Manzanilla – Sanlúcar de Barrameda

Homonyme de la camomille, mais titrant en moyenne à 15° d’alcool, le manzanilla n’a absolument rien d’une tisane !

A Sanlúcar de Barrameda, la tienda et bodega « La Gitana », est une adresse incontournable pour les amateurs de manzanilla. Foto: Caleteron / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Bénéficiant d’une « Denominación de Origen Protegida (DOP) », équivalent de l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) française, leManzanilla – Sanlúcar de Barrameda est un vin blanc espagnol, moins connu hors de la Péninsule Ibérique que le Vino Verde portugais. Apprécié à l’apéritif, sa teneur en alcool fixée à 15° peut monter jusqu’à 17°, d’où la nécessité de ne pas en abuser, car servi frais (5 à 7°C), il se laisse très facilement boire.

Les origines du nom « manzanilla » sont multiples. Elles vont d’un cépage aujourd’hui disparu, car celui employé est le Palomino Fino, à la ville située dans la province andalouse de Huelva, en passant par la définition de ses arômes pour laquelle la camomille (manzanilla) le dispute à la pomme (manzana). En tout cas, le Manzanilla – Sanlúcar de Barrameda fait partie des célèbres vins de Jerez, commercialisés dans plus de cent pays du monde.

Autrefois livrés à Sanlúcar de Barrameda, où ils étaient stockés en attendant leur transport par bateaux vers le Nouveau Monde, les vins de manzanilla y ont connu des périodes d’attente dans de bonnes conditions, et donc propices à leur maturation. Dans la culture populaire, on dit aller à Gibraltar pour le tabac, à Sanlúcar pour le manzanilla et à Cadix pour le sel.

Prosper Mérimée fait référence à ce vindans « Carmen », publié en 1845 : « À l’entrée de la rue du Serpent, elle acheta une douzaine d’oranges, qu’elle me fit mettre dans mon mouchoir. Un peu plus loin, elle acheta encore un pain, du saucisson, une bouteille de manzanilla; puis enfin elle entra chez un confiseur. Là, elle jeta sur le comptoir la pièce d’or que je lui avais rendue, une autre encore, qu’elle avait dans sa poche, avec quelque argent blanc ; enfin elle me demanda tout ce que j’avais. Je n’avais qu’une piécette et quelques cuartos, que je lui donnai, fort honteux de n’avoir pas davantage. Je crus qu’elle voulait emporter toute la boutique. ».

La littérature espagnole mentionne le manzanilla à partir du XVIIIe siècle, et de nombreux écrits en parlent, comme par exemple ce poème de Manuel Machado Ruiz intitulé « La manzanilla », qui le dit joyeux et bon parce que son chant enchante le chemin. Il le qualifie de poème divin, le disant plus riche que le sucre (más rica que la de azúcar), soulignant ainsi son caractère sirupeux sans que sa teneur en hydrates de carbone le rendent pour autant écœurant. Le qualifiant d’aimable sirène (amable sirena), le poète écrit que son chant enchante le chemin (su canto encanta el camino).

Allant du Manzanilla Solear plutôt abordable, au Manzanilla Sacristía Sélection Ab pouvant atteindre des prix très élevés, ce vin est un incontournable du Sud de l’Espagne. Présent lors des festivités, il est pour ses versions les moins onéreuses, mélangé depuis quelques années à une limonade citronnée, pour donner un cocktail apprécié par les jeunes, appelé « Rebujito » et auquel est ajouté selon les variantes une feuille de menthe fraîche ou une rondelle de citron.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste