Marché de l’emploi : en attendant les changements démographiques

Au mois de mars 2015, le taux de chômage a encore une fois baissé dans l’Ortenau voisine. Ce qui ne peut rassurer que momentanément.

L'avenir économique du Rhin Supérieur dépendra d'une approche transfrontalière - les pros du marché de l'emploi l'ont compris depuis longtemps. Foto: AnRo0002 / Wikimedia Commons / CC0

(KL) – Comme presque tous les mois, l’Agence pour l’Emploi de l’Ortenau a annoncé une baisse du taux de chômage. Avec 300 chercheurs d’emploi de moins qu’au mois précédent, le taux de chômage se situe maintenant à 3,7% dans l’Ortenau (taux général dans le Bade-Wurtemberg 4,0%). Une bonne nouvelle, certes, mais il convient de regarder ces chiffres de plus près.

D’abord, en vue du contexte européen, ces chiffres traduisent avant tout les problèmes qui s’approchent en Allemagne à cause des changements démographiques. Il y a moins de chômeurs qu’ailleurs, car la population active en Allemagne se trouve en pleine décroissance. Ce qui engendre d’énormes problèmes pour les systèmes sociaux – de moins en moins d’actifs doivent assumer le coût d’un nombre croissant de retraités. Cette évolution, aucune mesure politique ne peut la changer. Les conséquences pour l’économie allemande seront graves car de nombreuses PME-PMI qui constituent la base de l’économie allemande, ne pourront plus traiter les commandes à cause de collaborateurs manquants. Ce qui relativise un peu la joie par rapport à ces chiffres.

Deuxième bémol – les chiffres ne sont que les chiffres. Une particularité du système allemand veut qu’on enlève les chercheurs d’emploi considérés comme «impossibles à placer» (donc, les plus de 55 ans, les peu qualifiés, etc.) de ces statistiques pour les «gérer» dans d’autres services. Dans l’Ortenau, ce service s’appelle «Kommunale Arbeitsförderung» qui lui, gère actuellement 4530 dossiers. Qui ne figurent pas dans les chiffres du chômage officiels. Considérant que le nombre de chercheurs dans l’Ortenau s’élève à 8723 personnes, ces 4530 dossiers constituent un nombre non négligeable qu’il faudrait, en principe, ajouter – ce qui changerait déjà le taux de chômage.

Ajoutez à cela les personnes qui se trouvent dans des mesures ou petits boulots proposés par l’ANPE allemande (dès qu’un chercheur d’emploi entre dans une «Arbeitsbeschaffungsmassnahme» – ABM ou qu’il participe à un programme de qualification professionnelle, il disparaît des statistiques de l’emploi) ou encore ceux qui ne font pas confiance au système et qui ne s’inscrivent pas à l’ANPE – et du coup, ces chiffres en deviennent moins mirobolants.

Ce qui ne change pas grande chose au vrai problème qui attend les Allemands – l’inversion de la pyramide d’âge des Allemands. L’Allemagne manque de plus en plus de jeunes et les différents programmes visant à attirer des jeunes hautement qualifiés, ne fonctionnent pas très bien.

En ce qui concerne le Rhin Supérieur, il faut toutefois constater que les professionnels du marché de l’emploi, dans les trois pays qui forment cette région, font ce qu’il faut. Ils travaillent, main dans la main, en vue d’un marché de l’emploi transfrontalier qui apporte des réponses pragmatiques aux différents problèmes que l’on rencontre dans les sous-régions du Rhin Supérieur. S’il faut encore convaincre certains politiques qui craignent que «l’Alsace ne devienne le vivier pour les entreprises badoises et bâloises», force est de constater que ces mêmes politiques ne sont pas en mesure de créer un nombre de postes suffisant pour réduire le chômage en Alsace, au contraire.

L’avenir économique du Rhin Supérieur passera forcément par une approche transfrontalière, une approche déjà lancée depuis un bon moment par les professionnels du marché de l’emploi qui eux, heureusement, ont une vision des choses bien moins étriquée que certains politiques locaux et régionaux…

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