Même combat…

Pendant que les opposants du GCO ont été évacués, le même combat a lieu dans la forêt d’Hambach près de Cologne. Les opposants au défrichage allemands sont largement plus militants qu’en France.

Avec cette réponse aux questionnements des citoyens, l'état n'apaisera pas la situation, ni en France, ni en Allemagne. Foto: https://aktion-unterholz.org

(KL) – Il s’agit de la plus grande action policière que le Land de la Rhénanie du Nord-Westphalie aitjamais vu. Dans la forêt d’Hambach près de Cologne, vieille de 12000 ans, le géant énergétique RWE va détruire la quasi-totalité de cette forêt pour y extraire du charbon destiné à alimenter les centrales énergétiques les plus polluantes. Pourtant, l’Allemagne avait déclaré, dans le cadre de la transition énergétique, vouloir sortir non seulement du nucléaire, mais aussi du charbon considéré comme une « ressource énergétique de transition ». Néanmoins, RWE construit de nouvelles centrales à charbon et a donc besoin de charbon. Pour mettre en œuvre cette exploitation, la Forêt d’Hambach doit donc disparaître. Pour empêcher ce défrichement irréversible, des défenseurs de l’environnement avaient construit, depuis quelques années déjà, plusieurs villages de cabanes dans cette forêt – en moyenne à une hauteur de 25 mètres dans les arbres. De plus, ils avaient creusé des galeries souterraines pour s’y défendre contre l’évacuation de ces villages. L’action policière a commencé jeudi et les milliers de policiers peinent à accomplir leur mission – la résistance est forte.

En 4 jours, la police a difficilement évacué 18 des plus de 50 cabanes et l’action risque de durer encore plusieurs jours. Si un commando a réussi à convaincre des manifestants de sortir des galeries souterraines qui menaçaient de s’effondrer, l’évacuation des cabanes en hauteur pose problème. Mais ce qui pose encore davantage problème, c’est que cette action policière attire l’attention de l’Allemagne entière sur la Forêt d’Hambach et les agissements de RWE ; et cette publicité dérange. Car les forces de l’ordre agissent avec une grande violence dans le but de permettre à RWE de commettre un « crime environnemental ». Les parallèles entre ce scandale et celui du GCO sont frappantes.

Les affrontements entre l’Etat et ses citoyens et citoyennes pose des questions fondamentales sur le fonctionnement de nos Etats. En Allemagne, 75% de la population demandent un arrêt immédiat de la construction de nouvelles centrales à charbon. Et à un moment où les énergies renouvelables produisent de telles quantités d’énergie que l’Allemagne en exporte, la construction de nouvelles centrales à charbon ne sert qu’un objectif : gagner de l’argent. Et pour cela, les administrations, tribunaux, grands financiers et le monde politique agissent contre la volonté exprimée des citoyens et citoyennes et imposent leurs décisions, qui ne servent qu’une poignée d’actionnaires et ce, avec une grande violence.

Les images se ressemblent terriblement. D’un côté, des citoyens et citoyennes qui manifestent dans des formes parfaitement paisibles, de l’autre côté les représentants de l’Etat en tenue de combat, agressifs, gazant citoyens, journalistes et élus. Le grand capital manie bien ses marionnettes en uniforme ; il est prêt à blesser et incarcérer ceux qui font entendre la raison.

Raser la Forêt d’Hambach pour profiter des derniers jours d’une technologie vétuste et responsable de grands dégâts climatiques, détruire un biotope vieux de 12 000 ans, priver les générations actuelles et futures de ce « poumon vert » extrêmement important à proximité de la région de la Ruhr très urbanisée, constitue effectivement un « crime environnemental ».

La violence policière n’est que l’expression d’un dysfonctionnement généralisé de nos sociétés, que ce soit en France ou en Allemagne ou ailleurs. Nous assistons à un changement fondamental – la démocratie, donc le pouvoir du peuple, n’existe plus que sur le papier. Ce sont les grands capitaux, les fonds d’investissement et les lobbys qui décident et imposent leurs projets sans se soucier pour le moins de ce qu’en pensent les citoyens et citoyennes.

La nouvelle exploitation charbonnière dans ce qui aura été la Forêt d’Hambach est aussi insensée que la construction d’une autoroute dont l’objectif n’est même pas de délester la circulation. Seuls les actionnaires de RWE et de Vinci profiteront de ces « crimes environnementaux » et le clivage entre les états et leurs citoyens ne cesse de s’approfondir. Mais quel est le rôle d’un Etat qui fait violence à ses citoyens pour imposer des projets qui ne profitent qu’à une poignée de personnes riches, en détruisant des trésors environnementaux qui théoriquement, devraient appartenir à tous ?

A Kolbsheim, c’est le même combat qu’à Hambach. Et ce combat ne se termine pas sous les coups de matraque et le gaz lacrymogène de la police, mais il ne fait que commencer. De plus en plus de personnes se rendent compte que le capitalisme sauvage, le libéralisme post-démocratique sont des concepts qui conduisent cette planète vers une catastrophe qui a déjà commencé. Sommes-nous en train de vivre la fin du capitalisme ? Sera-t-il assez fort pour se réformer rapidement depuis l’intérieur ou sera-t-il balayé le jour où les citoyens et citoyennes se décident d’employer les mêmes moyens que ceux qui défendent l’indéfendable ?

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