans ce contexte, le climat économique ne pourrait que faire du bien à la majorité actuelle.

Malgré les craintes exprimées pour 2017 (mise en place de mesures protectionnistes aux Etats Unis, effets du Brexit, concurrence chinoise, craintes sur une dislocation de l’Union Européenne voire de l’Euro, risque de reprise de l’inflation), les sondages montrent que les chefs d’entreprise restent optimistes. Pour eux, les résultats de 2016 ont été, malgré tout, supérieurs aux craintes exprimées après un léger tassement cet été.

L’indice d’activité s’inscrit en hausse. – D’après le cabinet « Ifo – Institut für Wirtschaftsforschung » (Institut pour la recherche en Economie, relevant de l’Université de Munich qui a créé en 1972 un indice d’activité), l’indice d’activité n’a cessé de marquer des progrès depuis l’automne et tout porte à croire qu’il en ira de même dans les 6 mois à venir de 2017. Pour « Ifo », une part croissante de chefs d’entreprises industrielles estime qu’ils vont augmenter la production, le bâtiment n’a jamais connu un boom aussi important depuis la réunification et le climat des affaires dans le commerce de gros n’a jamais été aussi bon ces trois dernières années.

Pourtant 69% des Allemands interrogés pour « Die Welt », ont estimé -cela est révélateur d’un climat politique inquiétant- que les partis d’extrême-droite vont profiter des élections pour progresser en France, en Hollande et en Allemagne ! Angela Merkel devra se battre pour se succéder à elle-même. Mais faute d’alternative crédible, elle pourrait l’emporter au besoin par… défaut ! Mais les sondages ne sont que la photographie de l’opinion un moment donné : le sondage n’est pas l’élection ! Et Septembre est encore loin !

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